Le malheur est dans le pré
Vous aimez tomber ? Manger du gazon ou du gravier ? Parfait, c'est ce que vous propose MotoGP 24, un jeu de course réaliste dont les virages vont mettre vos genoux, et votre ego, à rude épreuve.
Le gameplay
Soyons clairs, la prise en main est incroyable. Surtout avec la DualSense de Sony et sa gestion parfaite des résistances des gâchettes, qui permettent de bien ressentir accélérations et freinages. Le contrôle de la moto est génial, les sensations au top – vous allez très vite apprendre à "sentir" votre moto, en la voyant se coucher un peu trop dans un virage serré notamment... Si les sensations sont géniales, la maîtrise est ardue. Il faut apprendre les circuits, les distances de freinage, en sachant qu'ici la moindre erreur de vitesse et de trajectoire se termine en glissade. Avec un handicap considérable sur les chronos.
La difficulté
La vue casque est exceptionnelle et parfaitement jouable. Les bruits sont étouffés.
Le mode Entraînement ne vous sera pas d'une grande aide. Il se borne à une suite de tronçons et de chronos à battre pour gagner des médailles d'or, d'argent ou de bronze, à la Gran Turismo 7. Mais souvent avec des consignes pas claires comme "s'arrêter aux stands" ou "effectuer une pénalité". D'accord mais où ? Comment ? À vous de deviner. De vraies leçons de pilotage auraient été les bienvenues, surtout si vous décidez de retirer les aides – bon courage pour le mode Pro avec en plus la transmission manuelle à gérer. Les barrières de sécurité vous disent à bientôt.
Le multi
Sur PS5, les gâchettes adaptatives de la DualSense sont parfaitement exploitées.
Reste le online, plus fun. Déjà parce que les autres joueurs font pas mal d'erreurs, au lieu de suivre à la perfection la trajectoire idéale pendant cinq mille tours. Là, dès le premier virage, tout le monde bouffe du gravier comme vous. Les collisions sont très, très permissives, et il n'est pas rare de jouer des coudes à 200 km/h sans que les lois de la physique ne s'en émeuvent. Quelque part, c'est bien : ce serait rageant de s'encastrer dans une barrière parce qu'un idiot derrière a oublié de freiner. Mais ça jure avec le parti pris ultra réaliste du jeu qui se retrouve partout ailleurs, jusque dans le système de pénalités, nombreuses – une des seules nouveautés de cette édition. Couper la piste invalide le tour, entrer dans les stands trop vite engendre des pénalités de tour long, et les suicidaires qui s'arrêtent sur la piste pour regarder TikTok ou qui roulent carrément à contre-sens écopent d'un drapeau noir. Diantre.
Pour qui ?
Les chutes sont fréquentes. Et restent possibles même avec toutes les aides à fond !
L'anecdote
Vous allez en baver avant de voir cette petite cinématique de victoire.
Ensuite parce que les modes Entraînement et Carrière m'ont beaucoup déçu. Je sens la référence à Gran Turismo 7 mais avec beaucoup moins de vision, et certainement de moyens. Pas de musique jazzy, de menu classe, de café où recevoir des défis de pilotage, entre deux descriptions des bolides qu'on débloque. Non, ici vous débarquez sur un circuit après un coup de pied au cul, et sans trop savoir ce qu'on attend de vous. Et puis la magie a commencé à opérer, surtout grâce au multijoueur en fait. Le plaisir de dompter sa moto, d'apprendre son comportement. De "sentir" jusqu'où on peut la coucher dans un virage sans s'étaler de tout son long. À quelle vitesse, avec quelle trajectoire. L'apprentissage des circuits aussi. Et le plaisir revanchard de passer enfin ce %!$# de virage qui vous faisait chuter à chaque fois. MotoGP 24 vous réapprend l'humilité, la patience. Et la satisfaction de l'épreuve remportée. Les fesses rouges certes, mais le sourire aux lèvres.
- Les sensations de pilotage
- La difficulté, avec beaucoup d'aides quand même
- Le multijoueur (crossplay PlayStation / Xbox, hors PC et Switch)
- Les différentes vues, la vitesse, la réalisation en course
- Les modes Entraînement et Carrière spartiates
- Une courbe de progression abrupte qui peut décourager
- Les visages bien ratés, peu visibles heureusement
Oui, MotoGP 24 est dur. Oui, MotoGP 24 est austère. Ses menus sont raides, son mode Carrière étouffant avec ses objectifs génériques et l'absence totale de scénario, de mise en scène. C'est que vous n'êtes pas là pour vous amuser. Vous êtes là pour manger de l'herbe et du gravier, pour vous écorcher les genoux et l'ego. Mais quelle récompense si vous tenez. Quel bonheur de redresser sa moto à pleine puissance et de négocier enfin à la perfection ces petits virages gauche droite bien vicieux. Pendant qu'en multijoueur, les autres s'étalent devant et derrière vous. Oui, MotoGP 24 est dur. Et oui, il se laisse apprivoiser.