Test | Solasta : Crown of the Magister

25 juil. 2021

C'est au travers du monde ravagé de Solasta et d'explorations de donjons que votre compagnie de héros enquête sur un mystère antique refaisant surface. Non là une prétention à un angle scénaristique original, mais une volonté de pousser un univers de jeu de rôle afin de vous y immerger au mieux. Tout comme n'importe quel classique du genre, ce sont les informations distillées grâce aux dialogues et différentes lectures qui permettent d'en apprendre un peu plus sur le contexte historique passé et présent. Le fil rouge très JDResque offre tout ce qui se fait dans le standard du jeu de rôle papier. Ce sont tous les repères qui ici permettent une base classique mais fonctionnelle, sans être le point remarquable de Solasta : Crown of the Magister, qui lui se trouve par le biais de son gameplay.

La mise en scène de son côté ne rend pas forcément justice au travail d'écriture de l'univers. Un manque d'inspiration et de composition lors des cinématiques décrédibilisent les situations, frôlant parfois un ton comique en déconnexion totale avec le sujet. Cependant, une belle proposition musicale – bien que classique – permet de rattraper les faiblesses techniques.

Ici, les développeurs se glissent dans le rôle du maître du jeu. Solasta : Crown of the Magister est concrètement un véritable jeu de rôle papier porté en jeu vidéo. Grâce à la licence des règles de Donjons & Dragons 5e édition octroyée par Wizards of the Coast, chaque situation un tant soit peu compliquée et non automatique se retrouve régie par les statistiques et les jets de dés du personnage concerné. Le jeu de rôle vidéoludique s'étant au départ inspiré de son grand frère de plateau, ce n'est là qu'une représentation de réussites et échecs de vos actions, chose qui s'est habituellement retrouvée à être cachée par pure recherche d'immersion. Mais l'ambition de Tactical Adventures est là de permettre de retrouver ces références. La profondeur de gameplay qui se base d'un côté sur un aspect tactique assez conventionnel – les donjons sont assez linéaires et proposent régulièrement des combats au tour par tour – tire sa force sur son aspect développement de personnages.

Chose qui pourra peut-être vous faire peur au premier abord si vous n'en êtes pas familier, la création de personnage est probablement l'élément le plus développé de Solasta. Que ce soit dans l'édition physique des aventuriers de votre groupe, dans la fiche statistique ou encore dans son background, tous ces éléments permettent de développer votre équipe avec une immense marge de manœuvre. À vous de prévoir un certain temps lors de cette phase, mais des bulles de conseils vous permettent d'attaquer cette première étape plus aisément. Toute cette section, qui vous accompagne tout au long de l'aventure, est l'élément central qui assiste toute l'exploration et les combats de votre session de jeu.

Solasta : Crown of the Magister est le fruit de passionnés de jeux de rôle papier cherchant à vous apporter sur un plateau d'argent un kit complet vous faisant vivre une aventure entière. Sans pour autant égaler la véritable expérience JDR, elle permet de retrouver ce plaisir des statistiques et des jets de dés. Cependant, il est là aussi l'occasion pour n'importe quel curieux de découvrir les règles classiques du genre afin de comprendre son fonctionnement et pourquoi pas vous plonger dans de véritables parties autour d'une table.

La campagne développée par le studio n'est pas le seul mode proposé, puisqu'un mode donjons assez poussé vous permet de créer et de jouer à votre propre aventure ou à celle d'autres joueurs grâce au workshop. Les outils assez complets auront de quoi mettre votre imagination en marche, du level design à la narration. De quoi satisfaire votre quasi insatiable soif de quêtes. Le tout aurait parfaitement été calibré pour un multijoueur coopératif. Mais la structure complexe d'un tel dispositif est totalement excusable pour une équipe d'indépendants.

Joueur de jeux de rôle sans prétention, j'ai pu retrouver ici une bonne partie de ce qui fait le charme du genre. C'est un grand plaisir de se plonger dans les diverses fiches personnages, au point de regretter de ne pas pouvoir le faire avec des amis. Malgré tout, l'immersion est bien présente, et la sensation de suivre une campagne de JDR est véritable.