Test | MotoGP 24
11 mai 2024

Le malheur est dans le pré

Testé par sur
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MotoGP 24
  • Éditeur Milestone
  • Développeur Milestone
  • Sortie initiale 5 mai 2024
  • Genres Course, Simulation

Vous aimez tomber ? Manger du gazon ou du gravier ? Parfait, c'est ce que vous propose MotoGP 24, un jeu de course réaliste dont les virages vont mettre vos genoux, et votre ego, à rude épreuve.

Le gameplay

MotoGP 24 commence comme un vrai jeu de rôle : vous devez personnaliser votre avatar. Nom, prénom, numéro de pilote, sexe, visage, âge et nationalité, tout y est. Sans oublier les vêtements : combinaison, casque, bottes et gants, avec le choix de vrais équipementiers – plus le petit logo du sponsor sur les fesses. Vous accédez ensuite aux modes de jeux et... le mieux est de commencer humblement par le contre-la-montre ou l'entraînement. Seul en piste.

Soyons clairs, la prise en main est incroyable. Surtout avec la DualSense de Sony et sa gestion parfaite des résistances des gâchettes, qui permettent de bien ressentir accélérations et freinages. Le contrôle de la moto est génial, les sensations au top – vous allez très vite apprendre à "sentir" votre moto, en la voyant se coucher un peu trop dans un virage serré notamment... Si les sensations sont géniales, la maîtrise est ardue. Il faut apprendre les circuits, les distances de freinage, en sachant qu'ici la moindre erreur de vitesse et de trajectoire se termine en glissade. Avec un handicap considérable sur les chronos.
La prise en main est incroyable

La difficulté

La vue casque est exceptionnelle et parfaitement jouable. Les bruits sont étouffés.

MotoGP 24 n'est pas un jeu facile. Ce n'est pas un jeu arcade qui permet de s'amuser tout de suite et d'enchaîner les victoires immédiatement. Il demande de l'entraînement, de la concentration – même avec toutes les aides activées, dont le freinage automatique, une erreur ne pardonne pas. Votre premier défi est de boucler un tour sans tomber. Oui, c'est raide. Et malheureusement, le jeu ne fait pas grand-chose pour vous aider.

Le mode Entraînement ne vous sera pas d'une grande aide. Il se borne à une suite de tronçons et de chronos à battre pour gagner des médailles d'or, d'argent ou de bronze, à la Gran Turismo 7. Mais souvent avec des consignes pas claires comme "s'arrêter aux stands" ou "effectuer une pénalité". D'accord mais où ? Comment ? À vous de deviner. De vraies leçons de pilotage auraient été les bienvenues, surtout si vous décidez de retirer les aides – bon courage pour le mode Pro avec en plus la transmission manuelle à gérer. Les barrières de sécurité vous disent à bientôt.
Les indications du mode Entraînement sont chiches et donnent l'impression d'un mode bâclé

Le multi

Sur PS5, les gâchettes adaptatives de la DualSense sont parfaitement exploitées.

Outre le Championnat qui permet de se mesurer à d'autres pilotes sur une course entièrement paramétrable, deux modes de jeu constituent le plat de résistance : le mode Carrière et le online. En Carrière, vous commencez avec les noobs, en catégorie Moto 3. Vous avez des objectifs à atteindre. Et une grosse pression lors des essais libres puis des qualifications, pour accrocher la meilleure position sur la grille, après avoir réglé votre fusée. Encore une fois c'est réaliste, mais que c'est long. Et avec du contenu auto-généré, à savoir les objectifs aléatoires, sans mise en scène spéciale, sans histoire scénarisée, sans rivaux – ce que les jeux de F1 notamment ont parfois proposé. Là c'est sec comme un raisin.

Reste le online, plus fun. Déjà parce que les autres joueurs font pas mal d'erreurs, au lieu de suivre à la perfection la trajectoire idéale pendant cinq mille tours. Là, dès le premier virage, tout le monde bouffe du gravier comme vous. Les collisions sont très, très permissives, et il n'est pas rare de jouer des coudes à 200 km/h sans que les lois de la physique ne s'en émeuvent. Quelque part, c'est bien : ce serait rageant de s'encastrer dans une barrière parce qu'un idiot derrière a oublié de freiner. Mais ça jure avec le parti pris ultra réaliste du jeu qui se retrouve partout ailleurs, jusque dans le système de pénalités, nombreuses – une des seules nouveautés de cette édition. Couper la piste invalide le tour, entrer dans les stands trop vite engendre des pénalités de tour long, et les suicidaires qui s'arrêtent sur la piste pour regarder TikTok ou qui roulent carrément à contre-sens écopent d'un drapeau noir. Diantre.
Dès le premier virage, tout le monde bouffe du gravier

Pour qui ?

