Vous repartirez bien en Erasmus au fin fond de l'Espagne ?
En 2005 Resident Evil 4 marque un tournant dans l'interprétation de l'horreur par Capcom en mettant l'accent sur l'action, aux antipodes de ses aînés. Et pour le plus grand plaisir des joueurs. 14 ans après, ressortir ce hit sur Switch c'est comme fouiller dans les cartons d'une brocante et retomber sur une perle. Vous soufflez un gros coup sur la boîte crasseuse pour la dépoussiérer et restez songeur quelques instants. Comment la fille du président a-t-elle à ce point raté son Erasmus ? L'Espagne concentre-t-elle le plus de machines à écrire au kilomètre carré ? Qui est ce marchand qui a une boutique jusque dans la chambre du noble local ? Trop de questions auxquelles vous n'avez toujours pas les réponses. L'occasion de replonger ?
L'histoire
Bienvenue dans Resident Evil 4, le titre de la saga qui a longtemps tenu le titre du game design le mieux pensé, avec ses scènes cultes à chaque coin de couloir et ses boss insectoïdes qui restent dans les mémoires. Plus vous avancez dans le titre, plus vous vivez des séquences d'anthologie en vous disant qu'il n'est pas possible de faire plus fort au prochain coup. Et pourtant si : Resident Evil 4 fait partie de ces jeux auxquels vous revenez sans cesse, tellement il est facile de glisser le doigt dans l'engrenage et se faire happer tout entier dans la machine bien huilée. Ah et pour le reste de l'histoire : évidemment vous retrouvez Ashley, mais vous ne pourrez pas vous enfuir si facilement puisque l'enragé local vous a inoculé le virus qui asservit les villageois. Vous fuirez en traversant la montagne, puis un château-monastère (et pourquoi pas ?), puis une île abritant un laboratoire ultra-moderne.
Le principe
Bah alors ? Tu viens plus aux soirées ?
Relancer Resident Evil 4 sur Switch en 2019 sera proche de la sensation de se faire violence pour s'élancer dans un footing un dimanche à 7 h après une soirée un peu trop chargée. Leon est rouillé, raide comme un piquet, habile comme un aveugle. Il a vieilli, Leon. Sa jeunesse de 2005 n'est plus qu'un souvenir. Mais très vite, vous reprenez le blondinet en main. Certes, vous ne pouvez ni marcher de côté, ni tirer en marchant, ni vous baisser. Mais vous pouvez vous retourner en un clin d'œil, passer le temps que vous voulez dans votre inventaire pour soigner ou changer d'arme en plein combat (lol), et surtout, vous avez l'ouïe fine. Resident Evil 4 se joue avec le son bien dans les oreilles, pour être à l'affût du moindre grognement plus ou moins humain, anticiper une attaque, déceler des ennemis. En somme, sortir indemne d'un combat.
Le portage Switch
Le jouissif dernier coup de fusil qui transforme un ennemi en Liebig
En 2007, Capcom a frappé fort avec une version adaptée à la Wii. La jouabilité a alors été complètement revue, bénéficiant du pointeur de la console de Nintendo faisant office de pistolet. Un pur régal. Sur Switch, rien de tout ça, malheureusement ; tout se passe de manière classique avec croix, gâchettes et boutons. Le jeu n'a absolument pas changé, il embarque ses bonnes idées de 2005 mais aussi ses petits points de friction qui pourraient, en réalité, être corrigés. Comment ça, on rêve d'un RE:4 avec le graphisme et le gameplay de RE:7 ?
Pour qui ?
Certainement l'une des scènes les plus marquantes de l'année 2005.
A contrario, Resident Evil 4 vous intrigue mais vous n'y avez jamais goûté. Vous le voyez en promo sur Switch, vous hésitez. Est-ce qu'il accompagnera vos soirées estivales ? Si vous êtes un joueur exigeant qui ne jure que par la fluidité des mouvements de votre personnage, passez votre chemin : malgré ses bonnes intentions et son humour en toutes circonstances, il n'y a pas qu'un virus que les vilains ont fourré dans le derrière de Leon. Le pauvre a du mal à voir sur les côtés et se fera surprendre plus d'une fois par un ennemi plus agile que lui. Mais si vous avez le cœur à l'exploration – voire à l'archéologie vidéoludique –, sautez sans hésiter sur l'opportunité de vivre l'une des expériences les mieux ficelées made in Capcom.
L'anecdote
Mais enfin ! Ashley ! C'est pendant ton Erasmus que t'as appris ça ?
Par déduction, on peut imaginer qu'il est un vendeur d'armes opportuniste ; il fournit aussi bien Leon que ses ennemis. Il a ses entrées, les monstres et villageois ne l'agressent jamais : monsieur le marchand sait graisser les pattes. Plusieurs fois j'ai voulu lui parler, dépasser les simples dialogues et son rire unique qui ont marqué tant de joueurs. Mais aucun bouton ne permet de déclencher un "Qui êtes-vous ?" ou bien un "Que faites-vous là ?". De nombreuses théories circulent sur ce marchand. Il serait lui aussi infecté, lui permettant de traverser les lignes ennemies. Mais il meurt quand vous lui tirez dessus (oui, évidemment que j'ai essayé). Je veux un jeu dédié à ce marchand. Je veux tout savoir de sa vie, ses combats. Que devient-il après qu'Ada ait fait exploser l'île ? Qui sont ses prochains clients ? Quelle est la marque de son sac à dos ? Trop de questions, pas assez de réponses.
- Un scénario haletant
- Le rythme impeccable
- La coopération forcée du duo Leon / Ashley fonctionne très bien
- Une difficulté bien dosée et adaptée au joueur
- Le premier jeu à utiliser la vue caméra épaule !
- Toujours un plaisir de s'y recoller
- J'insiste, mais à quand une version réellement revue et augmentée ?
- Certaines textures sont dignes d'une chemise Desigual
Ne vous fiez pas aux apparences, Resident Evil 4 HD a beau avoir 14 ans, ses rides ne sont pas encore si perceptibles. Certes, pour un joueur novice, le choc sera rude. Mais pour un amoureux de la saga, ce titre occupe une place particulière. Resident Evil 4 HD est un concentré de bonnes idées de level design, au rythme impeccable, alternant avec brio les combats ardus et les phases de tension, avec une difficulté toujours agréable et jamais agaçante. Certes, Leon manque de souplesse dans sa direction, mais en vous y prenant bien vous le ferez gambader comme un cabri dans cet environnement souillé, habité de villageois qui ont d'horribles insectes qui sortent de leur tête après un headshot.