Test | Pharaoh: Cleopatra
25 sept. 2000

Testé par sur
Pharaoh: Cleopatra
  • Éditeur Sierra
  • Développeur Impressions
  • Sortie initiale 17 août 2000
  • Genre Gestion

En sortant Pharaon l'hiver dernier, Impressions n'avait pas pris beaucoup de risques. Adaptation de sa célèbre série Caesar à une sauce égyptienne très à la mode, cette simulation antique a vite trouvé sa place au pied du sapin. Ce n'est donc pas une grande surprise que de lui voir ajouter un add-on, Cléopâtre. Mais contrairement à la légende, cette extension est beaucoup plus sage que celle dont elle a emprunté le nom et ne fait que confirmer nos impressions sur le jeu original.

Egypte quand tu nous tiens...

La fascination exercée par ce pays sur le monde moderne est très importante et son histoire a logiquement et à plusieurs reprises, inspiré les médias : la littérature avec les best-sellers de Christian Jacq, le cinéma avec la divertissante mais oubliable Momie, etc. Dans le domaine des jeux vidéo, si la simulation antique a déjà prouvé qu'elle pouvait être fédératrice avec la série des Caesar, il était étonnant que personne n'ait encore pensé à exploiter la complexité de la civilisation égyptienne dans un jeu de gestion-stratégie. Habile mélange entre un Sim City et un contexte historique, Pharaon avait à première vue tout pour plaire et il a effectivement beaucoup plu.

Renouveau du genre

La grosse nouveauté de Pharaon reposait sur une agriculture conditionnée par les caprices du Nil, fleuve emblématique. Outre la diversité des denrées basées en grande partie sur cette agriculture, Impressions s'était attaché à développer l'autre aspect important de cette civilisation : la religion. Les lieux de cultes monumentaux tels que les mastabas, temples et pyramides, faisaient office de carotte pour le joueur puisqu'il devait gérer sa cité et ses ressources au mieux avant d'espérer avoir la possibilité d'en construire. Tout cela ajouté à une interface simplissime et Pharaon s'avérait être, au final, un jeu de gestion original et très complet, avec un parfum exotique suffisamment envoûtant pour nous faire oublier ses défauts.

Un nouveau nez, heu... jeu ?

Avec Cléopâtre, ne vous attendez pas à un lifting complet de Pharaon car vous seriez déçu. Graphiquement identique, cet add-on offre tout de même quelques petites nouveautés visuelles sympathiques : de nouveaux espaces (des vallées encaissées), de nouveaux bâtiments (des zoos, des ateliers de peintures, etc.) et de nouveaux monuments (des tombes royales, le temple d'Abou Simbel, le phare de Pharos et quelques autres surprises). Chacun d'entre eux bénéficie d'un souci du détail aussi pointu que celui apporté au jeu original et nous permet d'évoluer dans un environnement toujours aussi beau. Mais les nouveautés de l'emballage graphique ne vont pas plus loin. Pas question, par exemple, de contempler des cinématiques supplémentaires pour introduire les nouvelles campagnes ou simplement pour, au moins, rencontrer Cléopâtre. Impressions fait dans l'efficace, rien que dans l'efficace.

Missions bonus

Cléopâtre comporte quatre nouvelles campagnes s'étalant du Nouvel empire jusqu'à la fin de la période ptolémaïque. En résumé, vous débutez Cléopâtre là où vous aviez fini Pharaon (si vous l'avez fini...). Sans doute conscient de la durée énorme des campagnes, Impressions a aussi laissé la possibilité au joueur de jouer les missions individuellement et dans l'ordre souhaité. Au sein de ces mission, deux nouveaux types de challenges vous sont proposés : mission de survie (votre ville doit toujours exister à la fin du temps imparti) et mission en temps limité (vous devez atteindre les objectifs avant une date butoir).

