Je boirai tout le Nil
- Éditeur DotEmu
- Développeur Triskell Interactive
- Sortie initiale 15 févr. 2023
- Genre Gestion
Tour Eiffel, Golden Gate, Taj Mahal : des crottes comparées à la pyramide de Khéops ou au phare d'Alexandrie. Certes ces Merveilles du monde ont souffert, elles, mais justement : les Bretons de Triskell Interactive et leur éditeur Dotemu vous proposent de les rebâtir comme neuves. Ils ont eu un appétit de barracuda avec Pharaoh : A New Era, remake de Pharaoh et de son extension, Cleopatra : Queen of the Nile, sortis en... 1999 et 2000. Ouch.
L'histoire
Djehuti ? Qu'Anubis dévore son foie pour l'éternité, il avait des crocodiles dans les poches celui-là. Il a rogné sur tout : les pompiers, les architectes, les policiers (il crache par terre). Il aurait pu tenir si les dieux ne l'avaient pas foudroyé à force d'ignorer leurs pop-ups colériques. Dans sa mesquinerie, que Toutânkhamon vive mille ans, ce mécréant de Djehuti avait négligé leurs temples et leurs fêtes. 469 debens seulement pour une petite fête commune et sa vieille carcasse serait toujours là. Venez, venez Votre Sérénité, voici Iah le chef du chantier, il attend des briques pour finir la mission en cours. Où en étions-nous... ? Ah, c'est le dieu Ptah qui a eu la peau de Djehuti : le grenier s'est effondré sur sa tête en pleine inspection, on aura perdu un pingre et tout notre stock de pois chiches. Comme quoi les dieux ont aussi de l'humour, Votre Sagacité. Puissiez-vous bâtir la grande pyramide de notre bien aimé Pharaon à temps et en ayant appris de leurs funestes erreurs... ! Voici Iah, vous êtes entre de bonnes mains. Adieu, les scribes attendent leur école, l'encyclopédie est loin d'être finie... Les Grands Architectes comme vous en sont réduits à googler des aides en ligne qui datent de 1999 AVJC – quelle infamie. N'oubliez pas les briques, Votre Magnificence ! Et les temples !
Le principe
Les calques permettent de voir quels bâtiments sont privés de services (eau, soins, etc.).
Alors vous commencez à construire des maisons, des taudis aux besoins primaires. Vous faites l'erreur classique : des blocs à l'américaine, alternant résidences et services. Vous cherchez la nourriture : les berges fertiles du Nil, un casse-tête à aménager vu que les routes ne passent pas partout. Vous suivez docilement le tutoriel revu et corrigé en installant les greniers à proximité. Une demi-heure passe, puis une heure, vous gérez un incendie et un début d'épidémie (détruire le bâtiment contaminé règle temporairement le problème). Vous avez oublié votre objectif de mission depuis longtemps : créer une école de scribes. Vous bâtissez les temples pour que les dieux arrêtent de vous envoyer des malus, acceptez une ligne de crédit car oups, vous étiez dans le rouge, et vous en êtes à ajouter des statues de chat et des jardins à votre gloire quand un vilain pop-up s'affiche : game over. Moins cinq mille debens. Hein ? Quoi ?
Le gameplay
Mes toilettes privées, 150 hectares. Je ne suis pas Alexandre Le Grand pour rien.
Elle attendra la chafouine. Et allez, une épidémie à gérer. Tiens d'ailleurs, ce quartier bourgeois avec des temples, des jongleurs et des statues est devenu un squat. Vérifions les calques... Horreur. Vous avez dépassé la limite des sacro-saintes 40 tuiles. Multiplié les blocs. Les intersections. Bilan ? Les architectes ne visitent plus les quartiers nord, pareil pour les médecins, les pompiers n'en parlons pas. Vous devez raser un bloc pour construire casernes et pharmacies. Oui mais voilà : les dépenses galopent, les rentrées d'argent se tarissent. Vous entendriez presque le souffle rapiat de Djehuti sur votre nuque. Allez-vous finir comme lui, enseveli sous les décombres et les pois chiches pour avoir négligé tel dieu, tel service faute de debens... ?
L'interface
Les écrans Ultrawide ne sont pas supportés au lancement. Merci les mods.
Autant de questions qui vous obligent à multiplier les clics sur des calques, des chefs voire même des bâtiments. Si l'interface a été simplifiée et que les Français de Triskell Interactive ont abattu un boulot monstrueux, certains archaïsmes de 1999 demeurent. Malgré la quinzaine d'améliorations fonctionnelles et optionnelles visant à alléger la micro-gestion (recrutement simplifié, copié-collé de bâtiments, etc.), il est impossible de lutter avec des jeux vendus trois fois plus chers et ayant bénéficié du travail de centaines de développeurs. Soyez-en conscient : Pharaoh : A New Era convoque les souvenirs du passé avec des visuels entièrement retravaillés par de talentueux artistes, dont le directeur artistique Guillaume Rousselot et la graphiste Leslie Bigo. Des souvenirs sublimés qui ont tendance à faire oublier que les city builders rustiques d'antan n'ont bien sûr pas le confort des modèles dernier cri d'aujourd'hui.
Pour qui ?
Les batailles automatisées ne reposent que sur la production. Vivement des améliorations (prévues).
L'anecdote
Plus vous multipliez les intersections, moins vos services sont efficaces.
- L'Égypte antique, sublimée
- Des mécaniques de gestion indémodables
- Un bon rythme et des nouveautés régulières
- Énorme durée de vie avec 50 missions et un bac à sable
- L'interface améliorée garde des archaïsmes de 1999
- Des batailles automatiques ternes, en attendant les patchs
Quel bonheur. Pharaoh : A New Era nous replonge tête la première dans le pot de confiture, quand les city builders n'avaient pas peur d'innover et de jouer la carte du dépaysement. De s'émanciper des jeux de stratégie si populaires, quitte à marcher maladroitement sur leurs plates-bandes avec des combats simplifiés. La petite équipe de Triskell Interactive a fait un travail formidable sur les graphismes et les mécaniques de jeu pour rendre aux cinquante missions du jeu original et de son extension leur lustre original. Comme Command & Conquer Remastered, c'est un must pour les fans indécrottables du hit de 1999.