Test | Dragon Ball Z Kakarot
09 mars 2020

Goku de sang neuf

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Dragon Ball Z Kakarot

Quand on évoque les jeux d'aventure estampillés Dragon Ball, on pense plutôt au rétrogaming et aux consoles portables. Ainsi, lors de son annonce l'an passé, Dragon Ball Z Kakarot avait de quoi surprendre : un titre de ce genre sur les consoles de salon, voilà qui n'est pas banal. Petite lueur d'espoir malgré tout, puisque nous apprenions que le titre était développé par CyberConnect2, déjà derrière les excellents jeux Naruto Ultimate Ninja Storm. Une collaboration qui a souvent été fantasmée ces dernières années par les fans de Dragon Ball.

Les Atomes 2020

Vous vous en doutez, chaque membre de la rédaction n'a matériellement pas pu jouer à tous les jeux testés durant cette année sur Gamatomic. Alors, plutôt que de vous proposer une sélection collégiale mais forcément faussée, chacun de nous a souhaité remettre en avant un jeu qui l'a particulièrement marqué sur ces derniers mois.

Pour ma part, j'ai donc choisi Dragon Ball Z Kakarot. L'année 2020 aura été marquée par le Covid et les mauvaises nouvelles... et cela vaut aussi pour le jeu vidéo (polémiques en tous genres, stocks de consoles insuffisants, jeux décevants, etc.). Néanmoins, quelques rares rayons de soleil sont venus éclairer l'année vidéoludique ; et le plus surprenant est probablement le titre que nous avons ici. Selon moi et à défaut d'être le jeu de l'année, Dragon Ball Z Kakarot est assurément la bonne surprise de 2020. Bien que Dragon Ball FighterZ (2018) s'apparentait à l'un de mes rêves de gosse, les jeux estampillés DBZ avec des idées originales se font rares. Et c'est le cas de Dragon Ball Z Kakarot : si l'on peut critiquer certains aspects du titre, impossible de passer outre ses nombreuses mécaniques inédites. Sorti en janvier, l'expérience demeure présente dans mon cœur en ce mois de décembre. Et ça, c'est un sentiment assez rare pour être signalé. Maintenant, place au test !
Ce jeu est le coup de cœur 2020 de Griffith et il vous explique pourquoi

L'histoire

La fidélité est indéniable. Chose rare chez nous : les musiques de la série sont présentes !

Il faut d'abord rappeler une chose. Lorsque l'on constate que Dragon Ball Z Kakarot est une expérience uniquement jouable seul, un tableau se dessine : d'un côté, Dragon Ball FighterZ qui est un titre multijoueur et compétitif, de l'autre l'expérience proposée par CyberConnect2. En vérité, les deux titres s'avèrent être assez complémentaires par leurs propositions respectives.

Passé ce constat, précisons que Kakarot brasse tous les arcs narratifs de Dragon Ball Z, de l'arrivée de Vegeta sur Terre à la défaite de Bou. Bien que le début du jeu (centré sur l'entraînement de Gohan et faisant office de didacticiel) laisse augurer un certain manque de rythme, il n'en est rien. En effet, à l'instar de ce qui a été fait sur Naruto Ultimate Ninja Storm,Kakarot condense avec intelligence et savoir-faire les événements de l'animé. À l'occasion de la sortie de Ultimate Ninja Storm 3 il y a 7 ans, le président de CyberConnect2 (Hiroshi Matsuyama) nous avait expliqué que l'un des buts de leurs productions Naruto était de servir de palliatif à ceux qui auraient raté des saisons/tomes de l'œuvre de Masashi Kishimoto et qui voudraient raccrocher le wagon en gagnant du temps. De son côté, Kakarot peut aisément être vu comme un "shot" de Dragon Ball Z permettant de revivre les moments forts de l'histoire en gagnant quelques dizaines d'heures de temps en comparaison de l'animé original.
Revivre une histoire culte

Le principe

Au fil de l'aventure, vous gagnez des personnages à placer sur ce tableau communautaire.

Pour ce qui est du gameplay, Kakarot est une petite révolution dans les jeux Dragon Ball Z sur consoles de salon. En effet, il s'agit d'un jeu d'aventure à environnements ouverts agrémenté d'une pointe de jeu de rôle. Incarnant les principaux héros de la saga, vous pouvez vous déplacer – au sol comme dans les airs – dans des décors particulièrement grands. Des objets, orbes (permettant d'acheter des compétences dans un menu dédié) et ennemis sont présents sur chaque carte. Les objets et ingrédients (le joueur peut aussi chasser et pêcher) servent aux quêtes secondaires mais également à améliorer les statistiques des protagonistes en confectionnant des repas. De plus, des bonus peuvent être débloqués à travers un système de relations sociales simple et plutôt efficace : durant l'aventure, vous rencontrez des personnages et débloquez ainsi des badges à assigner dans des tableaux communautaires. Par exemple, il peut être intéressant de mettre le père de Bulma à côté de cette dernière, tous deux étant spécialisés dans la mécanique. De même, les fils de Goku apporteront des bonus s'ils se retrouvent avec ce dernier (logiquement spécialisé dans le combat).
Un sens de la démesure ludique

Les zones à explorer sont très grandes, et par la même occasion immersives.

