Season Pass, Saison 1 : la revanche ?
- Éditeur Codemasters
- Développeur Codemasters
- Sortie initiale 11 oct. 2019
- Genre Course
GRID sort sa première saison du garage en ajoutant un circuit (Paris), 30 épreuves, 3 Showdowns et 4 voitures. De quoi redorer le blason d'un jeu qui s'était pris quelques murs de mauvaises notes à sa sortie en octobre 2019. Joueurs et journalistes lui reprochaient trop peu de circuits, trop peu de voitures, un mode Carrière anémique, bref, une radinerie qui contrastait avec son prix de lancement : 60 € pour la version de base, 90 € pour l'Ultimate Edition avec son Season Pass. Sans parler de la compétition féroce sur le créneau des jeux de course arcade. Entre l'arrivée bienvenue de cette première saison et les soldes, il est temps de soulever à nouveau le capot pour un contrôle technique.
L'histoire
Il y a très peu de déchet dans le garage de GRID, entre la Chevrolet Corvette C7.R, la Dodge SR TViper GTS-R, la Ferrari F430 Challenge, la Porsche 911 RSR ou encore la Renault R26 F1. Il y a surtout beaucoup de variété grâce à 5 disciplines, du barbant Stock qui vous impose l'infâme Dumont Type 37 sur 4 de ses 8 premières courses, au génial Invitational avec ses voitures historiques (voir encadré "L'anecdote" ci-dessous), en passant par les GT nerveuses ou les épreuves Fernando Alonso. Vous pouvez faire n'importe quelle discipline en toute liberté, ignorer superbement une catégorie d'épreuves et de voitures que vous n'aimez pas pour vous concentrer sur une autre. Alors certes, ce n'est pas aussi joli que du Philippe Starck, mais ça fait le job. Le Season Pass inclus dans cette Ultimate Edition ajoute progressivement 99 épreuves de Carrière supplémentaires sur 6 mois (33 par saison), plus 12 nouvelles voitures (4 par saison : la MINI Hatch JCW, la Lancia Delta HF Integrale Super Hatch, la Renault Clio S1600 et l'Audi S1 quattro Concept ici). C'est encore un peu chiche par rapport à la concurrence mais les voitures choisies sont très complémentaires, superbement modélisées, avec des vues cockpit individuelles très détaillées. Cerise sur le capot : ceux qui lui reprochaient son avarice seront ravis d'apprendre que le nouveau circuit, Paris, est offert aux possesseurs du jeu de base. Classe.
Le principe
L'IA provoque parfois des accidents. Réagissez au quart de tour pour éviter l'impact.
Repasser sur Need for Speed Heat ensuite donne l'impression que le jeu d'EA rame et que ses voitures flottent au lieu de rebondir sur les nids de poule. Sans oublier le son incroyable des moteurs de GRID. Pour peu que vous ayez une installation 5.1 de nanti, vos oreilles vont saigner de bonheur. Un concurrent vous rentre dans la portière ? Votre enceinte arrière va craquer comme si un coup de hache l'avait fendue en deux. Vous ordonnez à votre coéquipier d'attaquer en pleine course, avec la croix directionnelle ? La voie centrale va confirmer votre ordre. Et ces bruitages : en vues internes (plein écran, capot, juste devant ou derrière le volant), les rugissements des moteurs dans les enceintes arrière donnent des frissons d'horreur. Le tout contribue énormément au plaisir de jeu, manette en main, au point qu'on en oublie totalement l'absence de musique en course.
Le gameplay
À Paris, manette en main, on sent parfaitement les différences entre pavés et asphalte.
