Ethan Van Helsing cherche Rosemary baby désespérément
Après un retour réussi aux sources horrifiques de la saga dans Resident Evil VII, Capcom invoque cette fois-ci des éléments du quatrième épisode pour proposer avec Resident Evil Village une aventure un peu plus riche en action. Ethan Winters, héros malgré lui de l'épisode 7, est de retour et troque un bayou poisseux et glauque à souhait pour un village montagnard glaçant et peuplé d'humains plus très humains en tous genres. Toujours en vue subjective, cette suite est-elle à la hauteur de son aîné ou souffre-t-elle trop de la comparaison ? Spoiler alert : la réponse A.
L'histoire
Très vite, Ethan se rend compte que sa fille est aux mains d'une bande assez folklorique composée de quatre lords : Lady Alcina Dimitrescu, sorte d'Élisabeth Báthory de plus de deux mètres ; Heisenberg, un homme à cheval entre Magneto et le professeur Frankenstein qui est à la tête d'une armée de lycans ; Moreau, sorte de mélange bâtard entre le dernier rejeton du dieu lovecraftien Dagon et de la Créature du lac noir ; et enfin Donna Beneviento, une marionnettiste dont les poupées n'ont rien à envier à Chucky. Croyez-le ou non, mais les membres de cette bande atypique sont frères et sœurs et obéissent plus ou moins à leur mère, Mother Miranda. L'accueil que vous réserve cette joyeuse famille recomposée est si chaleureux que vous n'avez qu'une envie : le leur rendre au centuple. Bienvenue dans le Village des Ombres.
Le principe
Mais comment ce symbole a-t-il bien pu finir là ? Vous avez cinq heures.
Rien de très neuf sous le soleil donc, la mécanique du jeu ne réinvente pas la franchise et perd même un pan non négligeable comparé à l'opus précédent avec l'absence totale de PS VR. Là où Resident Evil Village tire véritablement son épingle du jeu réside dans son rythme soutenu et enrichi d'un bestiaire varié. En ajoutant le folklore européen (vampires, lycans et autres variants) à son fond de commerce habituel composé de zombies et de goules, Capcom arrive à maintenir un rythme soutenu à travers les différentes zones que vous devez explorer. De nombreux sous-boss vous attendent, parfois obligatoires, d'autres fois optionnels pour peu que vous ne cherchiez pas à retourner chaque centimètre carré du territoire explorable, et pimentent l'aventure d'Ethan. Néanmoins, à l'instar des griffes de Lady Dimitrescu, ce rythme a un double tranchant : arrivé à mi-parcours, le jeu qui reposait jusque-là sur un équilibre habile alternant action et survie plonge sans hésiter dans l'action et laisse bien plus de place à la poudre qu'à la peur. Un parti pris pouvant décevoir certains mais qui souligne de manière cohérente le fait que ce huitième opus canonique est, sur bien des points, un mélange des épisodes quatre et sept.
L'ambiance
Une maison adossée à une cascade : village damné ou non, c'est un goal de vie.
Si cette mécanique déjà vue et revue peut parfois sembler s'essouffler, il n'empêche que l'ambiance et le scénario de ce huitième opus fournissent une expérience de jeu solide et intéressante. À noter également que le Resident Evil Engine fait encore des prouesses en nous offrant des panoramas sublimes à tomber et des environnements superbement modélisés. Tout est une affaire de détails dans Resident Evil Village et l'on sent que les développeurs ont bossé énormément pour fournir une ambiance unique à chaque zone et même à chaque bâtiment. L'ambiance alarmante et inquiétante du village ressort autant de ces repas abandonnés dans la précipitation par les villageois que dans les hurlements des lycans affamés. Ces couloirs exigus étouffants, ce tableau qui se décroche lors de votre deuxième passage, ces bougies qui s'éteignent brusquement, ces peintures qui semblent vous suivre du regard... les décors de Resident Evil Village sont une franche réussite et leur modélisation impeccable contribue à vous immerger encore plus.
Pour qui ?
Oui bon soit... shut up and take my money !
L'anecdote
Quelques instants avant le moment fatidique...
- Visuellement superbe et gorgé de détails
- L'ambiance, très réussie et riche
- Des boss et des sous-boss intéressants
- Un terrain de jeu plus grand que précédemment et proposant des zones bien variées
- La maison Beneviento
- Généreux en contenu
- Une balance peur/action dans un premier temps bien équilibrée
- Un épilogue mystérieux qui laisse place à beaucoup d'attentes pour la suite
- Le passage dans le château de Dimitrescu, un peu court pour un édifice aussi imposant !
- Une structure parfois trop calquée sur celle du 7
- Pas de réalité virtuelle
- Le virage très (un peu trop ?) action à la moitié du jeu
À bien des égards, Resident Evil Village surpasse son prédécesseur direct. Solide dans sa structure (même si elle est identique à celle de son aîné), joliment dosé entre action et survie avec des combats plus intéressants que dans Resident Evil VII, magnifique visuellement et proposant plusieurs moments intenses et horrifiques marquants, ce nouveau jeu de Capcom est une réussite. Toutes les attentes d'un survival horror en caméra subjective sont atteintes et l'expérience de jeu, bien qu'assez proche structurellement de celle éprouvée lors de Resident Evil VII, se retrouve étoffée d'une ambiance originale, fouillée et diablement convaincante. Ressentir autant de répulsion que de fascination pour les antagonistes qui se dressent devant nous est gage de succès. Hâte de voir ce que l'épisode suivant nous réservera, notamment avec cet épilogue !