Test | Beyond Good & Evil – 20th Anniversary Edition

12 août 2024

Tous les grands reporters vous le diront : c'est rarement pour photographier des petits animaux tout mignons qu'ils font ce métier. Pour Jade, c'est un peu l'inverse. Entre les orphelins dont elle s'occupe et la faune locale qu'elle capture grâce à son puissant zoom, elle n'ambitionne pas vraiment de finir chez BFM. Mais le jour où son oncle de cochon se fait enlever, elle n'hésite pas une seconde à élargir son objectif pour, tenez vous bien, démasquer une sombre magouille entre une dictature militaire et de belliqueux extra-terrestres.

Vous l'aurez compris, l'histoire de Beyond Good & Evil fleure bon le musk de la révolution, ce même parfum qui dénonce la spoliation des libertés collectives tout en accusant la main mise sur les médias par une minorité avide de pouvoir. Bien entendu, même si cette histoire de plus de 20 ans semble trouver une étonnante résonance aujourd'hui, toute corrélation avec des faits réels serait purement fortuite. Cela dit, ne vous attendez pas à un message politique, l'ambiance reste très bon enfant et empreinte d'une dose d'humour réjouissante, tout en conservant cette subtilité... so frenchy !

Dans Beyond Good & Evil vous explorez les environnements de la planète Hillys, photographiez des preuves et combattez des ennemis, mais c'est l'infiltration qui est au cœur du gameplay. Vous devez vous faufiler dans des bases ennemies, éviter les détecteurs et neutraliser discrètement les gardes. Ce n'est pas juste un jeu d'action mais un véritable ballet de furtivité et de ruse. Chaque mission vous demande de penser comme un espion, utilisant l'ombre et le silence à votre avantage. Vous vous souvenez de Catherine Zeta-Jones dans le film Haute Voltige ? Eh ben entre Jade et les lasers de détection, c'est un peu la même histoire.

En dehors de ces savoureuses phases de discrétion, vous pouvez utiliser un hovercraft et naviguer sur les eaux de Hillys, voire même vous offrir des montées d'adrénaline lors de séquences de poursuite palpitantes.

Mais comme à l'époque, la caméra est aussi prévisible qu'un GPS défectueux, vous emmenant parfois là où vous n'avez jamais voulu aller. Elle peut parfois vous offrir des angles de vue aussi improbables que déroutants, gênants aussi bien dans les séquences de plateforme que durant les combats.

Ce remaster s'adresse avant tout aux joueurs qui ont gardé leur vieille console sous la télé, à côté du magnétoscope et de la collection de VHS, persuadés que les années 2000 étaient l'âge d'or du jeu vidéo. Si vous avez le sourire nostalgique en entendant les mots "Zelda-like" ou si vous vous souvenez avec émotion de vos premières infiltrations dans Metal Gear Solid, alors Beyond Good & Evil risque bien de réveiller l'ado qui sommeille en vous.

Et si vous avez déjà joué à Beyond Good & Evil HD sorti en 2011, vous vous demandez peut-être ce que cette nouvelle édition peut bien apporter. Outre une meilleure optimisation pour les consoles modernes et une touche supplémentaire de polish, elle permet de redécouvrir un jeu culte avec les technologies actuelles, rendant l'expérience encore plus immersive. Cette édition ajoute également des éléments clés sur la jeunesse de Jade qui permettront de faire le lien avec la suite de ses aventures...

Pour les nouvelles générations qui se demandent encore si un disque dur externe est un accessoire de mode, ce jeu est une opportunité de découvrir ce que vos aînés appellent un "chef-d'œuvre". Mais attention, préparez-vous à quelques coups de volant avec une caméra aussi docile qu'un caddie de supermarché. En clair, si vous aimez les aventures épiques avec un soupçon de nostalgie et un brin de challenge, ce remaster est fait pour vous. Pour les autres, le test du dernier Call of Duty est juste à côté.

Michel Ancel, le créateur visionnaire derrière Beyond Good & Evil, n'est pas un inconnu dans l'industrie du jeu vidéo. Connu également pour avoir donné vie à Rayman, Ancel a marqué l'histoire avec ses créations empreintes de créativité et d'originalité. Lorsqu'il a conçu Beyond Good & Evil, Ancel avait l'ambition de créer une trilogie révolutionnaire, avec un monde ouvert et une histoire profonde. Malgré l'accueil chaleureux de la critique, les ventes modestes du jeu (surtout à l'international) ont malheureusement freiné ses projets grandioses.

Cependant, le rêve n'est jamais vraiment mort. Plus de 20 ans après, Beyond Good & Evil 2 reste en chantier, un projet toujours aussi ambitieux, avec des fans du monde entier qui attendent avec impatience de voir la suite des aventures de Jade et Pey'j. Ce développement interminable a presque pris un statut mythique, alimenté par des annonces sporadiques et des teasers qui laissent entrevoir un projet aussi monumental qu'attendu. Michel Ancel a quitté l'industrie du jeu vidéo en 2020 pour se consacrer à d'autres passions, laissant cette suite tant attendue entre les mains des équipes d'Ubisoft et notamment celle de Montpellier. À suivre !