Entretien avec Vincent Michard
Son nom résonne sur plusieurs générations. Il a accompagné les enfants dans leur apprentissage de nombreuses notions éducatives. Et l'annonce de son retour a suscité un intérêt considérable si bien qu'on peut se demander si Adibou ne fait tout simplement pas partie du patrimoine français. Rencontre avec Vincent Michard, le jeune web designer qui a participé à la renaissance du ludo-héros-éducatif.
« Je suis créateur et concepteur d’exercices pour Adibou. »
Après un BAC STMG en poche, direction la Web School Factory. Grâce à ma famille, je connaissais cette école créée il y a 5 ans. C'est la rencontre de plusieurs domaines : marketing, digital et tech. C'était parfaitement adapté à mon cas car je n'avais pas d'idée précise de ce que je voulais faire. Après une première année généraliste, je me suis ensuite spécialisé dans le web design où j'ai découvert l'UI et l'UX. Pendant ce cursus, j'ai intégré diverses entreprises en tant que stagiaire via des projets et cette méthode de travail avec des équipes et des sujets très différents a été très formatrice.
« Il fallait trouver un juste équilibre et c’était assez compliqué. »
Savez-vous planter des choux ?
Le but était que l'enfant puisse comprendre l'exercice, apprendre quelque chose et l'appliquer. Par exemple, on devait rendre un exercice de calcul agréable à regarder, que ça ne soit pas juste une tâche à faire mais aussi un petit jeu. Ça a demandé beaucoup de recherche, de tests et surtout de retours extérieurs de la part de professeurs ou même de nos experts, qu'ils puissent nous dire là où il y a un problème, là où il n'y en a pas. Ajouter trop de contexte, trop d'éléments sur l'image peut perturber la compréhension. Il fallait trouver un juste équilibre et c'était assez compliqué.
« Adapter la version CD-ROM d’origine à une version tactile. »
Pas le même prix qu'un 12m² à Paris.
D'un point de vue chronologique, c'était donc très souvent une notion qu'on avait déjà entièrement imaginée, en langues ou en maths par exemple, selon les différents niveaux en fonction de la classe. Puis il fallait l'appliquer visuellement et la retranscrire en petit jeu.
J'ai peu participé à cet aspect, mais je sais qu'ils ont tenu à ce qu'on retrouve l'esprit d'Adibou 2, en retravaillant des personnages comme Robi, la nouvelle version de Robitoc, l'assistant d'Adibou. Et surtout adapter la version CD-ROM d'origine à une version tactile. C'était donc revoir la matière de l'époque en termes technique et visuel, adaptés à ce qui plaît beaucoup plus aujourd'hui.
« C’est une famille que je connais depuis assez longtemps. »
Ce casse-briques va vous rendre accroc.
Concernant mon arrivée dans ce projet, j'étais déjà un peu impliqué car c'est une famille que je connais depuis assez longtemps. Je joué un rôle dans certains de leurs jeux depuis l'école primaire, en tant que bêta testeur en quelque sorte notamment sur Boaki. Puis j'ai fait des stages chez eux, en tant que community manager sur Wiloki par exemple.
Ce sont des amis et comme on s'entend très bien, qu'ils connaissent mes capacités, ils n'hésitent pas à me solliciter pour des missions. En ce moment, je continue de faire des exercices. Et depuis peu je travaille sur d'autres events d'été car je connais bien les produits et l'univers. C'était donc assez facile de s'intégrer.
« Banjo-Kazooie, un des plus grands jeux qui puissent exister pour moi. »
Un memory tout simple ? OH QUE NON.
Dans les jeux qui m'ont fait adorer de nombreuses licences, je ne peux que citer Banjo-Kazooie, un des plus grands jeux qui puisse exister pour moi, que ce soit en termes de level design, et de musique évidemment avec les compositions géniales de Grant Kirkhope. Ça m'a beaucoup inspiré et m'a donné une fascination pour les jeux de plateforme et d'aventure.
« Il y a une grande part de point & click dans Adibou. »
Ces fleurs-là sont impérissables.
Quant à Banjo-Kazooie, ce jeu m'a sensibilisé au génie du level design. Très vite comprendre ce qu'on doit faire. Dans certains jeux, le réflexe est d'avoir des tutos à foison, des bulles de texte qui arrivent pour te dire ce que tu dois faire même lorsque c'est évident. Ou à l'inverse, ça ne l'est pas suffisamment et donc on doit t'expliquer quoi faire. Et c'est une base de design : si nous en tant que designer on doit expliquer quel est l'intérêt d'une page, ça signifie que ça ne fonctionnera pas. C'est quelque chose qu'on peut totalement appliquer à un level design dans un jeu : s'il faut dire au joueur ce qu'il doit faire, c'est qu'on patauge déjà dans la semoule. Sur Adibou, même si on a la voix de l'exercice, tu pourrais facilement savoir quel est le but sans cette voix. Cliquer sur une réponse d'un calcul, le mettre en évidence sans que ce soit trop, déplacer tel ou tel objet, essayer de comprendre ce qu'on doit faire avec les mains au lieu d'écouter ce que dit la voix.
« En tant que web designer, on se dit que les tests sont la partie la plus importante. »
Allez, au boulot, on a des exercices à faire !
« S’imposer une date, c’est presque s’imposer une défaite. »
J'en ai compté 3 !
« Lorsque ce ne sont pas les parents d’Adibou derrière, ce n'est pas la même magie. »
Bon, je suis en retard pour mon rendez-vous.
« Des versions multilingues sont déjà prêtes : espagnol, anglais et allemand. »
La salle d'exercices de français.
J'ai un peu initié cette communication, profitant de la sortie d'Adibou pour faire parler de l'école. Les personnes en charge de la com se sont dit qu'elles pourraient en faire un article. Au final, cela permet de promouvoir l'école : comment à 24 ans, on peut participer à un projet de cette ampleur multi générationnel. C'est une bonne chose de pouvoir aider les deux univers avec lesquels j'ai grandi au final.
« Les sensations étaient les mêmes que sur Adibou 2. »
Facile d'utilisation.
Au niveau des exercices, j'avais pu faire tester l'appli beta à plusieurs de mes amis et leurs retours étaient positifs. En tous cas, la nostalgie jouait beaucoup et les sensations étaient les mêmes que sur Adibou 2.
« Je suis un grand fan de jeux de société, ce serait incroyable de collaborer avec Asmodee Digital.»
On peut personnaliser un avatar qu'on ne voit jamais (ou presque).