Test | Devil's Third
22 sept. 2015

Le diable est dans les détails

Testé par sur
Devil's Third

Devil's Third a une longue histoire. Premier titre de Tomonobu Itagaki (Dead or Alive, Ninja Gaiden depuis l'arrivée de la franchise sur Xbox) suite à son départ de Tecmo en 2008, Devil's Third a eu une gestation difficile. D'abord édité par THQ à destination de la génération précédente, le jeu a été repris par Nintendo après la mort de l'américain.

L'histoire

Devil's Third rappelle le mauvais goût à la japonaise, un peu à la manière de titres comme Ninja Gaiden. Un groupe terroriste est parvenu à prendre le contrôle des satellites proches de la Terre afin de les faire exploser. La résultante de cela : les débris se sont multipliés autour de la planète (c'est le célèbre syndrome de Kessler) et ont causé des pannes électroniques considérables (avions, matériel militaire, etc.). Pour anéantir le SOD, groupe terroriste à l'origine de ce chaos, la planète fait appel à Ivan, une vielle connaissance de la milice, dont le look rappelle inévitablement Dwayne "The Rock" Johnson. Si le scénario se laisse suivre, ce dernier reste surtout l'occasion de parcourir la planète et de varier les ambiances. Un peu plus intéressant qu'à l'accoutumée dans ce genre de jeu japonais, l'histoire conserve l'aspect caricatural (mais symbolique) de bon nombre de titres nippons.
Du bon et du moins bon

L'emballage

Mi-Bruce Willis, mi-Dwayne Johnson

Heureusement, ces derniers sont plutôt bien modélisés (notamment lors de certaines cinématiques)... contrairement au reste du jeu. Devil's Third n'est clairement pas à la hauteur de la Wii U. Un constat notamment dû à la pauvreté globale des textures, en particulier dans les décors. Pour le coup, l'aspect kitsch et coloré des environnements sauvent probablement le jeu de la catastrophe, donnant l'impression d'une certaine diversité visuelle alors que des textures manquent à l'appel.
À revoir

Le principe

Combattre au corps-à-corps permet de remplir une jauge vous donnant l'ascendant sur vos ennemis.

La diversité, justement, est bien présente. Devil's Third mêle à la fois phases de shoot et combats au corps-à-corps. Non dépourvu de dynamisme (notamment grâce au sprint et à une caméra qui passe à la première personne lorsque vous visez), le titre n'en reste pas moins redondant à moins – justement – de jouer vous-même la carte du plaisir. Vous alternez généralement entre couloirs et zones ouvertes bondées d'ennemis. C'est alors à vous qu'il incombe de choisir comment éliminer ces derniers. D'un côté, il vous est parfaitement possible de rester planquer à couvert pour mitrailler tout ce qui bouge. Cependant (et un peu à la manière de Gears of War et son intégration de la tronçonneuse), Devil's Third pousse à chercher le contact direct avec l'ennemi.

En plus de sprinter, il vous est ainsi possible de glisser au sol. Si la manœuvre vous permet de canarder un ennemi, elle donne également la possibilité de réduire la distance entre vous et vos opposants, et ainsi d'espérer finir le travail au corps-à-corps. Pour ce faire, Ivan dispose d'un bon paquet d'armes blanches (katana, masses, etc.) trouvables dans l'environnement ou sur les cadavres. Hélas, les coups finaux sont finalement très basiques et seul le fait de choisir une arme plutôt qu'une autre vous donnera l'impression de varier les plaisir.
Un jeu peine à jouir ?

Le multi

Viser vous fait directement passer à la première personne.

Devil's Third n'est sorti que sur Wii U. Et il s'agit ici de l'un des rares jeux "adultes" de la console disposant d'un mode multijoueur conséquent. Rappelant déjà Call of Duty en solo, de par son scénario, la présence de briefing entre les missions ou même la structure de ses niveaux, Devil's Third propose un multi rappelant inévitablement les FPS occidentaux de ces dernières années. De la gestion de l'équipement à la montée en grade, en passant par une dizaine de mode de jeux et la présence d'événements ponctuels accordant des bonus d'expérience, le cahier des charges est une fois de plus rempli.

Toutefois, une fois en jeu, Devil's Third peine tout de même à convaincre. Malgré son contenu complet, difficile de ne pas voir le manque d'équilibrage du jeu. Contrairement au solo où vous profitiez de l'IA de l'ordinateur pour "tenter" des exécutions avec style, le multijoueur vous ramène vite sur terre, avec une alternance souvent bête et méchante entre shoot bourrin et coups à l'arme blanche. Tout cela pourrait passer si le cumule des niveaux n'impliquait pas un écart plutôt conséquent entre les équipements des joueurs. Devil's Third reprend donc la recette des FPS d'aujourd'hui, mais aussi bon nombre de soucis de notre époque.
Riche mais avec des failles

Pour qui ?

Le solo comporte quelques passages "annexes" apportant un peu de diversité.

Pour avoir une chance d'apprécier Devil's Third, il vous faudra déjà n'avoir qu'une Wii U. Car autant être clair : il y a mieux ailleurs. Sur Wii U, le jeu pâtit tout de même de la présence de titres comme Bayonetta ou Hyrule Warriors. En revanche, côté shooter, seul Splatoon fait office de référence sur la console de Nintendo. À vous donc de choisir.
Wii U + Shooter

L'anecdote

Ce genre de briefing rappelle quand même Call of Duty, tout comme le fond de fiction géopolitique.

En voyant les avis qui ont suivis les previews du jeu, Tomonobu Itagaki avait tenu des déclarations assez surprenantes sur Facebook, disant qu'il fallait que les joueurs y mettent du leur pour s'amuser avec le gameplay. Plus important selon nous : il faut avant tout comprendre l'origine du jeu, et notamment sa gestation compliqué pour être conciliant. L'indépendance a un prix.
Oui mais non
Les Plus
  • Pas mal de diversité dans le fond
  • Plus avant-gardiste qu'il en a l'air
  • Un contenu généreux
  • Quelques situations qui apportent de la variété dans le solo
Les Moins
  • Graphiquement à la ramasse
  • Un multi peu équilibré
  • Presque 15 Go à télécharger pour la version digitale, vous êtes prévenu
Résultat

Devil's Third est un jeu moyen en apparence mais avec une vraie vision. S'il peine à convaincre de prime abord, il est généreux en termes de contenu et plutôt avant-gardiste dans son mélange des genres. Voila donc un jeu dépassé sur tous les plans, et qui paye probablement une gestation difficile, mais qui a au moins le mérite d'avoir une âme révoltée. C'est assez rare, notamment sur la console de Nintendo.

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