Le bonheur tient presque dans 200x112 pixels
- Éditeur WayForward Technologies
- Développeur Canari Games
- Sortie initiale 30 mars 2023
- Genre Plateformes
Ha ! Les bons souvenirs des jeux de plateforme narratifs d'antan, dotés d'une gestuelle si réaliste avec quelques pixels seulement... Lunark pioche allègrement dans cette délicieuse époque pour nous proposer une aventure épique, entrecoupée de cutscenes qui auraient fait le bonheur des joueurs Megadrive. Et c'est l'occasion de découvrir un fait scientifique : notre cerveau occulte les souvenirs douloureux. Car oui, à l'époque, la terrible mécanique du die & retry faisait foi et naturellement, Lunark n'y coupe pas. Aïe aïe aïe, est-ce qu'en 2023 cette sauce n'a pas légèrement tourné ? Voyons voir cela...
L'histoire
Le principe
Ne rien lâcher : l'adage du titre.
En vue de coupe, vous déplacez donc votre héros de plateforme en plateforme dans des mouvements d'une fluidité quasi humaine. La contrepartie : les réactions du perso ont un léger temps de latence, comme nous dans la vie. S'arrêter net n'est pas possible, de même qu'enchaîner deux sauts. Il vous faut donc réaliser les actions au coup par coup, marquer le temps d'arrêt nécessaire – sinon notre héros se trouve emporté dans son élan. Et qui dit plateformes dit chute. Dans Lunark, vous mourez, beaucoup. Cela fait partie du jeu : mourir et recommencer. Ce qui ne poserait pas de soucis si les adultes que nous sommes n'étaient pas devenus flemmards au point de se débiner devant un niveau complet à recommencer.
Pour qui ?
La classique traversée de la discothèque de tout film ou jeu d'action qui se respecte.
Mais si cette aide est appréciable, Lunark ne prend pas en compte un fait pourtant évident : il nous arrive, nous autres joueurs, de parfois devoir quitter le jeu en plein niveau, pour, au hasard, s'occuper de nos enfants, passer à une autre activité ou tout simplement changer de jeu. Lunark ne l'autorise pas. Quitter un niveau, c'est faire une croix sur sa progression avec les points de sauvegarde temporaires. Et plus vous avancez dans le jeu, plus les niveaux sont longs et ardus, ce qui implique de prévoir une session de deux bonnes heures pour terminer le dernier niveau. Et sincèrement, à moins d'être célibataire nullipare ou de laisser sa Switch en veille sur le jeu sans en changer (bon courage si vous avez des enfants), qui peut se le permettre ?
L'anecdote
Un jeu entièrement fait à la main.
Et concrètement, plus j'en connais sur le travail accompli, plus je souffre des quelques éléments qui font que Lunark manque à peu de choses près le titre d'un jeu d'exception comme, sur les mêmes bases, The Eternal Castle [Remastered] y était parvenu.
- Tout est géré parfaitement, à l'ancienne
- Les animations, les cutscenes
- L'ambiance, le son
- Redistribuer les touches à sa façon sur la manette
- Les points de sauvegarde trop éloignés
- Quitter le jeu = perdre la progression du niveau
Quel tiraillement. D'un côté, plonger dans Lunark c'est toucher du doigt la nostalgie des hits de notre jeunesse, dans un style parfaitement maîtrisé, avec tous les ingrédients d'un succès garanti : ambiance, musique, l'envie insatiable d'avancer dans l'histoire, le challenge du pixel perfect, une difficulté de progression en cours de jeu bien dosée... Et de l'autre, l'épuisement du die & retry l'emporte peu à peu sur le reste, couplé à des points de sauvegarde qui se comptent sur les doigts d'une main amputée – avec comme couperet fatal l'impossibilité de quitter le jeu sans recommencer ensuite le niveau complet. En 2023, cela a définitivement plus de mal à passer qu'en 1993. Une mise à jour sans cette contrainte et la note double.