Test | Still Life
19 avr. 2005

Bien plus qu'une nature morte

Testé par sur
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Still Life
  • Éditeur MC2
  • Développeur Microids
  • Sortie initiale 14 avr. 2005
  • Genre Aventure

La preview de Still Life nous avait fait forte impression et augurait du meilleur. Cette version complète touche effectivement de près le meilleur. Avec ce titre signé Microïds Canada, MC2 propose un jeu d'aventure très réussi, doté d'une intrigue haletante et mature qui ne devrait pas manquer de séduire les adeptes du genre. Voire plus.

Place à un nouvel écrin du genre

C'est un fait : les fans de jeux d'aventure – les purs et durs – ont de moins en moins souvent l'occasion de se mettre un bon titre sous la dent. La liste de ceux qui ont su sortir du lot depuis la période faste des années 90 est d'ailleurs rapide à dresser : entre les classiques The Black Mirror et Voyage au Centre de la Terre, les cartoonesques Runaway et Broken Sword 3, les classieux Syberia et derniers Myst, sans oublier le novateur In Memoriam, le choix se restreint d'année en année. Alors, lorsqu'une nouveauté pointe le bout de son nez, avec un bagage plus que rassurant (l'équipe de Microïds Canada n'en est pas à son premier essai) et des qualités prometteuses (cf. preview), on se dit que finalement, le genre "jeu d'aventure" est... toujours vivant. Et avec Still Life, il l'est bel et – très – bien.

Les joies du FBI

On arrive toujours après les autopsies. Et ce n'est pas plus mal...

Victoria McPherson a beau avoir de brillantes études derrière elle, cette agent du FBI n'a droit qu'à un ennuyeux travail de bureau. Ses rêves de terrain – attisés par une première enquête brillamment élucidée – ont bien du mal à se concrétiser. Alors, le jour où ses supérieurs lui confient une affaire de meurtres en série emballés dans d'étranges mises en scène, elle est évidemment très excitée. Seulement, après un cinquième cas éprouvant, elle ressent le besoin de se ressourcer quelques jours. Direction la maison familiale, dans la banlieue chic de Chicago. Elle y retrouve un papa gâteau tout sourire, sa chambre d'adolescente (rose avec des dentelles), mais surtout, un grenier rempli de vieilles affaires ayant appartenues à son grand-père, détective à Prague dans les années 1920. En parcourant ses vieux dossiers, elle note des similitudes étonnantes entre son affaire et l'un des cas sur lesquels son aïeul a enquêté. Flash-back.

Un duo chic pour une enquête choc

Une toile de maître qui ne peut pas être suspendue n'importe où.

Deux enquêtes qui s'entrecroisent, deux époques qui se complètent, deux ambiances qui n'en font qu'une, deux héros qui s'inspirent, deux progressions qui se rejoignent, la force de Still Life est d'abord basée sur la complémentarité. Cette stratégie scénaristique offre une double histoire haletante et l'on passe de l'une à l'autre – d'une manière dirigiste, bien entendu – avec un vrai appétit. Les séquences se déroulant dans le passé, à Prague, sont plus lentes et plus bavardes. Elles servent de clé de voûte à l'intrigue qui a lieu de nos jours, à Chicago. Cette dernière réserve suffisamment d'action et de nervosité, notamment au cours de cinématiques terriblement efficaces, pour embarquer le joueur dans une aventure sans temps mort.

Un excercice de style parfaitement maîtrisé

Les étudiants ne savent vraiment pas ranger leur chambre.

Still Life dispose d'un emballage visuel et technique de premier choix. À titre de comparaison, on se situe au niveau d'un Syberia 2, par exemple. La mièvrerie des décors pré-calculés en moins. Éclairages artistiques, textures détaillées, animations secondaires réussies, vraies recherches architecturales, tout est là pour nous happer dans l'aventure (et ce dès les premières minutes). Le gameplay point'n'clic est certes classique mais rempli son office – se faire oublier par le joueur – avec brio. Au cours des dialogues, on utilise d'ailleurs rapidement la fonction secondaire de la souris (le clic-droit) afin de dérouler les discussions indirectes, sans rapport immédiat avec l'intrigue. Elles distillent à l'histoire un second degré rafraîchissant – surtout au milieu des séquences macabres qui ne prêtent pas vraiment à rire – et apportent aux personnages une profondeur attachante, notamment concernant les deux héros, Victoria et Gustav.

Enigmatique mais pas bloquant

Voici l'un des puzzles les plus intéressants... et complexes.

Question énigmes, le nerf de la guerre de tout jeu d'aventure qui se respecte, quelques-unes d'entre elles risquent d'accaparer vos méninges un petit moment. L'ensemble est plutôt varié et accompagné d'une réalisation intelligente, voire originale à de nombreux endroits. Pour les plus complexes, des indices sont souvent disponibles à proximité (pour ouvrir le coffre du légiste, à Prague, faites donc un tour du côté des étagères...) ce qui rend la progression plus souple et certains passages moins insurmontables que de prime abord. Il existe même une énigme culinaire – techniquement très soignée – qui n'est pas directement liée à l'enquête mais qui permet d'humaniser un peu plus les rapports entre Victoria et son père. Sympathique.
Les Plus
  • Une histoire captivante d'un bout à l'autre
  • Une double aventure pour le prix d'une
  • Des cinématiques excellentes
  • Des énigmes originales, diverses et variées
  • Des dialogues bien pensés
  • Un soucis du détail constant
  • Un doublage impeccable
Les Moins
  • Un poil trop court
  • Un dénouement qui s'accélère et peut paraître trop ouvert
Résultat

Still Life est un jeu d'aventure maîtrisé de bout en bout, techniquement et artistiquement. Il dispose en plus d'une ambiance mature – et subtile – qui fait souvent défaut au public pourtant "vieillissant" des jeux vidéo (les séances d'autopsies et la récolte d'indices sur les lieux des crimes sont sans fioritures). Le tout étant baigné dans une atmopshère glauque à souhait, Still Life n'est clairement pas une histoire "tous publics". La diversité des séquences de jeu et la qualité du scénario – utilisant habilement les meilleures ficelles du genre thriller – finissent de faire de ce titre un choix judicieux pour les adeptes du point'n'clic. À tel point que les autres pourraient presque se laisser aussi tenter sans risque.

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