Test | Atlas Fallen
09 août 2023

Pinces of Persia

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Atlas Fallen

Vous aimez le sable, faire des châteaux sur la plage ? De la luge sur la dune du Pilat ? Ou la bagarre contre des crabes géants, avec un gantelet magique ? C'est ce que vous propose Atlas Fallen, en solo... ou en coop.

L'histoire

Dans Atlas Fallen, vous pouvez glisser sur le sable. Les sensations et les bruitages rappellent les meilleurs jeux de snowboard, surtout quand vous passez sur un type de sable différent et que vos semelles raclent un peu. Comme si vous traversiez une portion de gravier... grisant. Accessoirement il y a un scénario aussi : deux dieux ancestraux s'affrontent, l'un perd et se retrouve enfermé dans un gantelet que vous récupérez par hasard. Bof.

Ce n'est pas le plus important – surtout que votre héros n'a aucune personnalité, aucun arc narratif. Les dialogues fonctionnels sont du coup dans la lignée d'un Assassin's Creed : voici le prochain objectif expliqué en un minimum de mots. Dommage, vu le potentiel. Vous, qu'est-ce que vous feriez si vous héritiez d'un gant magique ? Les sociopathes de service claqueraient des doigts avec un sourire tout thanosien, mais les autres ? Vous vengeriez votre famille ? Vous deviendriez le nouveau Muad'Dib ? Ou vous feriez des courses de snowboard dans la poudreuse blonde h24 ? Bonne réponse : le vrai intérêt de cette histoire, c'est de vous permettre de glisser sur des dunes de sable avec ce crissement si satisfaisant, comme dans le formidable Journey. De repérer un fort abandonné, une tour effondrée ou une mine à explorer. Et accessoirement, de vous battre.
Un héros médiocre, un gameplay parfait

La bagarre

Dommage que l'effort ait plus porté sur la création que sur l'écriture du héros.

Bonne nouvelle : les combats sont aussi réussis que les glissades. Par où commencer... Déjà votre héros répond à vos impulsions avec une nervosité parfaite : les déplacements et animations sont ultra rapides, les esquives et les parades instantanées. Comparé au précédent jeu du studio, The Surge 2, c'est le jour et la nuit. Atlas Fallen bouge super bien et la prise en mains donne un plaisir immédiat. Pour ne rien gâcher, pas de ralentissements, pas de shaders mal compilés contrairement aux Star Wars Jedi : Survivor et autres Gotham Knights récents. Très bien optimisé, le jeu tourne même à plus de 30 fps sur Steam Deck et ROG Ally en moyen. Et heureusement, vu que les erreurs se payent cash.

Vous affrontez en gros deux types d'ennemis : les petites créatures du désert qui vous harcèlent mais ne sont dangereuses qu'en meute, et les énormes boss qui remplissent tout l'écran, même votre Ultrawide. Ceux-là ont des attaques dévastatrices qui peuvent vous mettre KO en deux coups. Ils vous forcent à être mobile, à cibler certaines parties de leur armure pour les empêcher d'attaquer comme dans Horizon Forbidden West. Les plus dangereux déclenchent des sorts de zone qui vident votre barre de magie, indispensable pour vous soigner ou lancer des coups spéciaux.

Ces mastodontes vous forcent à upgrader votre armure, vos sorts, vos dons, vos idoles – tout un système de bonus que vous pouvez améliorer en récoltant des ressources dans le désert ou sur la carcasse fumante de ces gros ennemis justement. Comme dans un bon Elden Ring, il ne faut pas hésiter à partir pour revenir plus tard. Même si le jeu n'est pas un open world, les zones sont immenses et récompensent systématiquement l'exploration. Il y a toujours un bonus planqué quelque part. Une statue divine à fracasser. Un phare haut perché qui révèle les coffres planqués. Du parkour avec des phares à activer en temps limité. Des animaux à pister pour découvrir un trésor enfoui. Un PNJ à aider. Etc, etc.
Les combats contre les Garde-Queue, Vagabond et autres Sculpteur gigantesques sont homériques

Le multi

La coop vous encourage à changer votre setup : les sorts de zone deviennent intéressants à deux.

Le crafting est vraiment ce qui fait tout le sel du jeu sur la durée. Contrairement à Diablo IV, la sensation de gagner en puissance au fil des loots est vraiment là. Vous souffrez sur votre premier Brise-Carapace, un crabe des sables dont les coups de boule sont mortels (si, si). Avant de fumer les suivants en une minute chrono une fois vos sorts et vos dons upgradés au max, avec le "fan de série" par exemple qui augmente vos dégâts quand vos "pierres d'essence" (c.-⁠à-⁠d. vos sorts) sont tous tournés vers l'attaque. Dans le pire des cas, attention aux âmes sensibles qui ne jurent que par le "Get Good" des FromSoftware, vous pouvez... changer la difficulté. N'importe quand. Quel bonheur.

