Test | Dragon Quest VII
04 oct. 2016

Un remake à la hauteur

Testé par sur
Dragon Quest VII

Premier épisode conçu pour une console Sony (la PlayStation), Dragon Quest VII avait, en 2001, autant fait parler pour ses graphismes désuets que pour sa durée de vie colossale. Quinze ans plus tard, le titre arrive enfin en Europe, et dans une version remise au goût du jour pour la 3DS de Nintendo.

L'histoire

Dragon Quest VII vous plonge sur une île isolée. À vrai dire, ses habitants affirment même qu'il s'agit de l'unique île présente dans ce monde. Pour votre part, vous êtes adepte d'aventure en plus d'être ami avec le Prince du modeste royaume. Tandis que vous êtes intrigués par un passage secret, vous vous retrouvez (vous, le Prince et votre amie Maribel) propulsés sur une île mystérieuse. Après avoir aidé ses habitants, vous parvenez à rentrer chez vous où un gardien vous conseille de trouver des fragments perdus. En effet, c'est grâce à ces derniers que vous pouvez explorer des îles disparues... Et surtout les faire réapparaître dans votre monde.

En réalité, Dragon Quest VII est aussi bavard que moderne. Bavard car il vous faudra au moins deux heures pour affronter votre premier monstre. Moderne car il faut néanmoins souligner le travail exceptionnel effectué sur les dialogues. La caractérisation des protagonistes (mais aussi celle des personnages secondaires) est une réussite, et il est marrant de voir les différences de tons entre des générations issues de différentes époques. De ce point de vue, La Quête des Vestiges du Monde est donc une très bonne surprise.

Soulignons aussi cet étrange rapport au réel. En effet, ce n'est pas un hasard si les premières heures de jeux paraissent longues : il vous faut parfois exécuter de nombreuses actions paraissant anecdotiques. Rébarbatif ? Pas vraiment car voila qui renforce, en quelque sorte, l'aspect aventure du titre. Parti de rien, le héros se trouve, au fil des dizaines d'heures de jeu, emporté dans un vrai périple. Une sensation assez juste et qui n'est pas sans rappeler celle ressentie au début de chaque épisode de Zelda.
Koh-Lanta : La Quête du Dragon

L'emballage

Le fait de parler à des protagonistes à des époques différentes est très amusant.

Sur 3DS, Dragon Quest VII est une vraie réussite. Tout d'abord, signalons qu'il s'agit ici d'un véritable remake qui, de ce fait, met aux oubliettes les graphismes désuets du jeu d'origine. La Quête des Vestiges du Monde repose sur une 3D intégrale (l'épisode initial mélangeait 2D et 3D, un peu comme Grandia pourtant sorti bien plus tôt). Les graphismes sont ici à la hauteur de la console et mettent parfaitement en valeur le chara-design d'Akira Toriyama. Enfin, la 3D relief est agréable et le jeu profite évidemment des atouts de la série en matière de perspective (notamment lors des combats).
Exemplaire !

Le principe

En plus du bouton de la 3DS, il est possible de gérer la profondeur de la 3D dans les paramètres.

Dragon Quest VII a ce paradoxe d'être – pendant une bonne partie de son aventure – presque uniquement basé sur son moteur ludique. Il faut un certain temps pour voir une trame principale réellement émerger du titre, ce dernier se contentant (pendant la première quinzaine d'heures) de cumuler des quêtes "annexes" mais singulières. L'avantage de cette sorte de routine, c'est qu'elle est à la fois plutôt bien adaptée au format portable (vous pouvez par exemple vous occuper d'une île par semaine), tout en permettant une certaine optimisation des parties : la structure du jeu étant rapidement visible, c'est à vous de prendre votre temps et de dénicher les meilleurs endroits pour engranger de l'expérience avec efficacité. Ainsi, vous comprendrez vite, par exemple, qu'il peut être intéressant de faire quelques combats dès votre arrivée sur une île histoire d'être au niveau le moment venu. De même, inutile de s'attarder bêtement dans une boutique après avoir fini un donjon : l'île suivante proposera probablement une ville disposant d'un matériel plus performant.

