Une épopée qui se dévore
Comment renouveler une valeur sûre ? Comment surprendre les aficionados ? Comment raviver la flamme de ceux qui s'étaient éloignés ? Comment insuffler un nouveau souffle à une licence qui en est déjà à son douzième opus ? Comment lui donner cet élan qui lui permettra de briller pour de nombreuses années encore ? Voilà les "comment" auxquels les équipes d'Ubisoft ont dû répondre pendant le développement de Assassin's Creed Valhalla. Après plus de 80 heures passées en compagnie du jeu, il apparaît plus qu'évident que leurs réponses ont visé juste.
L'histoire
Après l'Égypte et la Grèce antiques, la série Assassin's Creed s'attaque à l'ère viking. Un choix on ne peut plus judicieux de la part d'Ubisoft compte tenu de l'attrait de cette période auprès du grand public, attrait récemment renforcé par la série Vikings. Comme à chaque fois, les développeurs se sont entourés d'une troupe de conseillers historiques afin de coller au plus près de la réalité de l'époque, tout en conservant cette part de liberté indispensable pour rendre l'ensemble ludiquement photogénique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est impeccable et que la mythologique nordique, parfaitement exploitée ici, s'adapte à merveille au concept de la série.
Le principe
La carte de votre terrain de jeu : à vous d'y placer vos pions.
Mais revenons aux bases de la série, pour ceux qui viennent de débarquer. Ici, il est question d'un monde ouvert parmi les plus imposants des monstres du genre, monde dans lequel vous êtes invité à explorer, grimper, chevaucher, naviguer, collecter, échanger, développer, interroger, enquêter, libérer, délivrer (air connu, pardon), séduire, chasser, traquer, trucider, assiéger, piller et bien sûr assassiner. Parmi ces verbes, il y en a trois sur lesquels nous allons nous attarder car il s'agit de nouveautés pour la série.
Développer car, pour la première fois dans l'histoire de la licence, vous avez la possibilité de faire croître une colonie. Fraîchement débarqué de Norvège, votre équipage se retrouve dans un camp de fortune au beau milieu de la Mercie, le royaume central de l'Angleterre de l'époque. En amassant des matériaux et autres ressources (vive les pillages d'abbayes !), vous pourrez ajouter des bâtiments à votre campement. L'intérêt ? Augmenter votre force de frappe et vos défenses, mais aussi élargir vos possibilités d'exploration et d'activités, comme par exemple la pêche. Si l'évolution de votre colonie n'est pas obligatoire pour mener à bien votre mission principale, certains développements se révéleront indispensables pour progresser dans l'histoire. Et ce n'est pas toujours très explicite. Alors, choisissez bien vos constructions.
Piller car, pour justement obtenir les matériaux nécessaires au développement de votre colonie, vous allez devoir récupérer plus ou moins brutalement les richesses stockées dans les abbayes du coin. Cette nouveauté est totalement réjouissante et fait appel à vos plus bas instincts : débarquer en force avec vos hommes et tout brûler. Bien sûr, si vous trouvez cette tactique barbare ou même trop "viking", libre à vous d'opter pour une approche plus solitaire et subtile. Mais, entre nous, les abbayes sont souvent très bien gardées, vos compagnons d'armes ne seront pas de trop pour en venir à bout, surtout dans les royaumes les plus coriaces.
Assassiner car Valhalla signe le grand retour des assassinats. Souvenez-vous des premiers volets de la série, où vous deviez vous faufiler dans la foule pour approcher votre cible et lui planter votre lame là où c'est létal. La traque des membres de l'Ordre, la fameuse organisation secrète contre laquelle se battent les assassins depuis la nuit de temps, retrouve ici la dimension épique des débuts. Jouissif !
Pour qui ?
Les paysages anglo-saxons sont très plaisants à parcourir.
Du côté des quelques néophytes, s'ils n'ont pas encore goûté à la série pourtant omniprésente, c'est probablement parce qu'elle n'est justement pas à leur goût. Cet Assassin's Creed Valhalla dispose-t-il des moyens de les convertir ? La recette n'étant pas si différente, cela tiendrait a priori du miracle. Par contre, découvrir la série par cet épisode est, à coup sûr, un excellent moyen de tomber en amour. Foi de nordique !
L'anecdote
Cette sœur se demande si Eivor en est une bonne et elle a bien raison.
- Une générosité à toute épreuve
- Un scénario plus accessible que les précédents
- Les séquences oniriques en Asgard
- Des combats joliment chorégraphiés
- Les pillages à plusieurs très barbares
- L'équilibrage très sympathique en baston et infiltration
- Des quêtes secondaires pas piquées des hannetons
- Les anomalies dans l'Animus
- L'esprit fraternel viking est plutôt bien rendu
- L'intérêt très limité du choix du sexe du héros
- L'introduction en Norvège sans grande surprise
Assassin's Creed Valhalla s'impose comme un digne héritier des précédents volets de la série. Initiée par l'éblouissant Origins, confirmée par le non moins sympathique Odyssey, l'évolution de la licence fétiche d'Ubisoft semble atteindre son paroxysme avec Valhalla. Il embarque sur son drakkar son lot de nouveautés bien sûr, moins mimines qu'elles en ont l'air sur le papier, une générosité aussi mais surtout un équilibrage quasi parfait entre les trois pans essentiels à un jeu vidéo réussi : gameplay, graphismes et scénario. La trame viking n'y est évidement pas étrangère. La cadre, l'époque et forcément la mythologie qui en découle sont autant de réjouissances par lesquelles les joueurs réceptifs ne peuvent que se laisser happer.