L'autre solution, c'est de jouer en coop. C'est tout simplement la meilleure implémentation de la coop jamais vue depuis, quoi ? Jamais ? En bref, un ami peut vous rejoindre et partir à n'importe quel moment. Si vous êtes plus puissant que lui, il bénéficie de vos bonus comme le triple saut... le temps de votre session. Inversement, vous perdez certaines capacités avancées en rejoignant la sienne. Si vous êtes en train de discuter avec un PNJ, il peut s'approcher pour écouter. Ou se téléporter à l'autre bout de la carte et mener sa petite vie – vous verrez toujours son curseur. Il peut aussi looter, sachant que tout est immédiatement partagé – oui, même si vous êtes très éloigné l'un de l'autre. Faire une quête FedEx devient aussi satisfaisant qu'un speedrun.

Affronter un boss aussi : vous pouvez ranimer votre partenaire en une seconde. Vous répartir les rôles : attaquer la même partie d'une armure ensemble, ou éliminer les petites invocations du boss pendant que l'autre interrompt une attaque de zone ou place une bulle de soin. Et quand votre jauge de magie le permet, vos attaques ultimes déclenchent un spectacle son et lumière digne du 14 juillet. Génial. Franchement, si vous pouvez y jouer avec un ami, faites ce jeu en coop. Surtout qu'une fois la session finie vous avez le choix entre sauvegarder la progression de votre personnage, de la carte avec tout ce que votre ami a débloqué (dangereux)... ou rien du tout. Le rêve.
Tout a été mis en œuvre pour rendre la coop fluide et amusante

Pour qui ?

Après le loot, le craft : vous débloquez des pierres d'essence qui sont autant de sorts à upgrader.

Vous avez toujours rêvé de jouer à Darksiders II en coop ? Ne cherchez pas plus loin, Atlas Fallen est la nouvelle référence de l'action-exploration énervée. La maniabilité est parfaite, les combats dantesques et nerveux, la direction artistique sublime – le sans-faute. Ou presque : dommage que le scénario ne soit pas à la hauteur avec un héros fadasse incapable de rivaliser avec War, Death ou Fury, les héros des Darksiders. Difficile de s'identifier à ce nobody qui hérite de ses pouvoirs par accident et se contente ensuite d'obéir aux PNJ croisés. Si Deck13 veut vraiment entrer dans la cour des grands avec son prochain jeu, il lui faut lâcher la bride à ses scénaristes.
Le gameplay rappelle les meilleurs Darksiders ; le héros falot, moins

L'anecdote

Déplacements rapides et attaques, esquives, parades fulgurantes : les contrôles sont parfaits.

Atlas Fallen m'a rappelé à quel point un bon gameplay faisait un bon jeu. The Surge 2 m'était tombé des mains à cause de sa maniabilité et de sa difficulté ; j'avais l'impression de subir, pas de contrôler. À l'inverse, Atlas Fallen propose une réactivité des contrôles dans les combats comme dans les déplacements qui rappelle Marvel's Spider-Man. Glisser sur le sable est aussi satisfaisant que de se balancer entre les gratte-ciels de New York. Utiliser ses sorts au bon moment rappelle le déclenchement des gadgets de l'homme araignée. Esquiver ou parer pour contre-attaquer est relativement facile, grâce à des timings assez souples. Et l'exploration est encore mieux récompensée – il y a toujours du loot en haut d'une tour, sous l'aile d'un dragon de pierre ou dans une crique naturelle étrangement vide... Si vous y jouez en coop, vous n'aurez qu'un seul regret : que les géants d'Insomniac Games ne se soient pas encore inspirés de Deck13.


Merci à CCOX2049 pour quelques uns des screenshots en coop de ce test.
Deck13 tutoie les meilleurs de l'industrie

Le test vidéo

Les Plus
  • Les contrôles
  • Le snowboard dans les dunes
  • Les combats
  • L'exploration et son loot
  • L'univers original, la direction artistique
Les Moins
  • Un héros sans arc narratif
  • La coop limitée à sa liste d'amis
Résultat

Atlas Fallen est une énorme et belle surprise. C'est un jeu d'action et d'exploration au gameplay formidable, aux mécaniques de combat incroyables et au punch indéniable. Déjà excellent en solo avec ses glissades sur les dunes, son parkour aérien et ses combats énervés, il met une claque au genre en coop – se répartir les rôles face à un boss ou explorer à deux est une expérience géniale. Dommage que le héros soit fadasse, sans motivations personnelles ni arc narratif. Vivement une suite qui corrige ce défaut pour projeter Deck13 au firmament. Ad Astra per Aspera !

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