Test | F1 2020
28 juil. 2020

Améliorer la perfection

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F1 2020

Imaginez Myamoto après son premier Mario, Naoto Ohshima après Sonic, Peter Molyneux après Populous, Will Wright après Sim City, Sam Lake après Max Payne, David Cage après Omikron, Patrick Balkany après la dernière fête de la musique... Comment rebondir après avoir touché la perfection ? C'est la question que s'est posée Codemasters après le succès public et critique de son précédent jeu de F1. Comment faire encore plus technique pour les fans, tout en gardant l'accessibilité originale ?

L'histoire

Covid-19 oblige, le championnat 2020 de F1 a calé sur la ligne de départ. Au lieu de commencer en mars, les épreuves ont été décalées à juillet et s'adaptent à la pandémie. Trois nouveaux circuits viennent d'être ajoutés en Allemagne, en Italie et au Portugal après l'annulation des courses aux USA, au Canada, au Mexique et au Brésil pour raisons sanitaires. Triste constat pour cette saison qui marquait les 70 ans du Championnat, et qui force la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) à s'adapter à la crise pays par pays...

Et Codemasters ? Sorti en pleine pandémie, F1 2020 se cale tant bien que mal sur l'actualité. Les deux nouveaux circuits, Zandvoort aux Pays-Bas et Hanoï au Vietnam, sont bien là, ce dernier étant très contesté tant son étroitesse se prête mal aux courses de F1. Les transferts de pilotes sont bien pris en compte, comme Esteban Ocon chez Renault F1 ou Nicholas Latifi chez Williams. Même les livrées ont été mises à jour, suite au retrait de Rokit chez Williams par exemple. Et pour les courses ? Il faudra suivre les patchs pour voir si Codemasters colle à l'actualité de la FIA, ou se rabattre sur le nouveau mode Mon Écurie qui s'éloigne de la réalité en proposant une saison de F1 normale.

Le principe

Gestion R&D, marketing, budgets... La vie de patron est moins cool que celle de pilote !

Comme Bruce McLaren, vous avez l'occasion de devenir patron et pilote d'une nouvelle écurie que vous créez de toutes pièces. Choix d'un avatar, création d'une écurie, paiement d'un motoriste, recrutement d'un copilote : l'argent file vite, et vous pousse dans les bras d'un sponsor qui vous donnera des objectifs. Mon Écurie est un mode de jeu hyper intéressant pour découvrir les coulisses de la F1, à condition d'aimer les menus. La gestion du budget est chronophage, avec des choix cornéliens imposés par le calendrier et la Recherche & Développement. Autant dire que si vous voulez juste jouer quinze minutes avant le goûter, c'est raté : vous pouvez très bien passer une heure complète sur le marketing, les statistiques de vos pilotes, les upgrades R&D comme le type de durabilité, les interviews avec le journaliste britannique Will Buxton, les réglages avant les essais (voiture, boîte de vitesse, moteur), et tout ceci avant même de toucher le volant...

Le mode Carrière classique est de retour avec ses débuts facultatifs en Formule 2 et un nombre limité de courses (10, 16 ou 22) pour ceux qui trouvent un vrai Grand Prix trop long. Même si la modélisation des pilotes était déjà un peu rugueuse l'an dernier, dommage que les disputes entre chaque course aient disparu. Prendre des décisions pendant la course, encaisser la pression, voir le résultat après donnaient une pêche et une accessibilité au mode Carrière qui manquent cruellement cette année – le mode Carrière est beaucoup trop plat, sans enjeux scénaristiques. Restent le championnat personnalisable, les défis et la course contre la montre pour enchaîner des sessions plus courtes que les modes Mon Écurie et Carrière.
À fond, à fond, à fond… sur les menus

La jouabilité

L'ATH permet de garder un œil sur les dégâts et la température des pneus par exemple

Par rapport à l'année dernière, les monoplaces bénéficient d'une meilleure adhérence avec un train avant été revu, des freinages plus puissants et un frein moteur plus réaliste. Les puristes peuvent afficher un ATH personnalisable pour garder un œil sur la température des pneus par exemple, une option réservée aux joueurs PC l'an dernier. Le framerate reste constant sur console, y compris sur les consoles de base d'après Digital Foundry, avec 60 images par seconde quelle que soit la console – seule la résolution change. Une véritable prouesse qui rend le jeu accessible à tous les joueurs, quel que soit le support.

