Test | Resident Evil VII
05 mars 2017

Entrée – Plat – Dessert – DLC

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Resident Evil VII
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Capcom
  • Sortie initiale 24 janv. 2017
  • Genres Action, Aventure, Survival

Capcom prône un "retour aux sources" pour Resident Evil VII, mais c'est bien plus que cela. Le titre impose sévèrement son style, empruntant les bonnes idées de la concurrence de ces deux dernières années. Adieu les agents spéciaux sur-entraînés, bonjour Ethan, monsieur Tout-le-monde pris au piège de l'horreur glauque et dégoulinante parfaitement maîtrisée par la saga Resident Evil. À retrouver également dans les DLC Vidéos interdites.

L'histoire

Ethan est sans nouvelles de sa petite amie Zoe depuis plus de trois ans. Un jour, il reçoit un message de sa part, paniquée, lui disant qu'elle est détenue dans la ferme des Baker, dans le bayou de Louisiane. Oubliant complètement de transmettre le message aux autorités compétentes, Ethan prend sa voiture et fonce tête baissée. Mais en arrivant sur place, il découvre une maison abandonnée, crasseuse, à la cuisine remplie d'immondices. Ethan pense qu'il est tombé chez des vrais rednecks. Comme il ne rencontre personne et trouve tout à fait normal de rentrer chez les gens et fouiller dans leurs affaires, il se passe une cassette VHS qu'il a trouvée près du magnéto. Sur cette cassette, on peut voir une bande de journalistes à la petite semaine explorer la maison, pour le tournage d'un épisode d'émission sur les maisons hantées.

Mais l'exploration tourne mal, les gars se font saigner tour à tour par le père Baker. Ethan, poursuit quand même son exploration de la sinistre demeure, des fois que la VHS soit un bon gros fake. Il finit par tomber sur Zoe au fond d'une cave, pas spécialement ravie de voir son héros de copain débarquer. Car ça n'est pas elle qui lui a envoyé le message. Mais qui ? Peut-être le démon qui l'habite, car après un petit câlin, votre copine devient une horrible sorcière qui visiblement vous aime à mourir. Ne voulant pas servir de carpette pour les prochains locataires, vous attrapez la première arme venue et lui trouez la cervelle. Sympa, les retrouvailles ! Mais ça n'est que le début : vous voilà tombé dans le piège de la famille Baker dont la spécialité porte sur la régénérescence des membres coupés...
Perdu de recherche

Le principe

Quand ta copine n'a pas mangé depuis 3 jours.

Dans les détails, il est impensable que l'équipe du jeu n'ait pas apprécié Outlast. Cet excellent titre, sorti de presque nulle part fin 2013 donnait un sacré coup de pied au concept de survival horror en abolissant les armes et ringardisant au passage les derniers Resident Evil. Resident Evil VII replace la barre assez haut mais sans abolir les combats. Il ne fera cependant pas de vous un fou de la gâchette : les munitions sont rares et méritent d'être utilisées avec parcimonie. Vous en arrivez, la plupart du temps, à esquiver le combat (les ennemis ne savent pas ouvrir une porte et ne lâchent aucun item une fois morts) ou bien à leur taillader la jugulaire à coup de canif, pour la beauté de l'action ou simplement libérer le passage. Dans un jeu où chaque balle compte, le choix de l'arme blanche se révèle le plus souvent le meilleur et même si les ennemis font peur, la meilleure défense est souvent l'attaque. Ne les laissez pas vous surprendre, arrachez-leur la tête d'un coup bien senti de fusil à pompe ou tranchez-leur un bras et vous serez peinard.

Pour la première fois dans un Resident Evil, c'est en vue subjective que vous affrontez vos peurs. Dans le plus pur style du survival horror, votre principal objectif est de vous maintenir en vie et d'affronter les monstruosités qui se dressent devant vous. La famille Baker étant sérieusement siphonnée, vous aurez affaire à l'increvable père, à la mutante mi-femme mi-araignée de mère, et aux jeux vicieux du fils ainé. La fille, bien qu'également contaminée, vous guidera par téléphone pour trouver les ingrédients du remède qui sauvera votre petite amie. Seul avec votre lampe torche et les rares munitions glanées de-ci de-là, vous explorez les couloirs craquants de la vielle bâtisse par vastes pans, sa cave inondée, ses dépendances pourries, chaque grand ensemble étant marqué de manière classique par la rencontre d'un boss. En résolvant quelques énigmes assez simples à base de clés à collecter, vous avancez de pièces en pièces, à la manière on ne peut plus classique de Resident Evil premier du nom. Les ennemis apparaissent sans surprise dans les recoins sombres ou derrière vous après avoir déclenché une action particulière, tandis que les plantes et remèdes concoctés soigneront vos vilaines blessures. Mais alors, qu'est-ce qui rend Resident Evil VII si sympathique à jouer ?
Prends ton canif, tes plantes et un fusil, on s'en va !

