Nombreuses sont les expositions qui ont tenté d'attirer le chaland en voulant dévoiler au public les arcanes du jeu vidéo, souvent à travers le dépoussiérage de vieilles consoles et bornes d'arcade. Mais aucune n'arrive à la cheville de "Jeu vidéo : l'expo", qui se tient en ce moment et jusqu'à août 2014 à la Cité des Sciences et de l'Industrie, à Paris. 1000m² de jeux, histoires, détails de gameplay, interactions ludiques, projections, qui réussissent le tour de force d'intéresser enfants, parents, grands-parents, qu'ils soient joueurs, l'aient été ou ne le soient pas encore.
Si vous pensez jouer aux jeux du moment ou même prendre en main de vieux pads des années 80, détrompez-vous. Cette exposition met à l'honneur l'histoire du jeu vidéo à travers un parcours extrêmement bien pensé. En démarrant par l'origine du jeu (pourquoi joue-t-on), avec le contexte dans lequel les jeux vidéo sont nés (le détournement d'un oscilloscope de laboratoire en pleine guerre froide), le visiteur se promène d'étape en étape, passant de vitrine d'objets d'époque à des panneaux riches en détails historiques, agrémentés de bornes interactives incitant le promeneur curieux à expérimenter un jeu. Car la force de cette exposition réside dans la reconstitution de concepts vidéoludiques d'époque, pour expliquer, de manière didactique, les rouages des jeux.
Un des exemples les plus frappants de cette démarche est le jeu "Evoland", qui retrace l'évolution des jeux d'aventure. Comment ? Vous démarrez avec un personnage en noir et blanc, vu de haut, qui ne peut qu'aller à droite. En avançant vous découvrez un coffre qui vous offre la possibilité d'aller à gauche. Retour sur vos pas, et plus loin un coffre vous permet d'aller dans toutes les directions. Et ainsi de suite, en passant en vrac par l'affichage 16 couleurs, l'obtention d'une épée pour tailler les buissons, les 256 couleurs, la vue 3D, etc. Un véritable hymne aux jeux d'aventures, qui permet aux plus jeunes n'ayant pas vécu ces évolutions de comprendre les clés du gameplay. Plus loin dans l'expo, c'est pour les jeux de courses qu'une borne emprunte le même procédé d'évolution.
Au fil de la visite, l'âge du jeu vidéo évolue aussi. Petite halte par un focus sur le jeu portable, transition vers le jeu professionnel, rétrospective des différents types de jeux jusqu'à aujourd'hui à l'aide d'un livre interactif – qui projette sur les pages des extraits de jeux –, écrans sous forme de bulles pour s'essayer au jeu de tir... Où que vous vous trouviez, il y a quelque chose à voir, à lire, à tester. Le clou étant la reproduction de Pong sous forme de table mécanique : chaque joueur dirige une barre à l'aide d'un joystick, tandis que la balle, un carré lumineux, rebondit à l'aide d'un bras mécanique.
Une exposition des plus réussies, que l'on aurait souhaité voir s'étendre sur encore plus de place. En effet, le succès qu'elle risque très fortement d'embrasser aura comme malheureuse conséquence une attente interminable avant de pouvoir entrer, enfin, dans ce temple dont on ne voudrait pas ressortir.