La puissance et le gore
- Éditeur KOCH Media
- Développeur Tripwire Interactive
- Sortie initiale 22 mai 2020
- Genre Action
Vous aimez la plage ? La baignade ? Le pédalo ? Le jet-ski ? Et les tortues de mer, c'est mignon les tortues de mer. Les poissons-perroquets ? Les poissons-chats peut-être ? Et les alligators, vous aimez les alligators ? Moins ? Comme le requin de Maneater dans ce cas, qui aime la plage, les baigneurs, les tortues de mer (qui craquent comme des cookies) et tout ce qui nage en général. Voire tout ce qui gesticule en surface, hurle et saigne, dans cet open world arcade au croisement improbable de Far Cry 5 et de Jaws Unleashed.
L'histoire
Le principe
Sautez hors de l'eau pour échapper aux autres prédateurs.
Les développeurs ont fait une grosse bourde en vous forçant à commencer dans cet environnement restreint. Vu la faible profondeur, la moindre esquive ratée colle littéralement votre requineau à la surface : il faut impérativement appuyer sur un bouton pour plonger, avec zéro visibilité sous la surface, pendant que brochets et alligators continuent de vous croquer le ventre. Les combats ultra faciles quelques minutes plus tôt deviennent une purge, notamment contre les alligators surpuissants qu'il faut fuir comme un lâche. La faute à des attaques frontales qui forcent les protagonistes à se doubler, paumant la caméra au passage, à un système de visée semi-automatique qu'il faut réajuster en même temps que la caméra, et à la faiblesse de votre têtard. Ajoutez des ennemis qui couvrent une dizaine de mètres en une seconde, souvent pendant que vous galérez avec la caméra, et vous comprendrez que claviers et manettes devraient être remboursés par l'éditeur du jeu.
Dans les zones suivantes, plus profondes, plus larges, avec quelques upgrades, c'est moins problématique. Après quelques heures de jeu, sur la dizaine nécessaire pour faire une bise tranchante au boss final, vous aurez retrouvé une puissance de destruction correcte. C'est longuet, certes. Heureusement que le tout est commenté non-stop par un narrateur hilarant, façon David Attenborough imperturbable face à vos requineries, en VO hélas – pas de sous-titres pour lui, alors que le reste du jeu est en français. Les intermèdes avec Pete l'Écailleux et son fils façon télé-réalité sont traduits, et c'est important : ces scénettes vous rappellent qui vous a expulsé de votre tuto paradisiaque.
Le gameplay
Bouffer tout ce qui traîne permet d'upgrader tête, aileron, corps et queue.
La composante RPG, au cœur de la quête de puissance de Maneater, est par contre très soignée. Il existe 4 types de nutriments à dépenser dans des améliorations (tête, aileron, corps et queue) : mâchoire plus puissante, queue plus destructrice, résistance aux dégâts, etc. Vous les récupérez en dévorant certains types d'ennemis, avec un code couleur très simple : rouge pour les prédateurs et les humains par exemple. Vous savez donc toujours ce qu'il faut chasser pour obtenir l'upgrade tant convoité. Mais pour dépenser ces points, encore faut-il accumuler de l'XP pour grandir et... des armures. C'est là que le jeu se complique. Ce qu'il ne vous dit pas, c'est comment récupérer morceau par morceau une armure bio-électrique, une armure d'os, ainsi qu'une troisième cachée... Maneater regorge d'astuces, de secrets, bref, il récompense les curieux. C'est important, parce que c'est ce qui compense la répétitivité de ses objectifs copiés/collés d'une zone à l'autre et vous pousse au leveling.
Pour qui ?
N'hésitez pas à fuir un combat qui vous est défavorable.
L'anecdote
L'amure d'os permet de survivre facilement aux attaques des gardes-côtes.
- Le plaisir de jouer un requin et de mâchonner tout ce qui traîne
- Une excellente sensation de montée en puissance, de bébé à monstruosité Cthulhienne
- Les upgrades RPG
- Les ennemis perdent des bouts de barbaque, comme dans Doom Eternal
- Les combats avec caméra et auto-lock à recentrer tout le temps
- Les objectifs ultra répétitifs (tuer 10 poissons)
- Pas de traduction pour le narrateur
- Pas de sauvegardes manuelles
- Pas de multijoueur
- Des problèmes de performance sur PS4 Pro et Xbox One X au lancement (ralentissements, ventilation des consoles ; RAS sur PC)
- Des sauvegardes corrompues et des bugs de trophées sur console au lancement (RAS sur PC)
- Exclusivité Epic Games Store sur PC au lancement
Destruction, humiliation, pénitence : Maneater a l'intelligence de frustrer le joueur dès le départ pour le propulser dans une quête effrénée de puissance, telle une torpille pleine de dents. Pour un jeu aussi joyeusement débile, où claquer des mâchoires donne un boost de vitesse, il y a là des éléments RPG étonnement subtils, incroyablement bien dosés. Si vous aimez le loot, les requins, le leveling, les requins, les jeux arcade, mais aussi les requins, Maneater vous fera passer une dizaine d'heures simples et heureuses – à condition de ne pas être trop regardant sur les combats brouillons et ses caméras aux fraises.