Côté affrontements, Kakarot reprend le principe de Tenkaichi avec une certaine distance, puisqu'il lui apporte plus de démesure et de dynamisme. Pour lancer un combat, vous devez vous faire repérer par un ennemi sur la carte ou aller sur un point débloquant la suite de la trame scénaristique. Petit détail qui fait plaisir : les joutes secondaires débutent toujours à l'endroit de votre rencontre avec les ennemis. Ce point en apparence anecdotique influe grandement sur l'immersion, puisque le jeu ne charge jamais un environnement prédéfini pour l'occasion. Lors des affrontements, c'est donc bel et bien au sein des énormes décors que vous combattez vos opposants.

Jouable uniquement en solo et n'impliquant donc pas l'équilibrage habituel des jeux de baston, le jeu retranscrit aussi plutôt bien la progression de Goku et sa clique. Un très bon exemple s'avère être l'arc narratif de Freezer, durant lequel Gohan, Krilin, Vegeta et Goku sont notamment de la partie. Au départ, Vegeta est sensiblement plus fort que les deux premiers personnages, ce qui se ressent (avec une certaine satisfaction) face aux sbires de Freezer. Au fil de l'arc, de nombreux personnages gagnent en puissance jusqu'à faire ressentir une force assez démentielle. Un sentiment probablement plus compliqué à fournir qu'on pourrait le penser au départ.
Un très bon Tenkaichi +++

Pour qui ?

Les entraînements vous permettent notamment d'acquérir de nouvelles attaques.

Comme dit plus haut, Kakarot et Dragon Ball FighterZ s'avèrent être deux expériences complémentaires. Si ce dernier est logiquement centré sur le multijoueur, le premier est définitivement un titre solo à la vision singulière. Si vous avez toujours rêvé de revivre les aventures de Goku, et si par exemple vous aviez adoré le premier Budokai retraçant l'histoire des premiers arcs narratifs avec une belle fidélité, le titre de CyberConnect2 est fait pour vous. C'est même mieux que cela puisque l'expérience proposée rappelle la richesse de l'univers créé par Akira Toriyama : nous n'avions jamais vu un jeu de salon retranscrire avec tant de soin le monde de Dragon Ball Z, s'extirpant du prisme des personnages pour nous plonger dans un cadre cohérent et vivant.
Le jeu DBZ rêvé ?

L'anecdote

Kakarot couvre tous les arcs de Dragon Ball Z.

Remarque un brin personnelle. Concevoir un premier jeu sur Dragon Ball Z, c'est un peu s'infliger un espèce de fardeau : difficile d'imaginer une suite à Kakarot retraçant de nouveau les arcs narratifs les plus populaires de Dragon Ball (à savoir sa partie Z). On pourrait imaginer une suite retraçant la saga Dragon Ball Super, populaire auprès de certains fans mais conspuée par d'autres. Néanmoins, la vraie bonne idée serait plutôt la suivante, pour un studio telle que CyberConnect2 : réécrire et "condenser" la si décriée série Dragon Ball GT, mais qui avait pour elle une refonte de l'univers bien plus conséquente que l'escalade de transformations que nous ont offert les derniers épisodes/films en date. Quand on pense au savoir-faire de CyberConnect2 en matière de mise en scène et de relecture/réécriture d'œuvres populaires, il est légitime de penser que Dragon Ball GT pourrait être réhabilité de la sorte. Ne serait-ce pas, dans un sens, exceptionnel sur le plan artistique ?
Invoquons Shenron pour réaliser un souhait
Les Plus
  • Un vrai sens du rythme
  • Des environnements vraiment ouverts
  • Une belle retranscription du monde de Dragon Ball Z
  • Un parti pris solo assumé et réussi
  • Le système de badges sociaux, une idée sympa
  • Une pléthore d'idées qui donnent du corps à l'expérience et la rendent unique
Les Moins
  • Un début un tout petit peu longuet (et qui laisse craindre le pire)
Résultat

Qu'est-ce qui fait l'essence d'un bon jeu Dragon Ball Z ? Pour certains c'est la baston, pour d'autres un contenu pléthorique. Dragon Ball Z Kakarot a été difficile à aborder pour la simple et bonne raison qu'il a fait passer votre serviteur par tous les états : au départ – et le rédacteur en chef de Gamatomic en a été témoin – le jeu agaçait et sa note ne s'annonçait pas folichonne. Pourtant, au fil des heures, l'expérience finit par convaincre grâce à un constat très simple : franchement, quand on est fan et que l'on teste des jeux Dragon Ball Z chaque année, de quoi se souvient-on en fin de compte ? La réponse est très simple. On se souvient des jeux nous livrant une vision unique de l'œuvre d'Akira Toriyama. Vu par ce prisme, Dragon Ball Z Kakarot est un jeu dont les fans de Goku se souviendront probablement encore dans 10 ans. C'est pour ainsi dire un titre qui ose la démesure, non seulement dans ses cinématiques mais aussi dans ses idées de game/level design. Un titre qui comporte des idées en apparence anecdotiques, mais qui mises bout à bout témoignent d'une retranscription unique d'une œuvre culte. Si Dragon Ball FighterZ reste un jeu de combat de premier choix, Dragon Ball Z Kakarot est une déclaration d'amour d'un autre genre, à la fois grandiloquente dans sa démarche mais intimiste dans ce qu'elle propose au joueur, c'est-à-dire de se retrouver seul – et en immersion – dans le monde de son enfance. Assurément l'un des meilleurs jeux Dragon Ball Z de la décennie.

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