Test | V-Rally 4
10 oct. 2018

Un duo qui s'embourbe

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V-Rally 4

Avec un dernier volet datant d'il y a quinze ans, nous avions presque oublié V-Rally. A vrai dire, seuls les trentenaires se souviennent peut-être de cette série apparue sur PlayStation (mais accompagnée de quelques bons portages sur GameBoy Color et Nintendo 64). V-Rally 4 semble donc sortir de nulle part... surtout que l'excellent WRC 7 règne sur le jeu de rallye.

Le principe

Nous y reviendrons plus tard, mais il est intéressant de voir que V-Rally 4 est développé par Kylotonn et édité par Big Ben : c'est en effet à cette collaboration que nous devons les excellents WRC, et notamment le dernier volet en date. En ressuscitant V-Rally, il s'agit avant tout de faire revenir une époque. Le design des véhicules rappelle les jeux des années 90 et du début des années 2000, tout comme les tracés dont la longueur (assez courte) et les couleurs insufflent une certaine légèreté.

Dès les premières secondes, nous comprenons donc que V-Rally 4 se tourne plus ou moins vers l'arcade. C'est un peu le souci du jeu. Premièrement, il propose une conduite assez "speed" et grisante, mais qui est rendue caduque par des pistes manquant de jugeote : dépourvu de courses réelles, le jeu propose des parcours succincts mais farfelus. Ainsi, il tolère des situations ubuesques nous faisant par exemple conduire entre des wagons désaffectés. Pour que l'expérience soit réussie, il aurait fallu que le copilote indique avec précision la trajectoire – peu commune – à prendre, ce qu'il ne fait jamais. Un reproche que nous pouvons faire toutes les trente secondes, et y compris sur des routes larges et quasiment droites, où les informations fournies (des successions de virages) sont paradoxalement si denses qu'elles perturbent plus qu'autre chose.
Un design puis le désert ?

La progression

Le level design des tracés et les informations du copilote laissent sceptique.

Le gameplay alterne donc entre le bon et le moins bon. Mais ce qui tue définitivement le jeu, c'est bel et bien la progression inhérente au mode V-Rally (le principal pan solo). Nous nous retrouvons avec l'un des systèmes les plus absurdes qui soit. Vous choisissez votre épreuve sur une carte du monde. Vous êtes alors à même de remporter quelques courses avec le véhicule que vous venez d'acheter. Hélas, il vous faudra rapidement un véhicule plus puissant et c'est là que le bas blesse. Plutôt que de proposer un système d'achat conventionnel, V-Rally 4 impose soit d'acheter une voiture de la catégorie précédente pour acquérir le bolide désiré, soit d'effectuer un certain nombre de courses dans la catégorie affiliée au véhicule (Rallye, Rallycross, Buggy, etc.). Le joueur se retrouve donc dans une situation absolument hallucinante, où il ne peut gagner à cause des concurrents (de catégories supérieures), et où il ne peut acheter de voiture sous prétexte qu'il doit effectuer un certain nombre de courses. Niveau motivation, on a connu bien mieux. Et c'est d'autant plus dommage que quelques idées sympas étaient de la partie (comme un système d'amélioration ou d'achat basé sur le recrutement sommaire d'ingénieurs et mécaniciens).
Le gros accident

Pour qui ?

Des restrictions de niveau sont même présentes pour les recrutements. Quelle erreur !

Dans un secteur plus concurrentiel que jamais, V-Rally 4 va donc avoir du mal à se faire une place. Les adeptes de simulation et de rallye ont tout intérêt à se tourner vers WRC, quand ceux de courses arcades pourront trouver bien plus efficace en matière de progression. En 2018, même des titres modulables comme Forza peuvent attirer des joueurs du dimanche. Logiquement, nous passons outre le multijoueur dans ce test, étant logiquement mis au second plan compte tenu des qualités intrinsèques du titre : ce n'est ni en ligne, ni en local que vous aurez envie de jouer plus qu'il ne faut.
Alors là...

L'anecdote

Les épreuves sont classiques. Le rallycross impose de passer par le tour joker au moins une fois.

Il est alors légitime de s'interroger sur ce à quoi joue Big Ben. L'éditeur a-t-il perdu la licence WRC et pourquoi ? Si nous nous renseignons sur internet, nous notons que les informations (et interrogations des fans) sont assez floues sur le sujet. Est-ce que l'éditeur n'a pas voulu mettre la main à la poche pour renouveler les droits ? A-t-il préféré laisser une année de battement entre WRC 7 et sa suite ? Ou alors a-t-il simplement voulu tester le marché pour une licence devenue obsolète ? Toujours est-il que V-Rally 4 s'apparente à un bien triste retour en arrière après des travaux plutôt convaincants ces dernières années.
La France veut savoir
Les Plus
  • Un petit cachet esthétique
  • Quelques sensations
Les Moins
  • Un système de progression absurde
  • Une durée de vie logiquement artificielle
  • Un copilote à la ramasse
  • Un retour en arrière
Résultat

Sorti d'un chapeau, V-Rally 4 est un bien mauvais tour de magie. Ici, pas de miracle : il est compliqué de rattraper le temps perdu. Si les sensations ne sont pas catastrophiques, elles font pâle figure dans un secteur devenu hyper concurrentiel. Pour tirer son épingle du jeu, il aurait fallu que le titre joue la carte de l'efficacité brute. Avec un système de progression jouant sur les nerfs du joueur, difficile de s'en sortir. Dommage, car nous aimions bien le rendu graphique de l'ensemble, assez old school pour intriguer.

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