Test | The Church in the Darkness
27 août 2019

Des ténèbres impénétrables ?

Testé par sur
Aussi disponible sur
The Church in the Darkness

L'enrôlement dans une secte est un processus déroutant, souvent imprévisible et particulièrement traumatisant pour l'entourage. Qu'un produit ludique ose s'attaquer à un tel sujet, sous la forme d'un jeu d'infiltration, ça aussi c'est déroutant. Et ça tombe bien car une fois en main, The Church in the Darkness se révèle effectivement totalement déroutant.

L'histoire

C'est cool d'avoir un neveu : tous les avantages de la paternité sans les inconvénients. Sauf quand le neveu en question se retrouve embarqué dans la jungle par une secte et que sa mère vous appelle à l'aide. Cette fois, il va falloir prendre vos responsabilités, remonter vos manches, barder vos joues de traits de peinture et jouer du poignet avec votre machette. Direction l'Amazonie pour une opération exfiltration.

Le cadre de The Church in the Darkness a été étudié avec soin par son auteur principal : Richard Rouse III. Pas totalement inconnu du monde du jeu vidéo puisque créateur du très sanglant The Suffering, le monsieur est particulièrement curieux de tout ce qui a trait aux sectes. Ainsi, cette nouvelle production trouve son inspiration du côté de communautés comme celles de Jonestown et The Source Family : un retour à la nature fortement mâtiné de répression et autres châtiments, le tout chapeauté par un gourou charismatique.
Welcome to the Jungle

Le principe

Fouillez dans les cabanes pour récupérer des munitions et des indices.

The Church in the Darkness est un jeu d'infiltration. Votre objectif consiste donc à vous infiltrer dans la communauté pour rejoindre votre neveu. Chemin faisant, vous devez bien sûr échapper à la vigilance des gardes (leur champ de vision est caractérisé à l'écran par une zone rouge) mais également ne pas hésiter à interroger des membres de la secte ou même à fouiller les cabanes pour récolter suffisamment d'indices et repérer la position exacte de votre neveu sur la carte.

Le gameplay de The Church in the Darkness est généré d'une manière procédurale. Ainsi, chaque partie se veut différente : la carte change, l'emplacement des bâtiments, des gardes, de votre neveu, les indices et les interventions radiophoniques des gourous de la secte ne sont pas les mêmes. Ce qui veut dire qu'à chaque lancement de partie, le jeu pioche et assemble les éléments de gameplay robotiquement, au risque de réduire l'impact artistique et dramatique de votre expérience.

Et c'est malheureusement ce qui se passe. La rejouabilité du titre est superficielle, notamment parce que votre première partie se révèle assez tiède, voire même décevante si vous vous attendez à de l'infiltration "comme au bon vieux temps". Les faibles enjeux, le scénario passe-partout et le gameplay trop peu varié pour en redemander finissent par achever une direction artistique pourtant sympathique. La promesse d'impact de vos actions sur l'environnement (notamment sur votre neveu qui ne voudra pas toujours vous suivre selon votre comportement envers ses "frères") n'est pas vraiment tenue. Et rend l'expérience encore plus mollassonne qu'elle ne l'était au départ.
Une expérience procéduralement ennuyeuse

Pour qui ?

Vous avez mis la main sur votre neveu ? C'est parti pour le – même – chemin de retour.

Fans de Commandos, passez votre chemin ! Vous ne trouverez pas à The Church in the Darkness la même envergure, le même panache. Et ce n'est pas qu'une question de moyens mis sur la table. Déjà parce que l'excitation diminue très rapidement, au fur et à mesure que vous vous rendrez compte de l'impact limité de vos actions et surtout de la redondance générale du jeu.

Reste maintenant à se poser la question pour les nouveaux venus dans le genre : l'expérience en vaut-elle la chandelle ? À moins d'être particulièrement réceptif au thème abordé, une réponse positive n'est franchement pas évidente.
Oserez-vous franchir le pas ?

L'anecdote

Les messages diffusés par les haut-parleurs du camp sont sensés farcir le crâne des fidèles.

Les jeux vidéo qui traitent des sectes et en font leur thème central sont curieusement assez rares. Le dernier exemple en date remonte à Far Cry 5 et l'étrange famille Seed, à la tête de laquelle on trouvait l'emblématique Joseph. Et c'est justement ce qui manque cruellement à The Church in the Darkness : du charisme. Le couple de gourous intervient par haut-parleurs interposés, déclamant d'une voix monocorde ses préceptes aux fidèles environnants. Mais ce n'est pas suffisant pour offrir à ces chefs de culte la carrure nécessaire. En cinq mots : on ne les craint pas. Dommage.
Un charisme au ras des pâquerettes
Les Plus
  • Un thème assez rare
  • Une direction artistique sympathique
Les Moins
  • Un manque d'enjeux et une dramaturgie limitée
  • Un gameplay redondant
  • Des gourous au charisme mal exploité
Résultat

Sur le papier, The Church in the Darkness avait tout d'un jeu d'infiltration emballant, grâce notamment à son thème original. En pratique, vous voilà face à une expérience très moyenne, où une gestion procédurale nivelle le gameplay par le bas, éclipsant une direction artistique pourtant intéressante. Et ce n'est pas le charisme des gourous de la secte, ni même les pseudo-scènes de châtiments que vous pourrez croiser au détour d'un bosquet, qui parviendront à sauver votre intérêt.

Partagez ce test
Tribune libre