Test | New Joe & Mac : Caveman Ninja
09 déc. 2022

Crocs pas mignons

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New Joe & Mac : Caveman Ninja

Ressuscité du fin fond des cavernes préhistoriques des années 1990, New Joe & Mac : Caveman Ninja reprend le nom d'un jeu iconique de l'époque arcade, porté dans la foulée sur Super Nintendo et Megadrive dans une version plus accessible. Savamment équilibré et bourré d'humour, il fait peut-être partie de vos souvenirs émus de cette époque dédiée à l'âge d'or du jeu de plateforme. Le studio Mr Nutz aux commandes de cette nouvelle mouture a fait un choix radical : reprendre la mécanique arcade, diablement plus corsée que le portage console. L'équivalent de chasser le mammouth au cure-dent. Aiguisez vos silex, vous n'êtes pas prêt pour la vie préhistorique.

L'histoire version 2022

Joe et Mac sont deux hommes de Cro-Magnon aux prises avec les vilains néandertaliens qui ont enlevé leurs femmes respectives. Dans un anachronisme total mais amusant, ils partent au combat contre cette tribu de sauvages dans une jungle peuplée de dinos diablement affamés. À coups de haches, boomerangs, roues de pierre, fioles enflammées, améliorant au fur et à mesure votre attaque, vous tentez de venir à bout de vos ennemis dans ce beat them all jurassique, tandis que des morceaux de pizzas ou des fruits vous revigorent au passage. Ça, c'est le pitch de base qui a fait le succès du jeu sur arcade et console en 1991, conservé tel quel dans New Joe & Mac : Caveman Ninja sans aucune idée progressiste telle que, tiens : si on échangeait les rôles de l'un des personnages pour avoir une héroïne ? Le titre propose deux modes de jeux : "Arcade", qui reprend le level design originel des salles de jeux, et "Extend" qui... n'est pas un autre mode de jeu, mais des niveaux inédits.
L'arcade avait un objectif : aspirer toute votre monnaie le plus vite possible

La mécanique revisitée

Quelques instants avant un énième game over.

Les premières parties de New Joe & Mac : Caveman Ninja sont douloureuses. Soyez rassuré : les suivantes aussi. Après quelques minutes de jeu, vous ne comprenez pas comment votre personnage a pu mourir aussi vite. Quoi, déjà ? Il y a erreur ! Vous scrutez alors fébrilement votre barre de vie. Et là, non, vous ne rêvez pas : elle diminue toutes les quelques secondes ! Votre personnage a tout simplement besoin de manger constamment pour survivre. Ce qui implique que vous avez pour obligation de battre tous les ennemis autour de vous pour récupérer les victuailles qu'ils vous abandonnent, là où le titre Super NES permettait d'éviter quelques combats en guise de répit. Résultat, vous vous retrouvez dans un beat them all / survival de l'enfer où les ennemis pullulent, certains vous envoyant des cailloux vous faisant perdre un tiers de votre vie. Ça n'est pas avec cette difficulté que votre espèce a une chance de survie.

Autre aspect qui le distingue de son ancêtre console, chaque mort est définitive. Le Caveman Ninja : Joe & Mac de 1991 avait introduit le principe très malin du continue après une mort : un ange remplaçait votre personnage et vous aviez quelques secondes pour le replacer en jeu à l'endroit qui vous arrangeait. Fidèle à la version arcade où le but était de vous faire cracher votre argent de poche, New Joe & Mac : Caveman Ninja conserve ainsi une difficulté incroyablement élevée. À deux joueurs, le principe reste identique mais la punition est partagée : vous avez la chance de bénéficier d'un respawn en jeu, tant que votre acolyte ne meurt pas d'un coup de fémur de diplodocus. Ce qui permet, enfin, de dépasser le premier niveau mais non sans peine.
Un gameplay qui rend fou

Pour qui ?

Supplément cœlacanthe s'il vous plaît sur la pizza.