L'ambiance

Pauvre gars, ça doit pas être simple pour lui sur Tinder.

La réponse à la question précédente ne se situe pas spécialement dans la nouveauté apportée par Resident Evil VII. Il s'agit plutôt d'un ensemble de choix ingénieux, comme s'il s'agissait de synthétiser en un seul titre le meilleur des derniers survival horror en date. Outlast a offert la vue subjective, le héros ordinaire, les séquences au caméscope et la peur ambiante de l'ennemi invisible... Mais l'exagéré The Evil Within a ajouté un bon gros polish de gore, dont Resident Evil VII emprunte le meilleur morceau. Pas de surenchère de chair, de sang et de pus. Juste ce qu'il faut, disséminé un peu partout, qui donne une ambiance sérieusement dérangée à la ferme des Baker. Une sorte de malaise permanent, dérangeant mais sans être pénible.

Certains passages en jouent et sont d'ailleurs très jouissifs. Les deux fois où vous affrontez Jack Baker dans sa forme humaine resteront dans les annales vidéoludiques. Le premier combat se déroule dans le garage, avec un acharnement assez prononcé du bonhomme pour vous réduire en bouillie après qu'il ait coupé en deux le crâne d'un policier un peu trop téméraire. Vous placer au volant de votre voiture pour l'empaler contre le mur est comme une revanche sur les premières heures bien stressantes que vous venez de vivre dans le jeu. Plus loin, une scie électrique à la main, vous aurez la satisfaction d'ouvrir Jack en deux et voir battre son pouls à vif (ce qui ne l'empêchera pas de revenir plus tard hanter votre partie...).
Une recette aux petits oignons

Pour qui ?

Allez Jack, confie-toi à moi, ouvre-moi ton cœur.

Vous êtes un inconditionnel des Resident Evil ? Ce septième épisode vous séduira par le virage pris vers une approche moins "forces spéciales" et plus "aventure solitaire d'une âme en peine". Vous n'avez jamais touché à un titre de la saga ? Voilà l'excellente occasion de vous essayer à son ambiance particulière, qui donne envie d'y revenir même après avoir laissé dérouler le générique de fin. La prise en main est on ne peut plus simple, les mouvements de caméra ne sont pas problématiques comme dans un Evil Within et la vue à la première personne participe à une ambiance sordide qui vous glacera les os.

Pour les habitués du genre survival, Resident Evil VII présente tout de même quelques limites. Ainsi, même avec des munitions en faible nombre, vous n'êtes jamais réellement à court. Les combats peuvent se terminer sur le fil, avec la dernière balle, mais quelques caches à trouver vous permettront de rapidement refaire le plein. Il faudra débloquer le mode survie pour se frotter à des ennemis réellement dangereux. De plus, le troisième tiers du jeu, sur le pétrolier, semble un peu détaché du reste de l'aventure. Les pièces du puzzle narratif s'emboitent, certes, mais cette partie se joue presque sans s'arrêter de courir, pour en arriver au bout, tandis que le chapitre suivant dans la mine semble ne pas dévoiler tout son potentiel. Ce qui donne une fin de l'aventure avec un léger goût de trop peu, contrairement au début du jeu jouissif à tous les points de vue.
Un conseil : ne jouez pas seul dans votre salon

Et la VR ?

J'ai l'impression qu'il réclame à manger, pas vous ?

L'intérêt de Resident Evil VII repose pour beaucoup sur l'immersion qu'il offre. Mais si vous placez le PSVR devant vos yeux, cette sensation est décuplée de manière fantastique. Oubliez le concept de 2D offert par l'écran. L'aventure ne se vit pas comme d'habitude, vous êtes littéralement plongé dans le jeu. Le stress des ennemis vous cherchant vous pousse à jouer avec tout votre corps, rentrant les épaules et baissant la tête pour ne pas être vu tandis que vous êtes caché derrière une vulgaire caisse en bois. Les combats ne sont que plus épiques, les déplacements plus angoissants. Chaque couloir devient une source de stress, vous demandant ce qui vous attend derrière le coin. Certes, la résolution est légèrement dégradée mais avec le casque sur les yeux, vos voisins viendront frapper à la porte pour vous demander d'arrêter de beugler comme un âne.
Vos voisins vous entendront crier

Vidéos interdites Vol. 1

Le p'tit dej au lit, royal !

Mettons le holà tout de suite : les DLC prévus par Capcom ne poursuivent pas l'aventure principale d'Ethan. Il s'agit d'un ensemble de mini-jeux ou chapitres indépendants, chacun reposant sur une mécanique propre. Le premier, Vidéos interdites Vol. 1 propose trois expériences aux degrés d'intérêt variables.

