Test | In Cold Blood
07 nov. 2000

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In Cold Blood

S'il manquait peu de choses à la version Playstation de De Sang Froid pour rivaliser avec les hits du genre, son adaptation PC transcende littéralement ce jeu d'aventure passionnant signé Revolution Software. Basé sur un scénario original et imprévisible, il apporte en plus un ingrédient rare mais pourtant essentiel à une production réussie : la profondeur.

Introduction

Même s'il est au service de sa gracieuse majesté, l'anglais John Cord s'apparente plus à un Indiana Jones qu'à un simple James Bond. Si son flegme typiquement britannique est bien là, ses méthodes sont nettement moins expéditives. Son blouson en cuir et les clins d'œil de l'histoire à certains classiques du cinéma d'aventure y sont sans doute pour beaucoup. Comme à son habitude, Cord n'a pas envie de perdre du temps sur sa nouvelle mission : retrouver un agent américain porté disparu dans un petit pays coincé entre l'ex-URSS et la Chine, la Volgie. Sur le papier, le challenge n'a pas l'air bien difficile, mais il va vite s'apercevoir, et vous avec lui, que la réalité est toute autre.

De la fin jusqu'au début

Comme le dit un célèbre dicton volgien : "Le chien qui renifle un trou a le cul en l'air". En ne soupçonnant pas les tenants et les aboutissants de l'affaire dans laquelle il va mettre les pieds, John Cord va vite se retrouver piégé. Vous débutez donc le jeu quand il n'y a apparemment plus rien à faire : Cord vient d'être fait prisonnier et, au regard de la bassine ensanglantée sur laquelle il est penché, on peut supposer que l'interrogatoire qu'il est en train de subir est des plus musclés. L'intrigue va donc être distillée au compte-goutte, au même rythme que les aveux de Cord. L'utilisation de cette technique du flash-back apporte beaucoup à votre immersion dans cette aventure puisque, même si vous savez déjà que ça va mal se terminer, vous ne saurez comment vous en êtes arrivé là qu'à la fin.

La griffe Revolution

De Sang Froid nous invite à une expérience assez intense et l'on doit cela à Revolution Software, une équipe qui a déjà prouvé ses talents avec des titres comme Les Chevaliers de Baphomet, et sa suite, Les Boucliers de Quetzalcoatl. Si l'on retrouve des dialogues très travaillés, de nombreux personnages caricaturaux, des situations diverses et variées, les similitudes avec ces précédentes productions ne vont pas plus loin. L'ambiance est plus oppressante, l'intrigue plus complexe. L'humour décalé cher à Revolution est aussi de la partie, même si sa présence est plus discrète. Il intervient d'une façon imprévisible et nous donne à entendre des dialogues parfois légèrement décalés (ne vous attendez tout de même pas à du Monkey Island...) qui apportent encore un peu de relief à l'histoire.

Tableaux vivants

A l'instar d'un Resident Evil, les décors sont fixes, donc très fins et détaillés. Votre enquête va vous amener à visiter différents lieux, aussi bien en intérieur qu'en extérieur (usines, mines, égouts, montagnes, îles, train, etc.), lieux où vous aurez l'occasion d'apprécier de nombreux effets visuels (brouillard, chutes de neige, fumées). Ajoutés à des jeux d'ombres et de lumières impeccables, ce jeu bénéficie d'un environnement graphique excellent. Les graphismes sont l'un des points que cette adaptation transcende. Mais, sur PC, on est en droit d'attendre cette qualité. Des cinématiques explosives viennent régulièrement illustrer l'action et insistent souvent sur le caractère traumatisant de l'interrogatoire subi par Cord. Les images sont donc chancelantes, sombres, centrées sur les visages des bourreaux... bref, une mise en scène empruntée aux meilleurs films du genre.

Cache cache

Le principe de l'aventure ne se résume pas à l'habituelle quête aux objets. Vous en aurez toujours à récupérer pour les utiliser au bon endroit, mais votre premier souci sera de ne pas vous faire remarquer. On passe donc allégrement des scènes d'infiltration pure où le but est de rester caché, à des situations plus subtiles où, à l'aide d'un déguisement, vous devez faire le moins de vagues possible. Ces moments là sont l'occasion pour vous de récolter un maximum d'informations en interrogeant les gardes et le personnel que vous rencontrerez. Pas question donc, d'utiliser votre arme comme un forcené. Subtilité et discernement sont les qualités indispensables à votre progression. La difficulté du jeu n'est pas insurmontable, cependant elle suppose l'élaboration de différentes tactiques en fonction de ces situations car le moindre faux pas, la moindre faute de jugement est obligatoirement synonyme de "ça devait être différent !", l'une des fameuses phrases auxquelles on a droit lorsque le héros se fait descendre.

