Test | Disaster Report 4 : Summer Memories
03 avr. 2020

Un jeu qui fait vibrer ?

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Disaster Report 4

Datant de l'ère PlayStation 2 et jusqu'ici connu sous le nom de SOS : The Final Escape chez nous, Disaster Report n'a pas connu de nouvel épisode depuis moult années. D'ailleurs, Disaster Report 4 était d'abord prévu sur PlayStation 3 avant de finalement voir le jour aujourd'hui, en fin de vie de sa petite sœur. D'ordinaire, tout cela n'augurerait rien de bon... et la question était donc de savoir si ce jeu prenant place au Japon lors d'un tremblement de terre allait lui-même échapper à la catastrophe.

L'histoire

Tout d'abord, sachez que Disaster Report 4 est une aventure en grande partie modulable : vous pouvez choisir votre avatar (un homme ou une femme) ainsi que ses réactions à la plupart des situations. C'est donc à vous de définir son caractère et ses motivations. Ainsi, en dehors du fait que vous arrivez au Japon, libre à vous de décider si cela est lié à tel ou tel job. Bien sûr, un séisme frappe les environs et il s'agit alors de décider quel sera votre but : changer de vie, retrouver votre bien-aimée, etc.

Si l'écriture est assez simple en apparence, les choix possibles impliquent le joueur et proposent même une idée assez belle, puisqu'au final, le séisme se produit autant dans une mégalopole japonaise qu'à l'intérieur du protagoniste. Faut-il profiter d'un séisme pour se remettre en question ? Pour trouver l'amour ? Pour devenir un héros en sauvant des gens ? Ou tout simplement en devenant un connard (oui, c'est possible et le mot n'est pas là pour rien).
Vis ta vie

Le principe

Comme vous pouvez le voir, les choix possibles sont nombreux.

Dans les faits, Disaster Report 4 est très aisé à prendre en main puisqu'il ne comporte pas vraiment de phases d'action. Il s'agit avant tout d'un titre d'exploration, vous demandant de résoudre des courtes énigmes et de vous appuyer au sol en cas de secousses (voire d'esquiver des immeubles ou autre pouvant s'effondrer). L'expérience brille donc plutôt par son ambiance. Ici, le Japon est retranscrit dans un étrange sentiment, mélangeant une vision du quotidien et un sens du détail, tout en oubliant quelques points qui auraient été importants pour insuffler de la dramaturgie.

Le meilleur exemple est une route surélevée sous laquelle des passants tournent en rond (sans que l'on sache pourquoi, vraiment – qui tournerait en rond sous une route après un séisme ?). Tandis que la voie expresse s'effondre sur des passants, d'autres restent sans réaction, y compris quand le corps d'une femme est inerte à quelques mètres d'eux. Le sentiment est assez déstabilisant et, dans ces moments, le jeu pâtit sûrement de sa gestation difficile. Néanmoins, ces aberrations couplées à une retranscription du quotidien réussie (rencontrer une femme en détresse dans un immeuble, et même là elle refusera de vous rejoindre dans les toilettes des hommes) confère au jeu une ambiance plutôt singulière, qui n'est finalement pas sans rappeler la licence Yakuza (qui baigne également dans une sorte de réalisme partiel, fantasmagorique).
Dans une exploration du quotidien (enfin presque)

Les graphismes

Vous ne pensiez quand même pas que ce jeu vous ferait oublier le coronavirus ?

Bien sûr, avec sa longue gestation, Disaster Report 4 ne fait pas de miracle sur le plan technique. Nous sommes plus face à un titre PlayStation 3 qu'à un jeu de 2020 – et cela vaut aussi pour les déplacements, assez rigides. Néanmoins, la mouture Switch ici testée est dans la veine des autres productions d'éditeurs tiers de la consoles, à savoir souvent bâclées et bien loin des titres estampillés Nintendo. De ce fait, on retrouve les habituels soucis de framerate et des temps de chargement assez nombreux (ça ne veut pas dire qu'ils sont longs), sans que cela soit véritablement handicapant pour autant. On se consolera donc avec la mise en scène sympathique, et qui pousse au passage à jouer sur l'écran de la TV. Tant qu'à s'essayer à un jeu de catastrophe, autant le faire dans des conditions optimales.
Une version Switch sans surprise un peu décevante

Pour qui ?

Privilégiez la version PS4, surtout si vous avez un grand écran.

Déjà, si vous aimez le Japon, il y a de fortes chances pour que vous appréciez Disaster Report 4. L'originalité du titre suffit à séduire une certaine communauté de joueurs. De même, il faut savoir qu'il s'agit d'une expérience assez simple, plus basée sur l'exploration qu'autre chose, et qui peut donc convaincre des joueurs pas forcément habitués au médium. Pour cela, il faut toutefois savoir parler anglais puisque le jeu n'est disponible que dans cette langue (avec des voix japonaises).
Pour les adeptes du Japon

L'anecdote

Les points de sauvegarde sont très nombreux, ce qui permet des sessions assez courtes.

Pour comprendre la longue gestation de Disaster Report 4, il faut savoir que le développement du titre a été arrêté après le tsunami de 2011 et la catastrophe de Fukushima, avant de repartir de zéro quelques années plus tard, sous la direction d'un Kazuma Kujo ayant fondé un nouveau studio nommé Granzella. Entre temps, ce studio a aussi sorti – au Japon seulement – le cultissime City Shrouded in Shadow, un jeu de catastrophe se déroulant sous des robots, Godzilla et autres kaijus.
Un développement mouvementé
Les Plus
  • L'ambiance
  • La mise en scène
  • Plus subtil qu'il ne paraît
  • Un vrai sens du détail, qui rappelle le savoir-faire japonais
Les Moins
  • Ce n'est pas très beau
  • Des déplacements assez rigides
  • Uniquement en anglais
Résultat

Disaster Report 4 revient de loin et a plein de défauts, mais personne ne lui enlèvera son atout principal, à savoir sa singularité. Quand une licence a sommeillé pendant tant d'années, les joueurs ont effectivement toutes les chances d'apprécier les retrouvailles. Plus que cela – et c'est peut-être le paradoxe de cette petite arlésienne – Disaster Report 4 sort au bon moment, sur une fin de génération ne proposant plus grand-chose d'original. Le titre que nous avons ici n'est pas beau, ni même particulièrement jouable... En revanche, il propose une aventure "à la japonaise", du quotidien, ainsi qu'une écriture et mise en scène plus subtiles qu'elles ne paraissent. Dans un monde où la plupart des jeux se ressemblent, c'est déjà pas mal.

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