Test | Metal Gear Solid : Peace Walker, le digne héritier ?
12 oct. 2010

Testé par sur
Metal Gear Solid : Peace Walker
  • Éditeur Konami
  • Développeur Konami
  • Sortie initiale 17 juin 2010
  • Genre Action

Bien que Metal Gear Solid soit une saga mythique, Guns of the Patriots est loin d'avoir fait l'unanimité. Axé sur l'émotion, celui-ci comportait quelques maladresses et incohérences inhabituelles pour la série. Dès l'annonce de Peace Walker, Kojima a avoué considérer celui-ci comme un cinquième volet à part entière malgré le fait qu'il ne soit destiné, pour l'instant, qu'à la portable de Sony. On pouvait s'inquiéter quant-à la capacité de Kojima Production à créer un opus digne des meilleurs épisodes de salon ; mais dès les premières heures de jeu, on se rend vite compte que nos craintes étaient superflues.

Un épisode parfaitement ancré dans la saga

Se déroulant dix ans après Snake Eater, Peace Walker nous plonge toujours en pleine guerre froide, en 1974 pour être précis. Fatigué de n'être qu'un pion pour le gouvernement américain, Big Boss décide de monter sa propre milice, Militaires Sans Frontières, dont la base est censée devenir le Outer Heaven bien connu des fans de la franchise. Alors qu'il entraîne ses troupes avec son assistant Kazuhira Miller, Big Boss reçoit la visite de deux inconnus : Paz Ortega Andrade et Ramon Galvez Mena. Ce dernier prétend être envoyé par le gouvernement costaricain : sans armée depuis la fin de la guerre civile en 1948, le Costa Rica redoute la présence d'un groupe armé indépendant sur ses terres et aimerait que Militaires Sans Frontières intervienne. Situé en Amérique centrale, le pays est un emplacement stratégique qui permettrait aux Etats-Unis et à la Russie de rallier aisément l'Amérique du Sud à leurs causes respectives. La présence de cette force menace donc l'équilibre de la région, pour ne pas dire de la planète. Très méfiant à l'égard de Ramon Galvez Mena, Big Boss finit par accepter la mission à cause de Paz, une jeune fille intrigante et désireuse de paix (traduction de son nom soit dit en passant). Il va alors servir d'arbitre aux affaires de la CIA et du KGB auquel Ramon semble appartenir.

Véhiculant comme d'habitude un message pacifiste, Peace Walker est centré sur la notion de dissuasion nucléaire. Les événements s'enchaînent plus vite que la musique et un bon paquet de révélations et clins d'oeil sont de la partie. Pour leur part, Les personnages respectent le standing de la série : charismatiques, recherchés, profonds et bourrés de symboles, ils forcent l'admiration. Pour mettre cela en image, le studio a fait appel à Ashley Wood, illustrateur américain ayant officié sur Metal Gear Solid Digital Graphic Novel et nous proposant des cinématiques à couper le soufle. Ces dernières se payent le luxe d'impliquer le joueur en étant interactives. Niveau accessibilité, si on peut jouer à cet épisode sans connaître Metal Gear Solid, il est néanmoins conseillé d'avoir fini les premier et troisième volets pour le savourer pleinement. En plus d'être une VRAIE suite à Snake Eater, Peace Walker distille les symboles vis à vis de l'opus d'origine. En revanche, vous pouvez faire l'impasse sur Portable OPS, l'autre épisode PSP.

Une jouabilité qui n'est pas plus rebutante que cela

Les CQC sont toujours au programme.

En sortant son jeu sur PSP, Kojima Production se heurte de nouveau à un problème de taille : l'ergonomie de la machine. Pour Peace Walker, l'équipe nous propose une nouvelle configuration. On se déplace avec le stick analogique tandis que la croix directionnelle nous permet d'accéder à l'inventaire, d'exécuter des actions et de se baisser. Les gâchettes permettent de se mettre en position de tir et d'attaquer ou tirer. Reste les quatre touches habituelles (triangle, carré, croix, rond) qui servent à viser et positionner la caméra comme bon nous semble. Si cette configuration peut sembler étrange et peu adéquate, il était difficile de faire autrement vu que la PSP n'est pourvue que d'un seul stick. Une fois habitué à cette rigidité qui n'est pas sans rappeler le passé de la saga, on parvient tant bien que mal à retrouver les sensations d'antan, surtout que la difficulté et le level design sont calibrés en conséquence. Quoiqu'il en soit, on peut considérer que les développeurs ont fait de leur mieux avec le matériel dont ils disposaient. Les personnes qui trouveraient à y redire peuvent toutefois activer l'aide à la visée ou essayer les deux configurations alternatives (notamment celle de Portable OPS).

Une profondeur et une structure incroyables

La Mother Base, l'aspect gestion de cet épisode.