Soucieux de plaire à tous, F1 2020 fait quelques choix un peu plus surprenants. Le jeu est réglé par défaut en mode (très) facile. Dans le mode Mon Écurie, vos adversaires sont trop prudents sur les distances de freinage et le jeu est vraiment laxiste sur les accrochages et les dégâts. Résultat : votre 11e écurie inconnue au bataillon et dotée de moyens financiers risibles finit toujours en pole position. Chez Mercedes, McLaren et Ferrari ! Pareil en mode Carrière. Problème : à quoi bon faire des tours de qualification et passer une heure sur l'inclinaison des ailerons, le lest, le carrossage, le différentiel, la suspension, la barre antiroulis, la garde au sol, la pression des freins, l'équilibrage ou la pression des pneus s'il suffit de couper tout le monde dès le premier virage comme un automobiliste parisien place de l'Étoile ?
Grand écart entre mode Mon Écurie élitiste et difficulté arcade par défaut

Le multijoueur

La pluie met à rude épreuve les sacro saintes 60 fps sur console

Grosse nouveauté réclamée par les fans, l'écran splitté fait son grand retour après des années, des décennies, des siècles... ! d'absence. Pour l'avoir testé dans les pires conditions, sous la pluie, pas de miracle : même la PlayStation 4 Pro tousse un peu, au moins dans les premiers virages. Pensez à monter le volume aussi, car sinon vous entendrez plus les ventilateurs de votre console que les moteurs des F1. Par temps clair en revanche, c'est un plaisir de disputer une partie en local. Petit bémol toutefois : vous avez intérêt à avoir le même niveau que vos amis, vu qu'il est impossible à date de jouer avec deux niveaux de maîtrise différents (Standard et Pro par exemple). Le multijoueur en ligne reste présent, très similaire au précédent opus.
Vous entendrez plus votre console que les F1

Pour qui ?

Plus de scénarisation du mode Carrière, un mode Mon Écurie exigeant : F1 2020 vise les pros

Vous aimez Assetto Corsa ? Vous préférez le gravier aux céréales le matin ? Et vous pouvez passer deux ou trois heures sur une session de jeu ? Alors F1 2020 est fait pour vous. Ne vous fiez pas à ses nombreux réglages qui le rendent soit-disant accessible. La richesse de ses modes de jeu, Carrière et Mon Écurie en tête, doublée d'un comportement encore plus réaliste, le réservent aux puristes capables de s'immerger complètement dans ses arcanes, quitte à passer presque plus de temps dans ses menus que derrière le volant. Si cela vous met mal à l'aise, si vous vous sentez un peu intimidé par ce parti pris, c'est normal : F1 2019 est fait pour vous, et ses promotions d'enfant gâté vous tendent leurs petits bras potelés régulièrement.
F1 2020 s'adresse aux puristes

L’anecdote

La moindre touchette est fatale en mode Pro. Problème : ce n'est pas toujours de votre faute...

Codemasters a rajouté un mode Décontracté avec toutes les aides au max, un mode tellement arcade que la voiture freine toute seule ; dommage qu'il faille encore tourner le volant... Codemasters essaye de ratisser large côté jouabilité, mais les modes de jeu ne s'y prêtent pas. Dans F1 2020, il faut vraiment choisir le mode Standard pour commencer à s'amuser. C'est là que les réglages et les qualifications prennent tout leur sens. Si les vrais pilotes comme George Russel confirment le comportement très réaliste des monoplaces de F1 2020, l'IA reste décevante, voire frustrante en mode Pro.

Les concurrents n'hésitent toujours pas à se rabattre sur vous au lieu de freiner, provoquant des accidents éliminatoires en mode Pro, le tout pour coller à leurs trajectoires et distances de freinages idéales. De quoi vous forcer à faire des dépassements, des trajectoires et des freinages toujours propres, une vraie question d'endurance quand vous décidez d'effectuer tous les tours réglementaires – et non juste une fraction d'entre eux. Il existe bien des sauvegardes en course si vous décidez d'interrompre un marathon pour manger ou dormir (amateurs !), mais ça reste insuffisant pour rendre l'IA supportable en mode Pro. De quoi regretter la suppression des événement spéciaux et des rivalités en mode Carrière qui rendaient F1 2019 non seulement plus accessible, mais aussi plus vivant.
L'IA reste décevante
Les Plus
  • Mon Écurie, un mode qui met l'accent sur la gestion et les coulisses de la F1
  • Un pilotage encore amélioré
  • Les deux nouveaux circuits 2020
  • Le multi en écran splitté
Les Moins
  • L'IA pas à la hauteur des ambitions du mode Pro et de ses dégâts réalistes
  • Mode Carrière et Mon Écurie aussi secs qu'un (bon) saucisson
  • Les enjeux et rivalités du mode Carrière ont disparu, les événements spéciaux aussi
  • Presque les mêmes graphismes que F1 2019
  • Difficile de coller à la saison 2020 avec la pandémie qui change les circuits...
Résultat

Plus sec, plus mathématique dans sa progression en mode Carrière et Mon Écurie, voire dans ses réglages et son pilotage, F1 2020 gagne en technicité ce qu'il perd en chaleur. Finies les rivalités entre pilotes, les ordres en pleine course (laisser passer son coéquipier ou finir en tête) ainsi que les mini embranchements scénaristiques du mode Carrière – dommage, c'est ce qui distinguait vraiment F1 2019 de la concurrence. Les événements spéciaux de 2019 comme les courses Prost contre Senna sont passées à la trappe, même dans l'édition Schumacher qui n'apporte que quelques F1 rétros, des combinaisons et des éléments de personnalisation. Une excellente version pour les puristes, mais avec des options d'accessibilité en trompe l'œil pour les fans d'arcade.

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