Pour peu que vous ayez compris cette dynamique accompagnant une bonne partie de l'aventure, progresser ne vous posera que très peu de problème. Une bonne chose quand on connaît le côté habituellement austère de Dragon Quest. D'ailleurs, il vous faudra toujours faire un détour par les bâtiments religieux pour pouvoir sauvegarder votre partie, tandis que les combats se résument toujours à du tour par tour très classique. Si les jeunes joueurs adeptes de systèmes dynamiques devraient trouver ce système assez froid, les adeptes de jeux de rôle des années 1990 devraient pour leur part y trouver leur compte.
Austère mais jamais trop

Pour qui ?

Énorme avantage de ce remake : les combats aléatoires laissent place à des ennemis visibles.

La Quête des Vestiges du Monde a cet énorme avantage d'avoir une technique qui joue pleinement en sa faveur. En effet, si le jeu reste assez hermétique par sa structure ou son système de combat, ses graphismes ou sa localisation française le rendent au final plutôt accessible pour les nouveaux joueurs, surtout comparé au jeu initial. Toutefois, que les joueurs du dimanche soient prévenus : il s'agit tout de même d'un vrai jeu d'aventure et, de ce fait, il arrive parfois d'être perdu 15/30 minutes car vous n'arrivez pas à trouver un personnage ou autre. C'est rare, mais cela arrive.
Plutôt accessible

L'anecdote

Dépourvu d'un réel fil rouge, le début du jeu propose tout de même son lot d'émotions.

Je me rappelle de cette époque, quand j'étais tout juste adolescent, lorsque les boutiques (vraiment) spécialisées existaient encore. Je me souviens donc de ces années où les magasins de jeu vidéo vendaient des titres importés du Japon ou des États-Unis car introuvables chez nous – les temps ont bien changé, notamment grâce à des éditeurs comme Koch Media. Dans les rayons, nous pouvions observer des jeux japonais aux jaquettes toutes plus belles les unes que les autres (The King of Fighters 98, etc.). Les jeux de rôle n'étaient pas en reste et je me souviens encore de toutes ces secondes passées à saliver devant les boîtiers de Legend of Mana ou Xenogears.

Dragon Quest VII faisait justement partie de ces titres. Il faut dire qu'à l'aube des années 2000, le style si caractéristique d'Akira Toriyama (Dragon Ball) faisait plus que jamais fureur. C'est donc avec une certaine émotion que j'ai débuté ce remake 3DS qui, s'il n'est pas la mouture d'origine, me permet au moins de découvrir une aventure dont je rêvais petit.
Il était une fois l'import
Les Plus
  • Les graphismes
  • Le style de Toriyama mis en valeur
  • Les musiques
  • La localisation exemplaire
  • Un principe sympathique
  • Une structure qu'il est amusant de "maîtriser"
  • Une progression et une difficulté parfaitement calibrées
  • Des histoires toujours plaisantes à découvrir
  • Bizarrement moins austère que d'autres épisodes
  • La 3D relief
Les Moins
  • Une trame principale qui tarde à se montrer
  • Certains trouveront toujours la série austère
Résultat

Sorti au Japon en 2013, ce remake de Dragon Quest VII n'a rien perdu de sa superbe et demeure une franche réussite. Bénéficiant d'un emballage cinq étoiles (qu'il s'agisse des graphismes, de la musique ou de la localisation), le jeu est accessible au public européen dans les meilleures conditions possibles. Côté jeu, le titre assure le principal avec un principe fort et un système de combat qui, s'il demeure austère, reste calibré au poil. Au final, seul quelques soucis de rythme ainsi qu'une trame principale qui met du temps à décoller viendront ternir le tableau... et en rebuteront peut-être quelques-uns. Mais, entre nous, ils ne seraient pas très vaillants.

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