Ça manque un brin de folie
- Éditeur Warner Bros. Interactive
- Développeur Avalanche Studios
- Sortie initiale 3 sept. 2015
- Genres Action, Aventure
Le jeu vidéo Mad Max a une drôle d'histoire. D'abord prévu pour une sortie en 2014, le jeu de Warner a eu la bonne idée d'attendre le succès du dernier film en date : l'excellent Mad Max Fury Road. Toutefois, le jeu ne pâtit-il pas de la comparaison avec le long métrage ?
L'histoire
Mad Max retranscrit plutôt bien l'univers cinématographique des films de George Miller, ce grâce à quelques personnages plutôt réussis. Graphiquement, le jeu est plutôt joli mais pâtit sans doute d'un développement ayant débuté sur la génération précédente. Heureusement, la direction artistique finit de lui donner un cachet qui n'a rien à envier à l'ambiance de la saga.
Le principe
Très brutaux, les combats permettent des coups spectaculaires à mesure que l'aventure avance.
Ainsi, vous devez récupérer de la ferraille sur les différents endroits visités. Sur le papier, la grande idée de ce Mad Max résidait pourtant autre part : dans la nécessité de se nourrir, de remplir sa gourde et de boire pour recouvrer de la santé, ou même celle de trouver des bidons d'essence pour remplir son véhicule de carburant.
Hélas, vous vous rendez vite compte que tout cela est assez vain. En effet, Max n'est jamais réellement en difficulté, et il est dommage que l'aspect survie ne soit pas plus prononcé. Même lorsque votre véhicule est anéanti, Chumbucket n'aura aucun mal à le réparer sur place. C'est toute la différence entre un jeu comme celui-ci et l'excellent Alien Isolation – par exemple – qui n'avait pas peur de prendre des choix radicaux, quitte à ne plus tenir le joueur par la main.
Si le jeu reste relativement divertissant, vous n'avez jamais l'impression de subir l'environnement. C'est le cas pour la gestion des ressources, mais aussi pour les rencontres avec les adversaires. De ce point de vue, le titre reprend les grande lignes de Far Cry, avec la présence de postes de gardes, de convois et de points de reconnaissance. Si la recette a fait ses preuves, vous ne serez jamais surpris par la folie des ennemis. Jamais oppressé non plus, vous aurez du mal à vous sentir dans un monde de fous.
Paradoxalement, le jeu met parfois en avant des idées assez "burnées". Ainsi, vous appréciez le fait de devoir subir des tempêtes vous obligeant à vous cacher dans un lieu sûr pendant quelques minutes. De même, si la configuration des touches est globalement à la ramasse (il est hallucinant de voir que l'on saute avec une gâchette, ou que ce gros bénêt de Max est incapable de prendre un jerrycan d'une main et une arme de l'autre), les poursuites font parler la poudre et s'en sortent remarquablement bien, comme dans les films de la saga.
Pour qui ?
Exemple d'aberration : des déplacements rapides qui ne consomment pas un seul litre de carburant.
L'anecdote
Avouez : ça donne quand même envie de se faire une partie de Twisted Metal, non ? Dommage.
- Esthétiquement convaincant
- L'ambiance en général
- La Magnum Opus
- Quelques personnages secondaires bien sentis
- Une recette qui a (trop?) fait ses preuves
- Sur le papier, il y avait de l'idée
- Les tempêtes
- L'action au sein des véhicules
- Un jeu qui manque vraiment de "cojones"
- Quel dommage de ne pas avoir développé l'aspect survie !
- Le système d'amélioration bridé par la nécessité de remplir des missions ou cumuler des niveaux
- Un mode multi aurait pu être appréciable
- Des incohérences flagrantes dans le game design
Les productions Warner défilent et se ressemblent. Ainsi, après L'Ombre du Mordor et Batman, Mad Max reprend lui aussi les grandes lignes du monde ouvert et du combat au corps à corps. À vrai dire, difficile de ne pas imaginer que Warner s'aventure sur les plates-bandes d'Ubisoft : confectionner une recette propre à tous les jeux de l'éditeur. Si L'Ombre du Mordor offrait un élément de gameplay pertinent, et si le dernier Batman atteint le firmament grâce à une narration et une atmosphère digne des plus grands, Mad Max reste finalement un peu en retrait. À force de ménager la chèvre et le... fou, Avalanche Studios nous livre un titre qui manque de folie. Pourtant, une fois la dizaine d'heures passées, Mad Max gagne en souplesse et quelques moments de bravoure se dessinent (qu'il s'agisse de certaines scènes d'action ou de la beauté grisante des tempêtes). Un jeu plutôt bon, voire même très réussi sur le plan esthétique, mais qui n'arrive jamais à atteindre l'excellence ludique et artistique des meilleurs – la faute à des incohérences trop nombreuses dans le game design. Si suite il y a, espérons que le studio qui en aura la charge prendra plus de risques, car il y a assurément matière à faire un grand jeu.