L'amour a ses raisons que la raison ignore
- Éditeur Electronic Arts
- Développeur Electronic Arts
- Sortie initiale 5 juin 2020
- Genre Stratégie temps-réel
Aah, 1995 ! On avait des pagers et des cabines téléphoniques, on jouait sur Game Boy, on écoutait en boucle « Pour que tu m'aimes encore » sur nos baladeurs CD, on trichait avec Microsoft Encarta, le Casio QV10 ringardisait les appareils photo jetables, on allait sur 36 15 Ulla le soir sur Minitel, les parents collaient des vignettes automobiles hideuses sur leur pare-brise, Chirac devenait président, la baguette de pain coûtait trois francs, Gamatomic et le Nokia 3310 n'existaient pas encore et les jeux PC étaient vendus dans des boîtes à chaussures. 1995, c'est aussi la sortie de Command & Conquer, et vous avez intérêt à aimer les années 90 pour y replonger avec ce Remastered.
L'histoire
Pour être juste, il faut aussi parler du scénario d'Alerte Rouge dans lequel Albert Einstein tue Hitler à l'aide d'une machine à remonter dans le temps, ce qui permet à Staline d'envahir la Pologne (et plus si affinités). Le tout est raconté par des acteurs pixelisés qui ont aussi mal vieilli que grand-mère à Rungis.
Le principe
Vous pouvez incarner Tanya dans certaines missions commando. C'est-par-ti !
En vrai, ce pack qui restaure les deux jeux de stratégie mythiques est un peu plus subtil. D'abord parce qu'on peut retourner sa veste et jouer n'importe quel camp, comme Manuel Valls : chaque campagne propose de jouer le GDI et le NOD, ainsi que les Alliés et les Soviets. Ensuite parce qu'il ne s'agit pas que de raser les bases ennemies : parfois il faut capturer des bâtiments, escorter un convoi, reprendre une base développée dans une mission précédente, voire démarrer à pied et se frayer un chemin entre les lignes ennemies. Hérésie : sans avoir à construire le moindre bâtiment. Command & Conquer, puis Alerte Rouge, ont consolidé les bases du genre au même titre que leurs concurrents de chez Blizzard. Si vous aimez démembrer des Terrans lors des missions à pied dans Starcraft II : Le Cœur de l'Essaim, c'est un peu grâce à Alerte Rouge. Et si votre petit cœur de gamer palpite au dur nom de Kerrigan, c'est peut-être pour compenser la disparition brutale de Tanya, partie trop tôt entre les crocs d'un berger allemand. Aaaahhh ! Tanya... ! (soupir).
Les nouveautés
Les unités des add-ons sont là, comme les Électrocuteurs avec leur générateur Tesla portable.
Surtout, EA a vidé son frigo avec la gourmandise d'un restaurateur qui peut enfin rouvrir sa terrasse : éditeur de niveaux, jukebox avec sept heures de musique remasterisée (dont 20 morceaux ré-enregistrés par le compositeur original Frank Klepacki), une galerie bonus à débloquer mission par mission avec quatre heures de rushs filmés au caméscope parkinsonien, la prise en charge des mods, le code source du jeu pour les bidouilleurs (oui, oui), une interface refaite avec des onglets, la possibilité de lancer plusieurs unités en production (file d'attente), des raccourcis clavier personnalisés, des modes de contrôle alternatifs, toutes les missions console à sélectionner librement avec leurs cinématiques, un éditeur de cartes, du multijoueur avec salons pour des parties personnalisées, classements et replays de matchs en mode observation, et on en oublie. C'est un petit peu comme si votre café gourmand était fourni avec une pizza, un burger, des frites, un grec, des nuggets, une terrine, des crêpes au Nutella et une fondue savoyarde : c'est sympa, on ne sait plus où donner de la tête, mais c'est un peu lourd sur l'estomac.
Pour qui ?
Micro manager le ravitaillement des hélicoptères : une passion, un sacerdoce.
Au final, peu importe. Il suffit de tenir les champs de Tiberium, de les bourrer de moissonneuses et de cracher des unités à la queue-leu-leu pour noyer l'ennemi, même si un tiers de vos tanks décide de partir à la chasse aux champignons à l'autre bout de la carte. Les nostalgiques seront aux anges, les autres... Meh, c'est dur d'ignorer tous les progrès réalisés en matière d'IA et de pathfinding depuis Total Annihilation en... 1997.
Le multi
L'IA et le pathfinding n'arrivent pas à gérer une vingtaine de tanks.
Alors quelques conseils. Vérifiez bien les conditions de victoire pour ne pas vous retrouver à faire la chasse aux unités survivantes une fois tous les bâtiments ennemis détruits. Mémorisez les raccourcis clavier. Et installez votre base là où votre Véhicule de Construction Mobile poppe sur la carte car chaque seconde compte. Les pros crachent leurs premiers mitrailleurs en vingt secondes chrono, pour vous donner une idée. Bonne chance...
- Beaucoup de contenu
- Une ambiance incroyable
- Les missions solo fonctionnent toujours 30 ans après
- Les bonus (vidéos, photos, musiques, etc.)
- Les mods, et EA qui file le code source avec
- Si vous n'êtes pas nostalgique, enlevez 1 point à la note
- L'IA, le pathfinding
C'était mieux avant, mais deux ans après. Avec son IA et son pathfinding d'un autre âge, Command & Conquer : Remastered nous rappelle cruellement que Total Annihilation n'était pas encore sorti. Ce sera un supplice pour les joueurs qui ont découvert les jeux de stratégie avec les Starcraft II et autres Warhammer 40.000 : Dawn of War III modernes. Mais une extase pour les vieux briscards qui se souviendront de toute une époque disparue au travers d'un de ses joyaux. Ce Remastered de qualité se destine aux nostalgiques, aux amateurs de madeleines digitales trempées dans le thé du temps perdu. C'est une lettre d'amour aux fans, aux mélomanes qui auront la larmichette à l'œil en entendant le fracas des bottes sur les pavés de la Hell March. Aux fans aveugles (surtout s'ils persistent à jouer avec les graphismes originaux), mais aux fans amoureux quand même.