Un autre point important est la structure apportant un équilibre et un rythme quasi-parfait au jeu. Peace Walker est découpé en missions relativement courtes. Alors que les objectifs principaux font avancer la trame scénaristique, d'autres facultatifs ont pour but de nous entraîner ou de rallier des ennemis à notre cause. Comme dans Portable OPS, il nous est possible d'enrôler des soldats. Les allers-retours nous demandant de porter les gardes dans un camion laissent place au système fulton : une fois endormis, les ennemis peuvent être rapatrier à la base en hélicoptère à l'aide de ballons. Une idée géniale qui allie rapidité et efficacité. Et ne croyez pas que cela enlève du challenge au soft, il n'en est rien. Divisés en zones courtes et plutôt linéaires, les niveaux bénéficient d'un level design percutant et adapté au support. Ainsi, comptez entre 10 et 35 minute pour finir une mission, parfait quand on est dans les transports en commun. Si certaines d'entre elles permettent de foncer plus ou moins dans le tas, on note un retour à l'infiltration avec des niveaux bourrés de snipers et entièrement basés sur la discrétion. Pour parvenir à vos fins, vous pouvez gérer votre équipement comme bon vous semble et utiliser différentes tenues aux camouflages et caractéristiques spécifiques. Une fois l'objectif rempli, le jeu sauvegarde automatiquement et vous renvoie à la Mother Base, la base de Big Boss située dans les Caraïbes. C'est dans ce menu que réside le squelette du jeu, toutes ces petites choses qui font la différence. A l'instar de Portable OPS, les soldats récupérés peuvent être assignés à différents postes : combat, recherche et développement, cuisine, soin médicaux ou renseignement. Chaque choix influe sur l'évolution de votre base et la santé de vos hommes. En fonction des secteurs que vous développez, vous avez accès à tel ou tels armes et améliorations et pouvez envoyer vos hommes en missions (via un système de gestion sympathique mais trop simpliste). On se surprend néanmoins à gérer notre base et nos recherches avec une certaine minutie, comme on le ferait avec notre équipement dans un jeu de rôle. Intéressant.

La PSP dans ses derniers retranchements ?

En plus d'être impressionnants, certains boss nous proposent des affrontements d'anthologie.

Pour être à la hauteur des opus de salon, Peace Walker se devait de mettre la barre très haut en matière d'emballage visuel et sonore. En effet, Metal Gear Solid a souvent fait office de mètre-étalon pour la concurrence. Disons le tout de suite : cet épisode ne déroge pas à la règle et "envoie du lourd". Le jeu est graphiquement ahurissant et ne semble pas avoir fait de concessions au niveau technique. Rappelant fortement Snake Eater et ses environnements fouillés, la direction artistique est parfaitement maîtrisée et confirme l'impression d'être dans une véritable suite. Malgré cet enthousiasme manifeste dû aux premières minutes de jeu, ce sont les boss qui finissent par nous achever. Véritablement impressionnants de part leur taille et leur modélisation, ces derniers nous en font voir de toutes les couleurs en parcourant parfois l'écran à toute vitesse sans aucun ralentissements. La partie sonore n'est pas en reste puisque les musiques sont une nouvelles fois divines, tout comme les doublages. Pour peu que vous ayez 800 mo de libre sur votre Memory Stick, vous pouvez effectuer une installation afin d'avoir des temps de chargements beaucoup plus courts et l'intégralité des discussions en codec doublées. Au final, on se demande quand même comment le jeu peut tenir sur un seul UMD compte tenu de tout ce qu'il propose.

Un contenu gigantesque

Les surprises sont au rendez-vous.

Car le soft ne se finit pas en six heures, non, comptez une bonne grosse quinzaine d'heures pour venir à bout de la trame principale. Une durée à laquelle on peut ajouter des missions bonus assez nombreuses ainsi qu'une rejouabilité admirable grâce à un multijoueur véritablement réussi. L'intégralité des missions est faisable en coopération jusqu'à quatre joueurs. L'occasion de vivre l'aventure autrement et de nous faciliter grandement la tâche. Si la coopération apporte des choses que l'on a l'habitude de voir dans d'autres titres (échange d'armes et d'objets en cours de partie), la dimension multijoueur s'étend à la Mother Base. Ainsi vous pouvez échanger vos soldats avec d'autres joueurs et en recruter. Un mode versus est également de la partie bien qu'il s'éloigne de l'essence du jeu et manque quelque peu d'intérêt. Enfin, cerise sur le Metal Gear, il est possible de chasser du monstre façon Monster Hunter en fouinant un peu. Un petit délire "kojimaesque" bien sympathique et qui a le mérite d'être présent pour insuffler encore plus de fraîcheur au titre.
Les Plus
  • Le scénario
  • Une vraie suite
  • Les cinématiques interactives et les illustrations d'Ashley Wood
  • Un gameplay pas si mal fichu qu'on pourrait le penser
  • Le feeling MGS
  • La gestion de la Mother Base
  • Le système fulton adapté à la récupération des soldats
  • Level design efficace et adapté au support
  • Certaines missions vraiment basées sur l'infiltration
  • Un jeu techniquement incroyable
  • Les musiques et bruitages
  • Les doublages
  • Le contenu
  • Pas mal de missions bonus
  • Le mode en coopération, gigantesque
  • Des délires "kojimaesques" qui font toujours sourire
  • Un sens du détail certain
Les Moins
  • Les quelques soucis d'ergonomie liés à la console
  • La gestion des troupes de combat, trop simpliste
  • Même si on peut jouer avec des soldats récupérés, on n'a que peu d'intérêt à le faire
Résultat

N'y allons pas par quatre chemins : Peace Walker est le digne héritier de Metal Gear Solid 3 et s'inscrit parfaitement dans la saga principale. Background riche, scénario savoureux, rythme idéal, durée de vie faramineuse, réalisaton ahurissante... ce jeu a tout des grands. Si le gameplay hérite de la rigidité de Snake Eater, le «feeling Metal Gear» est de la partie et c'est ce qui importe. D'ailleurs, Peace Walker marque un retour à une infiltration plus exigeante, une bonne chose. Enfin, limité Peace Walker à son solo serait une grossière erreur puisque le mode coopération est sensationnel et se doit de faire partie de l'avenir de la série. Un des meilleurs jeux de la PSP.

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