De sang froid

Vous pouvez sauvegarder votre partie quand bon vous semble. Mais n'en concluez pas trop vite que votre taux d'adrénaline ne connaîtra pas des poussées subites. Sans être aussi flippant qu'un Resident Evil, De Sang Froid propose quelques scènes suffisamment enlevées pour augmenter votre rythme cardiaque. Rien de tel que le compte à rebours d'une bombe introuvable pour que vos mains glissent sur le clavier tellement elles sont moites. Autre exemple : un robot insensible à vos balles qui vous poursuit dans un niveau d'où vous ne pouvez pas sortir tant que vous n'aurez pas trouvé le moyen de l'éliminer. Classique mais terriblement efficace. Ce jeu vous plonge ainsi dans une ambiance très particulière où s'enchaînent les instants de calmes, axés sur les recherches d'indices, et d'autres plus mouvementés, où l'action prime avant tout.

Défauts corrigés

Hérité de Resident Evil (et surtout d'Alone in the Dark), le principe des décors de pré-rendu avec des positions caméra multiples permet des effets cinématographiques surprenants, soit, mais obligent aussi le joueur à une concentration minimum pour parvenir à diriger le personnage. Le système de déplacement catastrophique de la version Playstation trouve ici un allié de taille : le clavier. Si, sur PSX, le simple fait de passer une porte était déjà une épreuve, la manœuvre est grandement simplifiée car l'utilisation du clavier apporte plus de souplesse et de précision. Autre correction intéressante : les objets à ramasser scintillent. Sur la version PSX, il fallait constamment scruter l'écran pour les repérer. Avec cet ajout, Revolution est loin de nous prendre pour des débiles profonds mais nous aide plutôt à gagner du temps et recentre notre intérêt sur l'histoire en elle-même.

Ordi mon ami

Qu'est-ce qu'un agent sans son ordinateur de poche ? Un agent mort. Pour mener à bien cette enquête, vous allez utiliser le Remora (Remote Entry Mainframe Override and Recall Assistante), une montre très sophistiquée capable de se connecter à n'importe quel système informatique. Cette base de données, mise à jour automatiquement à chaque fois que vous collecterez de nouvelles informations, va aussi vous permettre de communiquer avec des alliés pour leur demander, par exemple, de vous contacter dès que possible. Enfin, le Remora dispose d'un mode Scan, très utile pour repérer la présence d'ennemis. Cet outil est beaucoup plus qu'un simple gadget et il autorise bon nombre d'interactions avec l'environnement, ce qui se traduit donc par une aventure plus complexe.

Plans trop larges

A trop rechercher les plans d'ensemble, idéaux pour souligner la magnificence graphique du jeu, les développeurs nous offrent des angles de vues parfois trop larges. Bien souvent, vous pénétrez dans une pièce qui dispose d'un seul et unique point de vue. Dans un débarras, ça n'est pas très gênant, mais dans un hangar énorme, ça devient problématique. A l'écran, le héros ne représente alors plus qu'une dizaine de pixels et, pire, les soldats planqués dans le fond à peine cinq... Ce défaut ne permet pas non plus de toujours bien distinguer les parties interactives du décor. Comment savoir que ce minuscule bouton rouge sur le mur du fond de la pièce est en fait un interrupteur ? Dommage que l'on n'ait pas droit au même système de caméra que Dino Crisis : des caméras qui suivent véritablement le personnage dans tous ses déplacements.

Imperfections minimes

De Sang Froid souffre aussi de petits défauts moins importants comme, par exemple, une numérisation médiocre des personnages. Toutefois, comme ce n'est que dans les rares plans rapprochés que l'on peut en juger, ça n'a rien de pénalisant. Vous aurez aussi affaire à quelques énigmes tordues (utiliser une clé d'égout pour actionner une échelle...) mais vous ne resterez jamais bloqué très longtemps. La progression est on ne peut plus linéaire et chaque action demande à être effectuée dans un ordre bien précis. Si on a vu pire, on a cependant vu mieux comme impression de liberté. Enfin, pour jouer les difficiles, soulignons des temps de chargements trop longs (excusables sur PSX mais sûrement pas sur PC) et qui viennent régulièrement casser le rythme de l'aventure.
Les Plus
  • Un scénario en béton
  • Des cinématiques très "cinéma"
  • Une ambiance de choix
  • Des graphismes impeccables
  • Un humour discret mais jubilatoire
  • Les rebondissements de l'histoire
  • Des voix françaises réussies
  • Le Remora
Les Moins
  • L'animation des personnages
  • Des angles de vues pas toujours heureux
  • Les temps de chargements
Résultat

Les amateurs de jeux d'aventure bien léchés ont de très bonnes raisons de s'enthousiasmer. Grâce à son scénario fouillé et son ambiance graphique originale, De Sang Froid s'avère être plus que recommandable. En corrigeant la plupart des défauts de la version PSX et surtout, en transcendant ses nombreuses qualités, cette adaptation PC parvient sans problèmes à se hisser dans le peloton de tête des meilleurs jeux d'aventure du moment. Preuve en est que le PC reste la plate-forme idéale pour ce genre de jeu. Pour finir, soulignons la belle qualité des voix françaises car, si on a plus souvent l'occasion de critiquer une localisation bâclée, il serait dommage de ne pas l'acclamer quand elle est réussie.

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