Aerith et périls
- Éditeur Square Enix
- Développeur Square Enix
- Sortie initiale 29 févr. 2024
- Genres Action, Aventure, Rôle
Voici enfin la suite du remake RPG le plus aimé de tous les temps. Après 4 ans d'attente, Final Fantasy VII Rebirth charrie beaucoup de nostalgie, au risque de trébucher sous le poids des attentes suscitées. Qu'est-ce qui fait un bon remake ? La fidélité au matériau d'origine ? La réinterprétation moderne ? Ou les sensations d'époque : ce mélange de noirceur et de candeur, cette mélancolie entrecoupée de moments potaches qui ont forgé l'identité de toute une génération de joueurs... ?
L'histoire
Le principe
Le chariot qui cache Cloud accroupi avance plus vite que lui. Le jeu vous bride souvent.
La réalisation tousse un peu aussi, la faute à deux modes graphiques médiocres : 60 fps avec de la vaseline sur l'écran – les arbres et beaucoup d'éléments du décor scintillant comme au lancement de la PlayStation 2. Ou 30 fps avec une résolution plus propre mais une rémanence et du popping d'objets très visibles... Le début est en plus laborieux, avec des textures parfois délavées, des déplacements entravés (course souvent bridée, marche accroupie hyper lente, blocage sur les aspérités du terrain à pied comme en Chocobo, murs invisibles dès qu'il faut parler à certains PNJ précis...). Il faut attendre les zones ouvertes pour respirer un peu et sortir des couloirs étroits, avec leurs petites flèches bleues pour indiquer les passages. Un choix absurde qui étouffe la série depuis Final Fantasy XIII au moins. Y compris le petit frère XVI.
Les zones ouvertes
Vous débloquez de nouveaux moyens de locomotion avec l'aide de Cid.
La comparaison avec Atlas Fallen ou plus récemment Granblue Fantasy : Relink, pique réellement – sans parler d'Elden Ring. C'est vraiment une toute autre philosophie, où le remplissage ultra dirigiste l'emporte sur la liberté d'action. Les équipes de Square Enix n'ont pas du tout compris ce qui faisait le sel d'environnements ouverts. Cette sensation de découverte. De curiosité. D'effort récompensé. C'est d'autant plus absurde qu'ils ont ajouté des Chocobos capables d'escalader des parois verticales. Sauf qu'ici, les Chocobos ne peuvent grimper... qu'à certains endroits bien précis. Soulignés par une petite flèche bleue au pied de la falaise. Quelle tristesse. Reste la satisfaction de cocher des cases sur la carte, de jouer les complétionnistes en acceptant toutes les corvées des rares PNJ, et toutes les missions redondantes de Chadley. Heureusement que les combats sont très réussis. C'est ce qui fait passer la pilule.
Pour qui ?
Les combats en temps réel sont très dynamiques, avec une pause active pour donner des ordres.
L'anecdote
Dauphin, club de chauves, costumes : le jeu tourne parfois à la parodie malgré des sujets sombres.
- Les personnages attachants
- Les boss spectaculaires
- Les combats nerveux
- La direction artistique
- Les musiques
- Une durée de vie phénoménale si vous êtes du genre complétionniste
- Les zones ouvertes décevantes, remplies de défis Chadley et de marqueurs photocopiés
- Les deux modes graphiques ratés qui abîment énormément le rendu, chacun à sa façon – vivement la version PC
- Un level design daté, qui ne comprend pas ce que Zelda et Elden Ring ont apporté au genre
Qu'est-ce qui fait un bon remake ? Au-delà de la modernisation de l'interface, des graphismes, de la jouabilité, c'est sa capacité à capter ce qui fait l'essence du jeu originel. Son atmosphère. Son âme. Est-ce réussi ici ? En partie. Si les personnages et les décors fantastiques prennent un tout autre relief, le jeu ne suinte plus la mélancolie. Les moments légers prennent le dessus, parfois de façon inattendue (le club des chauves de Junon, le travestissement de Red XIII). Parfois de façon lourde (Yuffie, encore elle). Reléguant au second plan la pollution de la planète, le danger des méga corporations, les manipulations génétiques et les génocides – des thèmes pourtant tellement d'actualité. Reste un jeu aux combats nerveux, à la fois généreux dans son contenu et maladroit dans ses copiés-collés, avec les quêtes remplissage de Chadley notamment. Pas de quoi sabrer le jeu. Mais pas de quoi l'encenser non plus comme le chef-d'œuvre qu'il aurait pu être. Dans la lignée de Final Fantasy XVI, voilà un jeu bossu, terriblement attachant, tristement claudiquant, touchant par sa générosité et ses excès.