Road-trip au pays de l'angoisse et de la fascination
- Éditeur Kepler Interactive
- Développeur Ironwood Studios
- Sortie initiale 22 févr. 2024
- Genre Aventure
Pacific Drive, c'est un peu l'ovni de ce début d'année. Le titre commence de plus en plus à faire parler de lui au fil de sa campagne de communication et sa démo de pré-sortie. Premier fruit du travail acharné de Ironwood Studios à l'équipe expérimentée – anciens de grosses licences comme Infamous, Bioshock, Halo et encore bien d'autres – il s'annonce déjà comme survitaminé avec son esthétique singulière et son ton énigmatique. Il est dorénavant temps de voir si l'aventure en a suffisamment sous le capot.
L'histoire
Véritable brassage d'esthétiques, Pacific Drive croise la retro new wave aux interfaces ASCII et aux classiques du cinéma hollywoodien sci-fi pop des années 80. C'est tout d'abord une réussite visuelle qui vient flatter vos rétines grâce à ses intentions artistiques. Que ce soit dans son ambiance, son sound design ou ses lumières, le titre a un goût certain pour tirer subtilement ce qu'il faut pour trouver le juste équilibre dans ses inspirations. Il fait aussi appel à votre nostalgie par son parti pris très old school en iconisant le véhicule qui va vous suivre tout au long de votre aventure. De quoi rappeler la DeLorean de Retour vers le futur ou l'Ectomobile de SOS Fantômes. Il en serait presque à regretter l'absence d'un mode photo lorsqu'un paysage nocturne teinté de néons et de phares traversant la brume apparaît devant vous. Mais immersion oblige, tout est fait pour vous laisser impliqué dans votre aventure, notamment en vous laissant entendre les notes résonnant des superbes musiques passant à la radio. Par ailleurs, c'est en faisant entrer dans l'arène des entités toutes plus intrigantes les unes que les autres que le jeu tire son étrangeté. Le mystérieux répond constamment à l'appel, de quoi rappeler Lost pour les sériephiles. Le tout carbure à une mythologie bien fournie comprenant pour une bonne partie les diverses anomalies qui ne sont pas sans faire penser à l'extravagance de Control. L'univers est complet et vous réserve bien des surprises.
Le principe
Le brouillard peut vous jouer des pièges : les anomalies y sont très peu visibles.
Votre activité principale est de partir en mission d'exploration, que ce soit au volant ou à pied. Tout d'abord pour récupérer du matériel, mais aussi pour effectuer les tâches qui vous sont confiées. Cet aspect donne lieu à une progression se rapprochant d'un système rogue-lite. Vous traversez différentes zones qui, même si elles restent les mêmes, vont être radicalement différentes en termes d'effets de zone, d'anomalies présentes et de facteurs météorologiques. Le plus important est de savoir que la prise de risque est récompensée. Le maître-mot est la vigilance constante puisque l'ennemi principal est l'environnement, et il sait être inattendu. Sachez qu'une seule de ses anomalies peut retourner complètement la situation en la faisant virer à la catastrophe. Certaines sont seulement des zones endommageant la voiture, d'autres des petites bestioles se jetant sur votre carrosserie pour surcharger votre batterie et vous faire perdre le contrôle. Vous allez passer beaucoup de temps à slalomer à vive allure entre une surface qui pourrait crever vos pneus et une créature qui pourrait vous tracter jusqu'à une zone où la gravité est réduite à zéro. Certaines anomalies peuvent cependant être bénéfiques, mais c'est à vous de le découvrir. De véritables leçons sont à apprendre des diverses rencontres puisqu'il est nécessaire de les connaître toutes pour mieux les appréhender par la suite. L'expérimentation a la part belle, et parfois l'unique solution est de foncer dans le tas pour comprendre ce qui se dresse devant vous. Rassurez-vous, le carnet de bord est assez complet pour ne pas vous perdre au milieu de toutes ses informations. Le jeu prend une toute autre dimension lorsque vous découvrez que les anomalies peuvent interagir entre elles, surtout quand c'est à votre avantage.
La conduite
La voiture est remise à neuf. Il est temps de repartir !
Un travail de détail est fait sur toute la mécanique automobile. En se gardant de s'éloigner du gameplay arcade, Pacific Drive apporte beaucoup d'éléments à prendre en compte sur la gestion de sa voiture. La mécanique est "lourde" d'utilisation, ajoutant un impact et une condition réelle au tas de ferraille auquel votre vie tient. Une bonne partie de vos ressources cérébrales vont être prises par ces éléments. Cette proposition de gameplay est d'autant virtuose qu'elle est superbement introduite. Pendant la première séquence, vous roulez à bord d'une voiture en parfait état sur une route goudronnée. Lorsque l'histoire commence et que vous êtes happé dans la Zone d'Exclusion Olympique, votre véhicule se casse. Seule solution : cette épave qui semble toujours fonctionnelle. Le bitume a maintenant laissé sa place à la boue. Peu à peu, le jeu intègre les différentes mécaniques : rouler hors de la route, allumer le moteur alors qu'une anomalie s'en prend à vous, effectuer la maintenance du véhicule.
L’ambiance
Il y fait bon vivre parfois.
Pour qui ?
Certaines rencontres ne présagent rien de bon.
Pacific Drive propose une durée de vie conséquente. Il est probablement possible de parcourir l'aventure en ligne droite pour ne se contenter que de la trame principale, mais ce serait passer à côté du cœur de jeu. La contrainte de son esprit simili rogue-lite impose un certain rythme. Votre temps de jeu se retrouve alors découpé en sessions pendant lesquelles chaque sortie va vous imposer une durée. Abandonner en cours de route, et c'est votre progression qui est perdue. Cependant, ces séquences d'exploration peuvent très bien durer 20 minutes comme 1 heure. Il est finalement assez aisé d'être flexible en choisissant entre une sortie plus courte pour un jeu plus léger, ou plus longue pour un jeu plus intense.
L'anecdote
Plus que quelques mètres avant de rejoindre ce faisceau jaune qui vous rapatrie au garage.
- Des séquences de jeu non scriptées à la mise en scène hollywoodienne
- Les anomalies et leur osmose
- La voiture
- Les musiques aux sonorités rock et synthwave
- Des visuels très cinématographiques, un bel hommage au cinéma des 80s
- Une mythologie profonde et mystérieuse
- La courbe d'apprentissage qui réserve de belles surprises
- Les visuels auraient mérité un mode photo
Ironwood Studios est composé d'une équipe de talent, et ça se voit. La réalisation, aussi brillante qu'une carrosserie chromée, se prête à des situations de jeu hollywoodiennes. Pacific Drive est une juste balance entre tension et émerveillement. L'énorme travail orchestré sur les systèmes balaye totalement l'aspect bien connu de certaines mécaniques. Et sans aucun passif, le titre se veut déjà iconique avec notamment sa voiture dont la figurine pourrait avoir sa place à côté de ses semblables les plus cultes toutes droit sorties du cinéma des années 1980. L'ambiance est tellement réussie que vous aurez envie de lancer le jeu ne serait-ce que pour vous détendre dans votre garage à écouter la playlist rock et synthwave de la radio.