Dommage que le système Nemesis n'aille pas plus loin avec cette première saison, les ennemis jurés ne le restant pas d'une course à l'autre. Dommage aussi que la saison 1 n'améliore pas votre co-équipier inutile, dont l'embauche est toujours planquée dans les sous-menus Profil > Ecurie. Il vit sa petite vie médiocre sur le circuit et finit en général là où il a commencé : dernier ou avant-dernier. On est très loin des enjeux d'équipe évoqués dès les premiers tours de F1 2019, avec les choix cartésiens de son mode Carrière : laisser passer son coéquipier pour que l'écurie commune gagne aux points, ou se battre sans tenir compte des instructions. Dans GRID, il faut finir la Carrière de base pour débloquer Nathan McKane dont les scores de loyauté, de compétence, d'attaque et de défense sont au maximum ; ça ne lui garantit toujours pas de finir sur le podium, mais au moins ça vous donne une chance de gratter quelques crédits et points supplémentaires en le poussant à attaquer. Heureusement que l'ajout de Paris relève le niveau avec 6 variations de tracés réussies (pont de l'Alma, quais de Seine, avenue de New York...), des monuments emblématiques bien modélisés (Tour Eiffel, Arc de Triomphe, Trocadéro), des pavés qui secouent la DualShock 4 et comme toujours des conditions climatiques sublimées. Le coucher de soleil, la pluie, l'ambiance 14 juillet avec feux d'artifices… Avec cette première saison, 11 des 15 nouvelles épreuves Street se jouent à Paris sur des sessions plus coutes (moins de 3 courses par épreuve en général). Le sentiment d'usure de circuits faits et refaits s'estompe, ce grind qui plombe toujours la Carrière du jeu de base ; la Carrière saison 1 est bien meilleure pour se vider la tête rapidement après une dure journée.
Le multi
Le Season Pass n'améliore pas du tout le multi, qui en avait pourtant bien besoin.
Pour qui ?
Le mode Carrière au format Excel. Au moins vous pouvez choisir les épreuves et en zapper.
Certes, les nostalgiques regretteront sans doute le bon vieux Race Driver : GRID de 2008, bien que GRID 2019 reprenne certains tracés à l'identique (à San Francisco par exemple). Voire même pour les grabataires, le mythique TOCA Race Driver 2 de 2004 avec ses transferts de masse fabuleux – mais on est en 2020, et GRID est ce qui nous arrive de mieux en arcade et sur circuits depuis le généreux Forza Motorsport 7 de 2017. Alors ne faisons pas trop la fine bouche en période de disette. Et si vraiment l'habillage est important, si vous aimez la F1 arcade et les modes Carrière scénarisés alternant trahisons et altercations, essayez F1 2019 – la vraie grande réussite de Codemasters.
L'anecdote
La Ferrari 330 P4 est un régal à piloter. Les duels avec la Ford GT40 donnent des frissons.
- Adhérence, vitesse, baston : un jeu arcade brutal
- L'intelligence artificielle qui tente des dépassements, fait des fautes, s'énerve (Nemesis)
- 60 fps, graphismes PS4 Pro et Xbox One X, spatialisation sonore et bruitages
- Nouveau circuit gratuit, nouvelles épreuves plus courtes
- La saison 1 ne corrige ni le multi bâclé, ni le coéquipier inutile
- Toujours pas d'habillage Carrière, ni de scénarisation à la F1 2019
- Toujours pas de pièces détachées pour améliorer ses voitures
- Des saccades dans les premiers virages, y compris sur PS4 Pro
Avec cette première saison, GRID ne roule toujours pas dans la même ligue que ses concurrents. Comme disent les anglais, c'est more of the same, « plus du même » : plus d'épreuves, mais sans rustines sur les défauts originels (multi et coéquipier débile en tête). Ce titre brut de décoffrage est comme la clef à molette rageuse du british Ken Miles dans Le Mans 66, celle qui va se planter dans le pare-brise immaculé d'une simulation pointue comme Assetto Corsa : GRID est un jeu brutal au talent indéniable et au caractère de cochon, qui poursuit sur sa lancée arcade apocalyptique. Mais si vous avez déjà un Gran Turismo Sport ou un Forza Horizon 4 au placard et que vous cherchez un second jeu de course bas du front, GRID est mille fois meilleur que le roi fainéant Need for Speed Heat. Et mérite clairement la médaille d'argent dans votre ludothèque.