Les chutes sont fréquentes. Et restent possibles même avec toutes les aides à fond !

Malgré ses (nombreux) efforts pour rendre le jeu accessible, MotoGP 24 est très exigeant. Très réaliste. C'est une simulation souvent austère, avec des menus brutalistes, des essais et des qualifications qui s'éternisent, un mode Carrière rugueux. C'est un jeu qui oublie souvent d'être fun. Mais c'est aussi un jeu au gameplay fascinant, tant ses vues spectaculaires, ses sensations de vitesse très bien rendues et surtout sa maniabilité parfaite arrivent à vous faire sentir la réalité, la tension d'une course. Vous allez serrer les fesses en vous engageant trop vite dans un virage, et/ou en ratant votre trajectoire. Entre le moment où vous en prenez conscience et la punition effective, il se passe quelques secondes délicieusement horribles. Et puis parfois, le miracle se produit. Vous redressez votre monture. Vous rattrapez le coup. Et vos adversaires. C'est pour des moments comme ceux-là que MotoGP 24 mérite largement le temps passé à l'apprivoiser.
Réaliste, exigeante, souvent austère, cette simulation demande de la persévérance

L'anecdote

Vous allez en baver avant de voir cette petite cinématique de victoire.

J'avoue que j'ai eu un moment de découragement en testant ce jeu. D'abord parce que je me suis battu avec les menus. Je voulais lancer une course rapide, choisir un pilote, un circuit, et zou, me frotter aux autres (et au bitume). Sauf que... ce n'est pas possible. Il faut tripatouiller le mode Championnat, zapper autant que possible les qualifications et les essais, pour enfin se retrouver avec d'autres loustics.

Ensuite parce que les modes Entraînement et Carrière m'ont beaucoup déçu. Je sens la référence à Gran Turismo 7 mais avec beaucoup moins de vision, et certainement de moyens. Pas de musique jazzy, de menu classe, de café où recevoir des défis de pilotage, entre deux descriptions des bolides qu'on débloque. Non, ici vous débarquez sur un circuit après un coup de pied au cul, et sans trop savoir ce qu'on attend de vous. Et puis la magie a commencé à opérer, surtout grâce au multijoueur en fait. Le plaisir de dompter sa moto, d'apprendre son comportement. De "sentir" jusqu'où on peut la coucher dans un virage sans s'étaler de tout son long. À quelle vitesse, avec quelle trajectoire. L'apprentissage des circuits aussi. Et le plaisir revanchard de passer enfin ce %!$# de virage qui vous faisait chuter à chaque fois. MotoGP 24 vous réapprend l'humilité, la patience. Et la satisfaction de l'épreuve remportée. Les fesses rouges certes, mais le sourire aux lèvres.
Quel plaisir de dompter sa moto, d'apprendre son comportement
Les Plus
  • Les sensations de pilotage
  • La difficulté, avec beaucoup d'aides quand même
  • Le multijoueur (crossplay PlayStation / Xbox, hors PC et Switch)
  • Les différentes vues, la vitesse, la réalisation en course
Les Moins
  • Les modes Entraînement et Carrière spartiates
  • Une courbe de progression abrupte qui peut décourager
  • Les visages bien ratés, peu visibles heureusement
Résultat

Oui, MotoGP 24 est dur. Oui, MotoGP 24 est austère. Ses menus sont raides, son mode Carrière étouffant avec ses objectifs génériques et l'absence totale de scénario, de mise en scène. C'est que vous n'êtes pas là pour vous amuser. Vous êtes là pour manger de l'herbe et du gravier, pour vous écorcher les genoux et l'ego. Mais quelle récompense si vous tenez. Quel bonheur de redresser sa moto à pleine puissance et de négocier enfin à la perfection ces petits virages gauche droite bien vicieux. Pendant qu'en multijoueur, les autres s'étalent devant et derrière vous. Oui, MotoGP 24 est dur. Et oui, il se laisse apprivoiser.

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