Test | The Medium
15 mars 2021

Le médian

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The Medium

Annoncé il y a moins d'un an lors d'un Inside Xbox, The Medium se présente comme un titre d'horreur psychologique vous laissant incarner une médium capable d'évoluer autant dans le monde des vivants que celui des morts, et ce en simultané. Une proposition qui a su paraître convaincante par l'équipe polonaise de Bloober Team, connue notamment pour Layers of Fear.

L'histoire

Au crépuscule du 2e millénaire, Marianne est une jeune adulte qui cherche à comprendre qui elle est après la mort de son père adoptif. Elle se retrouve seule dans une Pologne à peine sortie de l'ère soviétique. Un étrange appel l'amène à trouver un hôtel utopique où les rêves se sont écroulés et où les mystères s'épaississent. Le cheminement bascule entre étapes de deuil et vestiges du communisme. Malgré sa personnalité quelconque, Marianne n'est pas banale : elle présente des dons de médium lui permettant de basculer entre le monde des vivants et celui des morts.

L'histoire est doucement amenée de façon morcelée, sous la pression constante d'une structure narrative horrifique classique. Une protagoniste et un lieu au passé lourd à travers lesquels vous allez devoir mener l'enquête pour y déceler toutes les facettes plus ou moins sombres. Le schéma est globalement sans surprise, en utilisant les mécaniques de l'horreur psychologique aujourd'hui incontournables pour le genre. Mais il est vrai, The Medium possède certains temps forts, montées de stress et intrigues palpitantes, créant un intérêt certain pour le dénouement de chaque arc de l'intrigue. L'atmosphère et la mise en scène sont réussies, mais le cœur de la bête manque de coups de théâtre dans sa proposition en n'impliquant aucune nouvelle idée de design. La narration quant à elle se repose énormément sur le ressort de la voice over, procédé scénaristique ici justifié pour faire passer des informations en la faisant réciter par son personnage. Celle-ci reste fonctionnelle, mais exprime énormément de pensées didactiques, frôlant par moments la paraphrase.
Une structure narrative classique

Le principe

Une utopie devenue un cimetière.

Durant sa phase de marketing, The Medium a mis l'accent sur le gameplay symétrique et simultané entre le monde des vivants et celui des morts. Des phases du jeu vous permettent ainsi d'évoluer en même temps sur ces deux plans, ou alors de basculer de l'un à l'autre. Une idée prometteuse à première vue, mais qui sert finalement bien plus la narration que le game design avec une linéarité trop prononcée et un trop faible intérêt. Mais ce n'est pas là une mauvaise chose puisque cette dernière est cohérente avec le genre proposé par le titre. C'est dans la mouvance du point'n click moderne, tout en affichant avec évidence ses références classiques – Resident Evil pour ses angles de caméra par exemple –, que The Medium avance un jeu d'enquête et d'aventure. La progression est là principalement motivée par la soif d'informations sur l'univers et la narration, puisque l'aspect énigmes est assez faiblarde dans sa démarche. Il n'y a pas à fouiller très longtemps avant de tomber sur l'objet qui débloque votre avancée, et les phases permettant d'évoluer au sein des deux mondes restent dépourvus de secrets alambiqués. Malgré tout, c'est en maniant habilement son rythme que The Medium parvient à vous maintenir en haleine.

Alternant des phases d'énigmes et d'enquête avec des phases de narration et d'atmosphère ou encore d'action, il ne reste plus beaucoup de place à l'ennui. C'est dans les phases d'infiltration ou de course-poursuite que le tout pêche. La première rencontre vous provoquera probablement une montée d'adrénaline, mais la suite s'en trouve entachée par des ficelles et comportements trop évidents. Les actions de Marianne n'ont alors plus qu'à se caler sur la mécanique proposée en face pour parvenir facilement à son objectif. Les antagonistes perdent de cette manière leur souffle bien trop rapidement. Ces séquences étant plus courtes, leur désintérêt est rattrapé par les autres.
Les séquences d'enquête sont plaisantes

Pour qui ?

Le chemin n'est pas le même d'un plan à l'autre.

The Medium s'intègre un peu trop facilement dans le carcan du genre horrifique avec ses mécaniques et procédés trop classiques. En tant que fan d'horreur, votre intérêt est à double tranchant : trop classique ou sympathique ? Le tout se laisse faire agréablement sans être transcendant. Bien que présentant peu d'éléments annexes à collecter – est-ce un défaut ? - le titre propose tout de même une durée de vie convenable de 5 à 10 heures. C'est là potentiellement un bon moment à passer si vous avez notamment accès au Xbox Game Pass.
Trop classique ou sympathique ?

L'anecdote

Des notes sont à trouver un peu partout.

Je ne suis pas tant habitué aux jeux d'horreur et globalement au genre en général. Malgré tout, les ficelles scénaristiques ont été faciles à déceler. Notamment celles autour de l'antagoniste qui m'ont permis d'appréhender ces rencontres sans tension, pour le meilleur comme pour le pire – la tension est quand même le ressort principal du genre horreur psychologique.
Des mécaniques qui s'essoufflent trop rapidement
Les Plus
  • La progression de la narration
  • Une ambiance réussie
  • Des phases d'enquête plaisantes
Les Moins
  • Des séquences trop hétérogènes
  • Beaucoup trop de mécaniques prévisibles
  • Une difficulté globale trop faible
Résultat

The Medium est un point'n click à l'atmosphère réussie, mais reposant sur un scénario et gameplay beaucoup trop classiques. Avançant une idée de design originale avec son jeu simultané entre le plan des vivants et celui des morts, celle-ci tombe bien trop rapidement à l'eau avec un trop faible intérêt, à l'instar de face-à-face avec des antagonistes trop prévisibles dans leurs approches. Malgré tout, sa progression narrative bien rythmée se laisse faire avec plaisir, mais est loin d'être incontournable.

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