Test | Sackboy : A Big Adventure

24 déc. 2020

Rien ne va plus au pays des glandeurs. Vex, le brave capitaliste, offre aux habitants oisifs de Patchwork Monde un projet grandiose, une occasion unique de transcender leur médiocre condition : construire son Tournebouleur. Alors oui, ça suppose de se lever tôt le matin, de pousser des chariots, de transpirer un peu. Au lieu de flâner sur la grande place et de regarder des artistes de rue comme Sackboy peindre des tableaux ineptes, des croûtes sans nom. Dans ce jeu démagogique à la gloire de la procrastination, vous incarnez non pas le courageux Vex, mais le rebelle Sackboy. Ce distributeur de baffes ambulant va détruire tous les décors de Patchwork Monde pour looter perles, boules colorées et autres grelots d'or, soi-disant pour libérer ses amis glandeurs. Ne vous faites pas avoir. Sackboy est sans doute encore plus capitaliste que Vex...

Sackboy : A Big Adventure est un jeu de plateforme mignon tout plein qui a tiré un trait sur son glorieux historique. Pas question de transformer les niveaux, de construire, de personnaliser : retour aux fondamentaux, vous allez d'un point A à un point B en évitant pièges et ennemis. Sackboy dispose d'une palette de mouvements assez réduite : roulade, baffes, sauts, c'est tout et ça suffit. Ah, vous pouvez aussi attraper des objets comme des graines, pour les jeter sur les ennemis ou faire pousser des plantes – comme c'est mignon, notre rebelle a la fibre écolo. Quelques niveaux vous donnent aussi des objets comme le boomerang pour dégager les ronces ou le grappin pour faire Tarzan. Reste une absence : un bouton courir qui manque cruellement. Sackboy est lent, tellement lent qu'on souffre dès qu'il faut faire des actions en temps limité – porter une bombe, looter des perles qui disparaissent après un certain temps, avancer sur des plateformes qui disparaissent. C'est particulièrement vrai à partir de la moitié du jeu, quand il faut éviter les tirs de canon, ou dans les niveaux défis chronométrés.

Bonne nouvelle : tous les niveaux sont jouables à plusieurs. Jusqu'à 4 en coop, en local voire en ligne depuis le 17 décembre grâce à un patch. Ce qui permet de se débarrasser plus facilement des (rares) ennemis, de faire la course au loot (chacun son score), voire, comme dans tout bon jeu multi, de se gêner mutuellement... en se filant des baffes, en se poussant dans le vide ou en volant honteusement les objets portés par les autres. Attention à coopérer quand même entre deux baffes : il faut parfois attraper un autre joueur et le jeter en hauteur pour activer un mécanisme, tirer une plateforme à deux, etc., ce qui apporte un vrai plus aux niveaux.

Trouver des joueurs random est facile, surtout que le cross-play est possible : il suffit d'ouvrir un menu multi en pleine session solo pour voir popper des joueurs sur la carte ou directement dans un niveau. Attention, les vies sont partagées, et les game over sont rapides dans les niveaux avancés. À l'exception de quelques niveaux jouables uniquement en multi où les vies sont infinies, et qui sont conçus pour 2 minimum. Seul souci : la caméra choisit toujours un joueur, pas forcément l'hôte d'ailleurs, alors que chacun pourrait vivre sa petite vie – dans certains niveaux verticaux, ça pose problème. Par ailleurs, en local, il faut impérativement des manettes DualSense, les DualShock de la PS4 n'étant pas supportées. Ça fait cher l'addition si vous voulez jouer à 4 en local. A 70 € le jeu et 70 € chaque manette, cela fait 350 € pour jouer à 4. Plus 500 € pour la console. Mais bon, si vous avez acheté une PS5 au lancement c'est que vous avez les moyens, non... ?

En solo, Sackboy : A Big Adventure est un jeu de plateforme sympathique qui constitue une excellente initiation à la lutte des classes. Les graphismes mignons et les textures incroyablement détaillées donnent envie de lécher les décors, un peu comme un Yoshi's Crafted World. Le jeu de Sony reprend d'ailleurs le système de merdouilles planquées partout qui donneront envie aux complétionistes de refaire les niveaux pour tout platiner. Et aux fashionistas d'acheter tous les costumes. Un jeu de plateforme efficace qui remplit son cahier des charges, à un énorme défaut près : la lenteur des déplacements. C'est souvent une torture de se déplacer à deux à l'heure quand un ennemi vous saute dessus ou qu'un canon vous vise. Un défaut qui s'atténue en multi, quand vos coéquipiers d'un jour se chargent d'attirer ennemis et projectiles. Vu la simplicité de l'intégration du multi, vous auriez tort de ne pas ouvrir la lutte finale aux petits révolutionnaires en ligne.

J'ai attendu le patch online sorti le 17 décembre dernier pour finaliser ce test et j'ai bien fait : le multi apporte un vrai plus au jeu. Non seulement l'intégralité des niveaux solo est jouable en coop, mais les niveaux réservés au multi sont vraiment inventifs. Il faut parfois se creuser la tête pour progresser, un Sackboy jetant l'autre joueur en hauteur par exemple, ou l'un des joueurs activant des plateformes pour l'autre. C'est aussi l'occasion de frimer avec ses costumes. Petite dédicace à Franek-40, un inconnu avec qui j'ai traversé quasiment l'intégralité du Royaume de Crablantis. Sans jamais ressentir le besoin de se parler – simplement en jouant en symbiose totale, ce qui donne une idée de la qualité du level design.