New Joe & Mac : Caveman Ninja pourrait s'adresser à des hardcore gamers à la recherche de défis millimétrés. Cela serait valable si le titre ne souffrait pas d'une jouabilité handicapée par un choix de touches pour le coup préhistorique. Le bouton B permet de sauter (notez au passage qu'il n'est pas possible de changer les touches, ce que le titre console autorisait) mais il faut diriger le stick vers le haut puis l'orienter dans une direction pour effectuer un double-saut : une mécanique qui se comprend si vous êtes équipé d'un stick arcade, mais c'est loin d'être le cas pour le commun des joueurs. Le test sur Switch de junior, 4 ans, a été sans appel : figure trop compliquée pour lui, lui faisant abandonner tout espoir de dépasser deux écrans. Il en va de même pour les armes, dont le jeté reprend les directions verticales et horizontales d'un stick, sans mouvement en diagonale : une particularité rétro qui n'aide pas à s'immerger dans le jeu.

De plus, New Joe & Mac : Caveman Ninja souffre d'une comparaison immédiate avec le portage console puisque le titre est disponible dans la ludothèque Super NES sur Switch. Relancer Caveman Ninja : Joe & Mac version accessible c'est redécouvrir une grotte de Lascaux oubliée, bourrée de détails et remarquablement bien construite, abandonnant la vicissitude de l'arcade au profit d'une progression bien dosée. Très difficile d'en dire autant de son petit-fils, qui en plus voit sa difficulté revue à la hausse : avec davantage d'ennemis que dans la version arcade, New Joe & Mac : Caveman Ninja s'adresse aux joueurs qui n'attendent plus rien de la vie.
Fuyez, pauvres fous !

L'anecdote

Non.

Je vais être honnête avec vous : je n'ai pas réussi à terminer le premier niveau, que ce soit en mode "Arcade" ou dans les niveaux nouvelle version. Avec tous les os que mon personnage laisse sur ces terres paléolithiques, les archéologues vont avoir de quoi étudier ma vie, mon œuvre, et surtout mes échecs sous toutes les coutures. Quand je parviens ENFIN au combat contre le premier boss, ce terrible dino, il arrive systématiquement un moment où soit je meurs de faim faute de nourriture disponible, soit d'un coup de boule d'un néandertalien vomi par le carnassier jurassique. Il n'y aucun fun dans tout cela, et si je n'avais pour obligation de réaliser un test fouillé et objectif, j'aurais abandonné le titre depuis longtemps.

C'est malheureusement ce qui est arrivé à Junior, 4 ans, mon fidèle co-testeur. Junior est un habitué de Caveman Ninja : Joe & Mac de 1991, dispo sur la console virtuelle Switch. Ensemble, on parcourt les niveaux, je l'aide sur quelques passages un peu pointus et il balance des os à tout va aux néandertaliens. Il commence le dino et je le termine tranquillement. Et quand il meurt, il replace son personnage transformé un temps en ange en lieu sûr, le temps de repartir d'attaque. Rien de cela ne se produit pour lui dans New Joe & Mac : Caveman Ninja : les échecs au bout de quelques pas s'accumulent, la frustration grandit, imparable, avant de lui faire totalement abandonner le jeu : « Je préfère l'autre, celui-ci est trop difficile, c'est pas très amusant. » Je n'aurais pas mieux résumé, sauf que j'ai 39 ans.
Comment gâcher tout le fun hérité du titre consoles
Les Plus
  • Un excellent rappel que la vie, c'est pas si facile
Les Moins
  • La prise en mains antédiluvienne
  • L'absence de difficulté réglable
  • Les touches non repositionnables
  • Le système de faim du personnage
  • La difficulté inadaptée à notre confort de joueurs de canapé
  • La frustration l'emporte sur le fun
Résultat

Contrairement aux apparences d'un look cartoon, New Joe & Mac : Caveman Ninja ne s'adresse pas aux enfants. Il ne s'adresse pas non plus au commun des adultes, suite au choix radical de s'appuyer sur la version arcade et de la rendre encore plus hardcore, plutôt que de reprendre le portage console plus accessible. Maniabilité d'il y a 30 ans, difficulté de l'enfer, mécanique perverse de la faim qui vous fauche au bout de 200 mètres de marche : impossible de dépasser le premier niveau au bout d'une heure d'acharnement. Si la vie préhistorique était aussi dure que ce jeu, je serais mort au bout de 15 secondes.

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