Dogs save the Queen
Élever le hacking au rang d'art, c'est un peu le leitmotiv de la série Watch Dogs depuis maintenant six ans. Après un premier volet fondateur plutôt sombre et sérieux, et un second nettement plus bac-à-sable et feel good, avec ce troisième opus il apparaissait évident qu'Ubisoft devait enfin choisir la voie sur laquelle cette licence pourrait exprimer tout son potentiel. Pas de suspense inutile : Watch Dogs : Legion coche toutes les cases de l'évolution réussie.
L'histoire
Monter une rébellion en suivant un leader charismatique, ça, on l'a déjà fait. Très souvent même. Par contre, glisser la graine de la révolte dans l'esprit du premier passant venu, quel que soit son statut professionnel et son rang social, voilà un principe beaucoup moins fréquent. Et c'est là l'excellente idée de ce Watch Dogs : Legion. N'importe qui peut devenir un agent de DedSec, ou plutôt le monde entier peut lancer son pavé dans la mare. Un ouvrier, une infirmière, un trader, une retraitée, un serveur, une tatoueuse, un SDF... Et en proposant l'option – activation fortement recommandée – de "mort définitive" pour chacun de vos agents, le jeu d'Ubisoft vous offre une radicalité terriblement impliquante. Ici, plus question de piocher au hasard dans les péquins et d'avancer avec détachement sans se soucier du destin de votre fraîchement recruté. Surtout si vous l'avez détourné du camp adverse, processus complexe mais réjouissant. Impossible non plus d'envoyer au front votre agent préféré sans y avoir réfléchi à deux fois. Bref, dans Watch Dogs : Legion tout le monde est un héros potentiel, et si sur le papier ce postulat est un peu ampoulé, en pratique, c'est un atout de gameplay considérable.
Le principe
Une option indispensable pour apprécier le jeu à sa juste valeur, alors pas d'excuses !
Comme dans tout monde ouvert qui se respecte, préparez-vous à être baladé d'un point à un autre de la carte pour remplir missions principales et secondaires. Empruntez le Tube si vous êtes pressé ou préférez la conduite de véhicules (petit point faible du jeu), idéale pour profiter de l'ambiance et des environnements super détaillés. Concernant ces fameuses missions, tout ici est souvent question d'infiltration physique ou numérique. Physique lorsqu'il s'agit de vous approcher d'un serveur pour y supprimer des données par exemple. Numérique lorsque vous devez hacker des appareils connectés pour atteindre des coins d'un bâtiment sévèrement gardés.
L'infiltration sera toujours votre meilleur atout car, mine de rien, les ennemis sont plutôt coriaces, aussi bien au corps-à-corps qu'en gunfight, à moins de disposer d'un agent adapté à ces affrontements rapprochés. À vous de bien piocher dans votre équipe celui qui répond aux critères de chaque mission. Plongez tête baissée dans une mission périlleuse est le meilleur moyen d'envoyer vos rebelles au casse-pipe. Et si vous avez activé l'option "mort définitive" (faite-le on vous dit !), vous risquez de rapidement déchanter.
Le hacking
Piratez des drones pour prendre de la hauteur sur la situation (et profiter du paysage).
La réputation
Il semblerait bien que la famille royale ait jeté l'éponge.
Le multi
Un agent décédé, ça fait toujours son petit effet, surtout quand c'est son préféré.
Pour qui ?
Une retraitée qui s'amuse avec des écrans de contrôle, il va falloir s'y habituer.
Pour les fidèles, les premières heures de jeu auront certes un goût de déjà-vu car Ubisoft ne réinvente évidemment pas la roue. Mais les apports sont notables et la maîtrise de l'open world encore plus pointue, aussi bien au niveau de son dynamisme que de son impressionnant système de réputation.
L'anecdote
N'hésitez pas à vous lancer dans un street art tour : ça vaut le(s) détour(s).
- Un open world restreint mais hyper cohérent, beau et dynamique
- Les joies du hacking quasi illimité
- Une opulence assez réjouissante
- Le concept de soulèvement populaire poussé à fond
- Des doublages FR qui ne déméritent pas
- Un bon paquet d'easter eggs
- Quelques plantages
- La modélisation de l'eau n'est pas très... gazeuse (plutôt plate donc)
- Peut être répétitif si vous foncez (vive les missions annexes)
Legion n'est pas seulement une excellente et réjouissante évolution du concept du "hackez tout !" initié il y a maintenant six ans par Watch_Dogs. C'est également un miroir assez malin de notre société actuelle, hyper connectée mais aussi de plus en plus paumée, où tout un chacun peut devenir le caillou qui viendra enrayer des engrenages qui s'emballent chaque jour un peu plus. Mine de rien, sous des airs mainstream qui peuvent agacer, avec Watch Dogs : Legion les divers équipes d'Ubisoft ont su capter nos travers et les forcer juste ce qu'il faut pour obtenir un open world dynamique, réaliste, esthétiquement très présentable et surtout ludiquement méchamment efficace.