Noir c'est noir
- Éditeur Sony Interactive Entertainment
- Développeur Insomniac Games
- Sortie initiale 19 nov. 2020
- Genres Action, Aventure
Quand il n'y a plus d'espoir : violences, milices, fresque murale Black Lives Matter en jeu... Marvel's Spider-Man : Miles Morales tourne le dos à la Terre-1610 pour nous renvoyer à l'actualité dans ce qu'elle a de plus tragique. Un parti pris étonnant quand on connaît l'amour des développeurs pour le matériau original, qui laissait espérer beaucoup plus de folie et de délires – à l'image du film d'animation Spider-Man : New Generation.
L'histoire
Le principe
Vous pouvez combiner les deux nouveaux pouvoirs pour un max de dégâts : invisibilité et bio-énergie.
La difficulté est inférieure à celle des DLC La Ville qui ne dort jamais du précédent jeu. Les ennemis les plus coriaces y sont moins nombreux, même dans la dernière mission. Les Quick Time Events sont impossible à rater – le jeu se mettant sur pause au besoin, façon Marvel's Avengers. Et les boss sont faciles : même si vous perdez, vous revenez full life à l'étape où vous en étiez, avec l'armure fracturée de Rhino le laissant vulnérable à vos attaques bio-électriques par exemple. Couplées aux vies infinies, ces sauvegardes permissives rendent le jeu très court : 6 h environ pour un premier run, cinématiques comprises. Moins si vous tentez le New Game+.
Le gameplay
L'invisibilité facilite l'infiltration (ou la fuite).
Reste le gameplay bien rodé. Virevolter dans New York est incroyablement satisfaisant : les mouvements de base sont faciles mais le jeu réserve quand même une belle courbe de progression. Prendre de la hauteur ou de la vitesse n'est pas si simple, malgré l'ajout des pouvoirs Venom utilisables en pleine course. Et surtout en plein combat. Les combos permettent de recharger une barre de bio-électricité qui immobilise les ennemis. À condition d'investir de l'XP dans les compétences Venom, vous pouvez facilement contrôler les groupes ennemis – enfin, jusqu'à ce que certains adversaires munis de boucliers capables de contrer ces attaques ne viennent vous ralentir. L'autre pouvoir est l'invisibilité, très pratique pour visiter une scène de crime à la recherche d'indices en évitant la police, ou pour se transformer en Batman : Arkham Knight. Marvel's Spider-Man : Miles Morales reprend les combos et les esquives de son ancêtre (de 2015, déjà) et se pose en digne successeur des meilleurs Rocksteady.
La version PS5
Le ray tracing n'est pas flagrant, à moins de marcher dans les rues ou de ramper sur les façades.
Reste la DualSense, assez mal exploitée par rapport à Astro's Playroom et WRC 9, les deux références du lancement. Les vibrations manquent de subtilité, les attaques spéciales de pêche, les acrobaties d'imagination... Une impression de portage DualShock 2 basique. Heureusement le jeu est magnifique, les textures superbes. Les animations géniales trahissent la jeunesse et l'inexpérience de Miles. Sans oublier les effets spéciaux qui rendent si bien avec le mode Photo. Une vitrine tech de ce que peuvent faire les exclus Sony, et un nouveau coup de canif dans les productions Microsoft – pauvre Halo Infinite.
Un mot enfin sur Marvel's Spider-Man Remastered qui bénéficie de cette technique irréprochable. Et qui vous donnera envie de faire les DLC ou de platiner le jeu. Les sauvegardes PS4 vers PS5 sont enfin compatibles après bien des déboires, vous forçant quand même à patcher le jeu PS4, puis à exporter votre sauvegarde dans le menu principal sur PS4, avant de l'importer depuis le Remaster PS5 – on a connu plus simple, avec le Smart Delivery concurrent au hasard. Malgré le bad buzz, le changement de visage de Parker passe très bien. Il rend toujours justice à son histoire d'amour régulièrement contrariée avec Mary Jane et à son amitié trahie avec le Docteur Otto Octavius. Des émotions que l'on retrouve clairement dans Marvel's Spider-Man : Miles Morales, la famille y étant très présente aussi – entre affection et déceptions, là encore.
Pour qui ?
La tenue New Generation donne des mouvements volontairement saccadés en hommage au film d'animation.
L'anecdote
Les violences policières sont régulièrement suggérées avec Roxxon, mais jamais assumées.
Marvel's Spider-Man : Miles Morales est un jeu faussement engagé. Son casting est constitué d'Hispaniques et de Noirs qui se démènent contre la méga corporation Roxxon et son CEO transparent, Simon Krieger. Un méchant pathétique dont les milices privées enchaînent les bavures. C'est un Blanc, le seul du jeu. Chacun jugera le scénario selon ses sensibilités. Personnellement, sans parler pour la rédaction dans son ensemble, j'ai été déçu par cette approche. Sans son costume, Miles Morales vit dans une bulle où tout le monde l'aime, lui claque des high fives dans la rue, le tout dans un Harlem idéal et caricatural. Pourquoi ne pas nous avoir montré Miles sans costume harassé par la police ? Fouillé dans la rue ? Brutalisé même ? Défendu par sa mère, candidate aux prochaines élections municipales dans le jeu ? Ce n'est que dans son costume anonyme que Miles est mis en joue ou tabassé par Roxxon, ce qui annule toute réflexion sur les bavures policières racistes. Quant à Rio Morales, elle sert malheureusement de potiche.
Faute d'ambition, le jeu sent la récupération à plein nez. La mise en scène d'une bavure contre Spider-Man, les minorités oppressées par un blanc caricatural, la référence au mouvement Black Lives Matter, tout est trop superficiel. Trop maladroit. Une occasion ratée de partir soit dans le délire des réalités alternatives du multivers comme dans le film Spider-Man : New Generation, soit de délivrer une histoire marquante et réaliste qui fasse écho au quotidien de beaucoup. Peut-être était-ce trop demander à un blockbuster tiraillé entre ses développeurs californiens et le besoin de rentabilité mainstream de Marvel.
- Les combats à la Rocksteady
- La réalisation, les 60 fps sur PS5
- Les animations qui tranchent avec celles de Peter Parker
- Un Miles Morales émouvant
- Six heures seulement pour boucler l'histoire, en traînant un peu
- Toujours pas de multijoueur, pas de coop Peter & Miles
- Surfer sur l'actualité sans traiter le fond : racisme et violences policières
Vous aimez les films de Michael Bay ? Vous aimerez Marvel's Spider-Man : Miles Morales. Séquences spectaculaires, gameplay intuitif inspiré des jeux Rocksteady, sauvegardes qui permettent de recommencer immédiatement sans rien perdre de sa progression... Un jeu facile, rapide, vite consommé. C'est une superbe démo technologique, un jeu de lancement parfait. N'espérez pas y passer des dizaines d'heures par contre : après avoir plié la campagne principale en un week-end, la constellation d'objectifs copiés-collés vous donnera des boutons. Reste que ce lancement de console trouve son équilibre entre jeux accessibles (Marvel's Spider-Man : Miles Morales, DiRT 5) et exigeants (Demon's Souls, WRC 9). À vous de choisir votre camp.