Pharaon plus

L'interface a été optimisée et intègre de nouvelles fonctionnalités intéressantes car elles vont simplifier votre travail de gestionnaire : de nombreux raccourcis claviers pour mieux contrôler l'agencement de votre cité et un contrôle plus pratique du nombre et du type de messages reçus durant la partie. Le jeu en lui-même comporte des nouveautés appréciables comme par exemple de nouvelles denrées (henné, huile, peinture) et donc de nouvelles industries pour les utiliser (atelier de peinture, guilde d'artisans, fabricant de lampes). Dans la pratique, cela vous donne l'occasion de gérer plus de paramètres et donc de rendre votre challenge plus difficile. Autre ajout : des animaux sauvages plus agressifs que les simples hippopotames de Pharaon. Des lions, des aspics et des scorpions (géants !) vont ainsi venir tuer vos citoyens régulièrement tant qu'une brigade ne sera pas passée à proximité pour les éliminer...

Le charme se rompt

Passées ces premières bonnes impressions favorisées par un environnement graphique de qualité et une optimisation de l'interface, on redescend assez rapidement sur terre. Après quelques heures de jeu, le constat est le même : l'action est longue et répétitive. Malgré les efforts des développeurs sur la scénarisation des campagnes, chaque début de partie se ressemble beaucoup car vous débuterez toujours sur un terrain vide. La présence d'une petite cité de base aurait été la bienvenue pour éviter de perdre du temps à répéter les mêmes actions : construire un point d'eau, des habitations, des pavillons de chasse, des exploitations agricoles, des bazars... Bref, à force de reproduire à l'identique ce que vous venez de faire dans la mission précédente, l'intérêt général de votre progression en prend un sacré coup. Heureusement, il existe maintenant dans le mode campagne une possibilité de récupérer des économies, des troupes et des monuments provenant de vos anciennes cités. Mais cette option n'est disponible que dans quelques missions. Une bonne idée mal exploitée.

Bonnet d'âne

Le défaut majeur de Cléopâtre, c'est de ne pas avoir réussi à corriger ceux de Pharaon. Ainsi, des incohérences plus au moins gênantes vont venir "agrémenter" vos missions : un taux de chômage de 30 % alors que certaines industries manquent de main-d'œuvre, des charrettes immobiles alors que des entrepôts vides attendent avec impatience leur chargement, des habitations qui n'ont pas accès à une source d'eau de base alors qu'elles sont construites à proximité d'un puit... Autre détail qui a son importance : lorsque la cité est endettée (ce qui arrive fréquemment), il est toujours impossible de stopper l'activité d'une industrie secondaire comme dans Anno 1602, par exemple, pour réduire les coûts d'exploitation. Enfin, même si par rapport à la partie gestion les combats occupent un second rang, ils restent pauvres et sans grand intérêt. A croire qu'il faille chercher la justification de leur présence uniquement dans un souci du respect historique.

Trop sérieux tout ça

Ici, la rigueur est de mise. La civilisation égyptienne est abordée dans sa quasi totalité avec un réalisme exacerbé. Pour le gestionnaire aguerri, cela donne un challenge complexe et excitant. Par contre, pour le joueur qui recherche le plaisir immédiat et le fun à profusion, on est plus proche du non-jeu. Le but étant de construire la plus fabuleuse des cités et donc le maximum de monuments, on est un peu frustré de devoir passer par toutes ces étapes rébarbatives pour y parvenir. Et avant d'y parvenir, le temps va vous semblez très long, beaucoup trop long. Une fois que la cité est économiquement viable, il ne vous reste qu'à attendre que la production des matériaux nécessaires à la construction des monuments soit achevée. L'envie de laisser le jeu tourner seul est alors très forte.
Les Plus
  • Les graphismes très détaillés
  • La profusion typiquement égyptienne
  • Le moteur toujours aussi peu gourmand
  • Les nouveaux monuments
  • La durée de vie énorme avec de la patience…
Les Moins
  • La lenteur de l'action
  • Des voix lassantes
  • Beaucoup trop sérieux
  • Aspect stratégique limité
  • Toujours aussi «géométrique»
  • Pas de Cléopâtre
Résultat

Nous voilà devant un add-on assez frustrant. D'un côté l'expérience d'Impressions en matière de simulation antique est omniprésente (des graphismes magnifiques, une interface bien pensée et une gestion très complète), mais de l'autre, les défauts inhérents à ce type de jeu restent toujours aussi rébarbatifs. Malgré ces quelques apports intéressants, Cléopâtre ne parvient pas à corriger l'handicap essentiel dont souffrait Pharaon : une action lente et répétitive. Au final, une note un peu moyenne car même si le charme de l'Egypte opère, il n'opère pas très longtemps.

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