Sorti trop tôt pour durer ?
- Éditeur Bandai Namco Entertainment
- Développeur CDProjekt
- Sortie initiale 10 déc. 2020
- Genre Rôle
Voilà qu'un monstre d'attente vient enfin s'offrir à nous et nos écrans. Cyberpunk 2077 arrive sur nos consoles et PC avec une liste de promesses, de rêves et d'envies qui défient l'entendement, au point d'en faire le jeu le plus attendu de 2020 et des années à suivre. Et par où commencer ? Cyberpunk 2020, jeu de rôle papier légendaire, bénéficie d'un univers immense et étendu sur de nombreuses extensions, qui a vu l'imaginaire de nombreux joueurs s'aventurer au point de le fantasmer à sa façon. Avec CD Projekt Red aux commandes, cette hype avait presque de quoi être légitime. Mais vous le savez déjà, une déferlante de critiques est tombée dès la sortie du jeu. Est-ce justifié pour autant ? Prenez vos plus belles augmentations cybernétiques pour une balade futuriste.
La technique
Sur old-gen d'abord, sur quinze heures jouées, le jeu a planté seulement deux fois dans les endroits les plus exigeants en essayant de quitter le jeu puis de rerentrer directement dedans alors que le personnage était en action ou dans un véhicule. Oui le clipping est présent, les textures fines mettent du temps à apparaître parfois mais pas de version PS3-360 visible. Les décors sont là et l'immensité et la diversité de Night City retranscrit au mieux de ce que la machine peut et ce n'est pas fou : certaines rues sont désertes, il y a des problèmes de collision, de clipping, visuellement il y a comme des grains à l'écran durant une ou deux secondes, etc. Comparé à Final Fantasy XV ou à Fallout 4, c'est globalement plus joli, offrant une multitude de détails, mais la carte proposée est plus petite.
Sur Series X, ce n'est clairement plus le même jeu et c'est presque choquant de passer de l'une à l'autre des versions, surtout qu'il ne s'agit pas encore de la version next-gen qui sortira un peu plus tard en 2021. La mise en valeur des jeux de lumière, des effets de néons, de la pluie... en fait tout semble se dérouler de façon normal sur Series X. Pour compléter par un exemple, la même mission secondaire (racket en cours) a été faite sur chacune. Dans la version One, on traverse une rue déserte (sauf deux marchands pour six ou sept stands) pour arriver dans un coin tout aussi désert avec juste un marchand et ses trois agresseurs. Sur Series X, il a fallu passer dans une rue animée (passants, marchands, musiciens), avant d'arriver dans un coin plus tranquille et de tomber sur la même scène.
Donc comparativement il y a un écart important, qui ne nuit cependant pas réellement au jeu en lui-même sauf à diminuer l'immersion procurée par les scènes vécues, surtout quand un dialogue ne s'enclenche pas.
L'histoire
La conduite est sommaire mais le plaisir de la balade est toujours là.
L'histoire n'est pas très longue en elle-même puisque le jeu peut se terminer en une vingtaine d'heures en ligne droite. Cependant, la force du jeu est que vous enrichissez votre histoire en réalisant des missions secondaires. Et ce qui est vraiment marquant, c'est que vous pouvez très bien manquer des moments très forts dans vos choix de ne pas faire certaines missions au point d'amputer votre fin d'un bout important. Ce qui ressort le plus dans cette aventure c'est bien Night City, la ville en elle-même qui semble vivre. L'univers cyberpunk est bien retranscris et ne vous offre pas seulement une copie d'Akira ou de Ghost in the Shell. Vous n'utilisez que peu les déplacements rapides tant les décors proposés mais aussi les petites missions sont nombreuses. La ville est grouillante de vie et donc de contrats. C'est sans doute ce qui est le plus réussi. Il est aussi à noter qu'il est possible de créer plusieurs romances avec certains personnages vraiment marquants tels que Paname ou Judy.
Le principe
La circulation sur la carte est parfois difficile, avec un léger manque de lisibilité.