La chambre : l'expérience très réussie de ce DLC, qui mêle habilement réflexion et stress. Après vous avoir attaché à votre lit, Marguerite vous apporte un horrible repas. Une fois sortie de la pièce, vous parvenez à vous détacher pour explorer la chambre crasseuse. Observez autour de vous, combinez les objets, pour trouver un échappatoire à cet enfer. Mais attention ! Si vous faites trop de bruit, Mère viendra vous réprimander...

Ethan doit mourir est un mode de jeu intéressant : les ennemis, très forts, vous tuent en un coup de griffes mais votre mort laisse sur place une statuette contenant l'un des objets collectés. Les objets sont en effet disséminés au hasard de la carte et dans un ordre également illogique : vous pouvez trouver des munitions avant un pistolet. L'objectif est de venir à bout d'une traite donc. Vous allez tout de même mourir de nombreuses fois d'acharnement...

Cauchemar : sans doute l'expérience la moins intéressante de toutes. Ici, coincé au sous-sol de la maison, vous devez survivre jusqu'à l'aube aux vagues d'ennemis qui s'en prennent à vous. Trois compacteurs vous fournissent en pièces métalliques pour améliorer vos armes et produire vos munitions ; il s'agit donc davantage d'un jeu de gestion de ressources qui pour être complété nécessitera une certaine minutie.
Un DLC inégal dans sa qualité

Vidéos interdites Vol. 2

Malheureux au jeu, heureux en amour ! Veinard !

Dans le DLC Vidéos interdites Vol. 2, trois autres expériences sont proposées. Et cette fois le résultat est globalement plus satisfaisant. Passage en revue de ces petits moments horrifiques :

Filles : il pourrait être qualifié de préquel à Resident Evil VII. Vous incarnez Zoé, la fille des Baker, le soir de la tornade qui a frappé la Louisiane et amènera le mystérieux cargo à s'échouer à proximité de la ferme. Alors que le dîner mijote chez cette famille tout à fait normale, Jack Baker débarque dans le salon, tenant entre ses bras une petite fille inanimée. Vous apportez à cette pauvre jeune fille des vêtements propres et c'est là que tout dérape. Elle s'enfuit, les plombs pètent... Et vous retrouvez vos parents, sacrément dérangés par rapport à il y a quelques minutes. Dans ce trop court épisode, deux fins sont possibles ; à vous de trouver les bons indices et embranchements pour faire vivre Zoé le plus longtemps possible.

Vingt-et-un : Lucas, le fils sadique des Baker, a organisé un tournoi de Black Jack où l'issue est soit la mort, soit la victoire. Facile ! Dans un esprit totalement tordu à la Saw, vous faites face à un autre prisonnier comme vous. Outre les règles classique du Black Jack, Lucas a introduit des cartes bonus qui vous permettent de multiplier les risques ou faciliter votre victoire. Chaque coup perdu engendre pour l'un des deux joueurs un doigt coupé ou une électrocution... Vous pouvez y passer des heures !

55e anniversaire de Jack : joyeux anniversaire, Jack ! Mia, pauvre soubrette qu'elle est, n'a d'autre choix que de satisfaire son appétit gargantuesque. Pour ce faire, vous disposez d'un temps limite pour explorer la zone aux alentours, trouver des victuailles en tout genre pour les ramener à à Jack et gagner quelques précieuses secondes en tuant les ennemis alentours. Plusieurs zones sont disponibles, à débloquer en réussissant le défi dans un temps correct.
Une meilleure mouture pour ce second DLC
Les Plus
  • Horriblement beau, avec des détails sales bien soignés
  • L'immersion est totale
  • Le PSVR, cette invention qui vous catapulte dans le jeu
  • L'ambiance sonore et lumineuse des plus soignées
Les Moins
  • Dommage que le mode survie ne soit pas d'emblée disponible
  • Les ennemis sont tellement scriptés que recharger un point de passage vous donne une lecture claire des actions à faire
  • Les passages du pétrolier et de la mine, comme sous-exploités
Résultat

En empruntant le meilleur du genre, Resident Evil VII offre une poche de sang neuf à la saga Capcom. Le passage à la vue subjective, décuplée avec le PSVR, rend l'horreur de la ferme Baker aussi palpable que si vous y étiez. L'immersion jouissive de Resident Evil VII gomme quelques facilités d'usage, comme la classique exploration chapitrée, rythmée par des boss de niveau. Ou encore la gestion des munitions, toujours sur le fil mais sans jamais totalement vous laisser à poil. Même si cette vieille ferme qui craque de partout n'a rien d'accueillant, c'est avec plaisir que vous y plongez tout entier, en espérant en sortir en un seul morceau.

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