Une aventure tout sauf boring
- Éditeur Sony Interactive Entertainment
- Développeur Quantic Dream
- Sortie initiale 25 mai 2018
- Genre Aventure
Un jeu, vraiment ? Le studio français Quantic Dream est un habitué du genre, particulièrement clivant, où le scénario est au cœur de titre. Si vous n'aimez pas les "jeux narratifs" où l'émotion prend le dessus sur l'action, passez votre chemin. Pour vous autres, Detroit se rapproche du diamant finement taillé, à la fois dans la continuité des titres du studio mais avec une approche qui lui est propre, cependant parfois un peu simple.
L'histoire
Connor, un androïde policier expérimental, est chargé de mener l'enquête en soutient d'un inspecteur humain renfrogné. Markus, un auxiliaire de vie d'un artiste âgé, est déboussolé après que son "père" décède sous ses yeux. Kara pète un transistor quand elle est la témoin d'actes de violence de son maître envers sa fille. Vous incarnez en parallèle ces trois personnages pour les accompagner dans leur quête de soi. À vous de décider de la ligne de conduite que vous adoptez, au fil des confrontations. Plutôt humain ou robot ?
Le principe
Bonne ambiance à Detroit !
Le système de jeu
Le moment où vous vous demandez si vous avez pris les bonnes décisions
Connor l'apprenti flic est sans doute le personnage le plus attendu, mais le plus réussi. Avec entre les mains des dizaines de cas d'androïdes déviants, vous enquêtez sur plusieurs scènes de crime en essayant de connecter les indices. Connor bénéficie d'un système de jeu plus avancé avec une capacité d'analyse de terrain et de déduction, qui rend ses chapitres plus interactifs que les autres. Jeune bleu de la police, il doit sans cesse tenter de se faire respecter sans jamais froisser son coéquipier particulièrement remonté contre les androïdes. Gagner son amitié vous semblera être une activité parallèle distrayante, au regard de l'enquête principale, mais cela se révèlera payant sur le long terme...
Pour qui ?
Les enquêtes de Connor, on en demande encore !
Côté histoire, Detroit est à mi-chemin entre le roman SF un peu naïf et un film de M. Night Shyamalan, avec un gros twist à la fin mais que vous voyez venir depuis la moitié du jeu. Il y a d'excellentes idées mais malheureusement, l'univers du jeu semble bloqué aux frontières des chapitres et on voudrait en savoir plus. Comment est-il possible que des androïdes soient capables de manier autant d'objets avec autant de facilité ? Pourquoi sont-ils des êtres indépendants et incapables de partager une intelligence collective qui les rendrait plus forts ? Pourquoi ont-ils des muscles de fillettes de 8 ans alors qu'ils sont en acier ? S'ils sont libres, les androïdes paieront-ils des impôts ? Mais bon. Le jeu n'est pas là pour ça. Le jeu est là pour vous mettre à la place de populations qui subissent une forme violente de ségrégation au quotidien, et cela n'a jamais été aussi parlant que dans notre société contemporaine. L'autre fait peur, alors on se protège en le cloisonnant, en l'isolant, voire en l'éliminant.
L'anecdote
Tuerez-vous un androïde pour quelques informations ?
- Prise en mains simple et immédiate
- Votre personnalité sculpte le jeu au fur et à mesure
- Des personnages attachants
- Les chapitres de Connor nettement au-dessus
- Les séquences de QTE sont très difficiles à rater
- Un poil lent à se mettre en place
- Les 3 aventures auraient mérité chacune un jeu complet
L'équipe de Quantic Dream a fourni un boulot remarquable. Quels que soient vos choix et les embranchements, l'histoire reste logique et consistante. Certaines branches vous couperont net dans votre élan d'émancipation androïde, à vous de bien faire attention aux conséquences de vos paroles (et accessoirement de vos actes, mais ça n'est clairement pas là où se joue l'action). Alors certes, il ne faut pas abandonner le jeu quand votre mission principale sera de laver la vaisselle ou servir un petit-déjeuner : cela participe à la construction de l'intrigue. C'est cela qui est intéressant dans Detroit : entre deux actes décisifs, vous vivez des moments de vie sans enjeu particulier, si ce n'est vous demander si votre personnage n'est finalement pas plus humain que ses maîtres...