Qui dit jeu de rôle dit arbre de compétences, et V peut se spécialiser dans cinq branches différentes après attribution de points dans celles-ci. Vous retrouvez ici les classes de Cyberpunk 2020 : le Techie, le Netrunner, le Rockerboy, etc. Pourtant, ces classes ont été amputées pour ne garder que cinq branches de développement possibles, à savoir : l'intelligence, les réflexes, la constitution, les capacités techniques et le sang froid. Les menus ne sont pas très maniables et, pire, certaines explications sont manquantes ou faussées. En effet, malgré les lignes qui rejoignent les différentes capacités (voir image ci-dessous) vous pouvez directement investir des points dans les capacités aux extrémités si vous avez atteint les conditions de niveau. Dans les faits, c'est ici que votre façon de jouer va trouver sa répercussion entre la discrétion, la force brute ou tout autre voie qui vous plaît. Le jeu propose quelque chose d'assez libre, ce qui vous écarte des classes citées plus haut mais permet de choisir ses approches puisque vous n'êtes jamais réellement bloqué dans un mode infiltration ou dans un pur FPS.
Mais finalement, ce n'est pas tant les compétences que les augmentations cybernétiques qui vont faire évoluer drastiquement le gameplay. Moyennant quelques eddies, monnaie courante à Night City, vous aller pouvoir modifier votre corps sans aucune question morale. Les moins chères vous permettent de modifier vos yeux pour voir les ennemis aux travers des murs, mais d'autres, beaucoup plus onéreuses, vont vous permettre d'acquérir un double saut par exemple. Et ce sont ces améliorations qui vont drastiquement modifier vos approches. Le double saut donne une verticalité à la ville insoupçonnée, se priver de cette amélioration gâchant clairement l'exploration.
Il y a plein d'autres éléments à gérer tels que la réputation, vos actions qui augmentent vos capacités dans ces mêmes actions (par exemple, plus vous utilisez le katana et plus vous devenez fort avec le katana), et bien d'autres. Le système de hack est une déception sur le long terme, vous demandant une réflexion chronométrée ; vous devez créer des lignes de code comme demandé dans un modèle. Et déjà que cela n'est pas très difficile, cela devient vite rébarbatif au point de passer à côté au bout d'un certain temps de jeu.
Pour qui ?
L'arbre de compétences semble immense, pourtant le plus souvent c'est pour 3 % supplémentaires.
Pour les autres, il s'agit d'un RPG qui essaie des choses et qui n'est pas loin de les réussir, s'il n'avait pas promis plus avant. Comme quoi le marketing est devenu le point dominant des AAA.
L'anecdote
Le style est parfois surprenant.
- Night City, une ville incroyable
- Un jeu vraiment immersif
- Des quêtes secondaires passionnantes (pas toutes)
- Des personnages vivants, certains attachants, d'autres détestables
- Le double saut qui fait vraiment décoller le gameplay
- Les véhicules et leur design
- La liberté d'approche des situations
- Les versions old-gen
- Les trop nombreux bugs qui peuvent casser l'immersion
- Les collisions, justes wtf
- Les combats au corps à corps ne sont pas du tout précis
- L'IA déplorable, surtout quand vient l'heure des boss
- Un sens du rôle un peu trop passe-partout
- Le jeu n'est toujours pas fini, la preuve une case capacité déjà disponible mais vide (coucou les DLC)
Alors que vient la conclusion de Cyberpunk 2077, tirer un bilan clair et définitif est compliqué. Le jeu possède de grosses qualités qui montrent que CD Projekt Red est bien un grand nom du jeu vidéo. La construction de Night City et la qualité d'écriture des quêtes principales et secondaires en sont le plus bel exemple. Si vous vous attardez seulement sur l'histoire, le jeu peut être considéré comme une réussite. Maintenant, il faut aussi voir que l'IA est loin d'être bonne et que le jeu souffre encore de nombreux bugs. Cyberpunk 2077 fait beaucoup, mais beaucoup d'autres jeux ont déjà fait séparément mieux. Et c'est sans doute là son principal défaut : vouloir proposer des choses sans jamais aller au bout. Jamais vous ne pourrez vous dire que Cyberpunk 2077 a révolutionné quelque chose (hormis la communication peut-être). Pourtant, l'aventure offre des heures de jeu plus qu'agréables pour un titre qui aurait dû faire beaucoup mieux.