Test | The Sinking City
25 juil. 2019

Larguez les homards

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The Sinking City

Rompue aux mécanismes des jeux d'enquête à ambiance, l'équipe de Frogwares est de retour avec un The Sinking City très lovecraftien. Et pour cause, dans cette nouvelle aventure, le culte d'un certain Ctchulhu n'est pas bien loin. Expatriés en Ukraine, ces froggies fans de Sherlock Holmes tentent donc de se diversifier au niveau des héros qu'ils mettent en scène. Au risque de perdre en route des aspects techniques pourtant essentiels ?

L'histoire

Une ville quasi coupée du monde suite à une brusque montée des eaux, des disparitions étranges, des meurtres mystérieux, des quartiers envahis par des créatures effrayantes... Il est grand temps que quelqu'un éclaircisse ce qui se passe à Oakmont, cité portuaire de la côte Est des États-Unis. Et ce quelqu'un, évidemment c'est vous. Votre nom : Charles Reed. Détective privé de votre état, pas très loin de l'Ohio tant votre ancienne expérience de plongeur dans la Marine vous a laissé des traces. Visions, troubles psychiques et autres palpitations sont votre lot quotidien. C'est un peu la raison qui vous pousse jusqu'à Oakmont, persuadé que la clé de tout ça s'y trouve.
Il y a un poisson dans ma botte !

L'ambiance

Côté décors, certains lieux se révèlent plutôt réussis.

Quand on nous vend un jeu "à la Lovecraft", on s'attend à du lourd question ambiance. Et sur ce point, The Sinking City ne fait pas dans la dentelle et sort la grosse artillerie : sols poisseux, ruelles glauques, lumières éparses, passants bizarres, bruits inquiétants... Tout y est. La ville entière est l'antithèse de hospitalité. Les développeurs ont d'ailleurs fait le choix étonnant d'illustrer le racisme de l'époque (nous sommes en 1920) en affublant certains personnages d'un visage animalier. Ainsi, vous allez croiser et discuter avec des hommes-poissons ou encore des hommes-singes. Un parti pris déconcertant – nébuleusement justifié par un avertissement au lancement du jeu – qui a surtout pour effet de parasiter votre immersion.
Bonjour l'ambiance

Le principe

Vos longues balades en barque n'auront rien de romantique.

Habitué aux jeux à troisième personne, Frogwares décline une nouvelle fois cette vue sur The Sinking City. Il faut une bonne demi-heure pour s'habituer à la rigidité du personnage principal, et passer outre un open world en demi teinte : les environnements se ressemblent beaucoup, les intérieurs encore plus et les phase maritimes (vous devez utiliser un canot pour circuler dans les zones submergées de la ville) se révèlent rapidement sans grand intérêt. Heureusement, les développeurs n'ont pas été avares en détails et certains lieux offrent un joli relief à l'aventure.

C'est justement ce qui permet au jeu de décoller et proposer une enquête relativement motivante. Questionner les PNJ, récupérer des indices à droite et à gauche, les noter puis les associer pour enfin parvenir à une déduction. Sur ce plan, The Sinking City décline le principe utilisé par les précédentes productions Frogwares : c'est propre, intéressant et donc plutôt efficace.

Là où le jeu pèche véritablement, c'est durant les séquences dites "d'action" qui vous obligent à combattre des créatures qu'on penserait tout droit sorties d'un Silent Hill. La jouabilité TPS n'est clairement pas adaptée aux articulations en carton de votre héros. Sans compter que ces ennemis ne peuvent être abattus qu'en visant des zones précises de leur corps. Vos déplacements en carton associés à une faible quantité de munitions et une étonnante agilité de vos adversaires rendent ces séquences très pénibles.
Une jouabilité rigide et oxydée

Pour qui ?

Si vous souhaitez l'interroger celui là, ça risque d'être compromis...

Les habitués des jeux d'enquête de Frogwares ne seront pas dépaysés et retrouveront avec plaisir des rouages bien huilés. S'ils ne jurent que par Sherlock Holmes et son flegme britannique, ils risquent cependant d'être un peu décontenancés par la direction lovecraftienne de The Sinking City et les choix artistiques qu'elle entraîne.

Pour les nouveaux venus, attention à ne pas porter trop d'espoirs sur les caractéristiques TPS et open world affichées par le jeu. Elles sont en effet limitées, voire parfois même décourageantes. The Sinking City est un titre AA. Il lui manque encore une lettre pour proposer une jouabilité réellement confortable.
Les détectives calmes et méticuleux

L'anecdote

Un moyen de se prémunir d'éventuelles attaques ?

Comme évoqué dans le paragraphe "L'ambiance", The Sinking City s'ouvre sur l'écran ci-dessus. On tombe régulièrement (et de plus en plus) sur ce genre de message à caractère informatif pour introduire une œuvre de fiction. Et franchement, je suis de plus en plus partagé sur la présence de cet "avertissement" récurrent. Est-ce la preuve que notre époque est de plus en plus contrainte par le politiquement correct ? Que nous-mêmes, spectateurs, joueurs, sommes de moins en moins à même de saisir ce qui est une intention d'auteur(s). Que sous prétexte de se prémunir de toutes polémiques, il faille absolument justifier une démarche artistique ?
Un drôle de message à caractère informatif
Les Plus
  • Une enquête intéressante
  • L'ambiance poisseuse et angoissante
  • Des dialogues bien localisés
Les Moins
  • Un open world engoncé et répétitif
  • Des déplacements en barque inutiles
  • La rigidité de votre personnage
  • La jouabilité des combats démotivante
Résultat

L'expertise de Frogwares en matière de jeux d'enquête n'est plus à prouver. Les mécanismes qui vous amènent à résoudre les énigmes sont toujours aussi efficaces et l'ambiance lovecraftienne, joliment retranscrite, apporte une touche intéressante à l'ensemble. Malheureusement, la jouabilité de votre héros est encore une fois trop rigide et l'open world dans lequel on vous propose de le déplacer pas suffisamment permissif et motivant pour faire mouche.

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