Un remaster faiblard et décevant
- Éditeur THQ Nordic
- Développeur KAIKO Games
- Sortie initiale 8 sept. 2020
- Genre Rôle
Sorti en 2012, Les Royaumes d'Amalur : Reckoning n'avait pas rencontré le succès attendu auprès de son public. Huit ans plus tard, THQ Nordic nous propose un remake avec la sortie des Royaumes d'Amalur : Re-Reckoning. Attendu au tournant pour la refonte de cet opus, force est de constater que le studio ne s'est pas tué à la tâche.
L'histoire
Cependant, il faut noter que l'ensemble est construit sur des bases solides. En effet, si vous prenez le temps de vous intéresser aux divers écrits que vous trouverez au cours de votre aventure, vous arriverez à vous immerger en profondeur dans le quotidien des habitants de ce monde en proie à la guerre et à la destruction (votre imagination sera tout de même mise à rude épreuve, votre traversée des contrées d'Amalur ne transpirant pas franchement l'apocalypse).
La trame de la quête principale, bien qu'assez classique, déroule le fil directeur de l'histoire de manière efficace et amène en douceur le protagoniste dans le rôle majeur qu'il sera amené à jouer. S'agissant des quêtes secondaires, elles sont légion, au point que vous pourrez vous y perdre au début, le plus simple étant de se concentrer sur la quête principale à réaliser dans la zone, avant de débuter les quêtes annexes.
Contrairement à certains jeux du même acabit qui proposent des quêtes secondaires pour inciter le joueur à visiter l'intégralité du monde et rallonger artificiellement son contenu, il faut reconnaître que Les Royaumes d'Amalur : Re-Reckoning a fait l'effort de penser un contenu un peu plus enrichi vous permettant d'en apprendre davantage sur les mœurs, les différentes races et les conflits inhérents à un tel melting-pot.
Le principe
Le mode "Jugement", réel atout du jeu.
L'intérêt majeur du système de combat réside dans l'accumulation des points de destin après chaque ennemi tué, vous permettant d'activer le mode "Jugement" lorsque votre barre de Destin est pleine. Cette fonctionnalité est particulièrement jouissive puisqu'elle débloque des cinématiques de finish assez gores et variées. Le paradoxe de cette capacité est qu'elle contribue à rendre les combats intéressants mais aussi trop faciles. En effet, lorsqu'elle est activée, le temps est considérablement ralenti pour vos ennemis et vos dégâts sont décuplés : on est tenté de garder ses points de destin pour activer le Jugement contre les boss, déjà assez simples à battre.
Côté personnalisation, le jeu se démarque un peu puisqu'il vous offre la possibilité de vous "multiclasser". Vous n'êtes pas tenu de jouer un mage, un guerrier ou un roublard, vous choisissez littéralement votre "Destinée" en octroyant des points en finesse, puissance et sorcellerie. Ainsi, si vous ne souhaitez pas vous spécialiser dans une branche en particulier, il existe des Destinées requérant de maîtriser moyennement les trois branches : c'est le cas pour l'"Universaliste" ; à l'inverse, d'autres Destinées vous demanderont de maîtriser à la perfection l'une des trois branches comme c'est le cas pour la "Lamenoire". Chaque "classe" présente des intérêts et des approches différentes des combats (furtivité, dégâts de zone, contrôle de foule etc.) mais l'on reste toutefois sur un système assez traditionnel.
Un certain défaut est à relever s'agissant de la furtivité et du combat à l'arc. Le jeu se prête difficilement aux approches furtives qui sont mal pensées : vous ne pouvez souvent éliminer qu'un ou deux ennemis furtivement avant d'être repéré. Il en va de même pour le combat à l'arc et son système de visée automatique très faiblard lorsque l'on joue sur PC.
Du reste, Les Royaumes d'Amalur propose un système d'artisanat un peu à la marge. Vous pouvez ainsi vous lancer dans l'alchimie en ramassant divers composants lors de vos pérégrinations afin de créer diverses potions et autres poisons. Vous avez également une compétence d'armurerie afin de forger certains équipements et un artisanat du Sage permettant de créer des gemmes pour renforcer votre armement.
La remasterisation
L'inspiration de Fable n'est plus à prouver et nous rend nostalgique.
Lorsque l'on nous annonce le remake d'un jeu plus de huit ans après sa sortie, on peut s'attendre à un bon lifting graphique et une retexturation relativement propre : ce n'est absolument pas le cas. Si l'ambiance graphique est agréable et nous rappelle Fable, la version PC semble être un copier-coller de la version d'origine et l'on retrouve encore dans certaines zones des textures complètement pixélisées au sol. Par ailleurs, il n'est pas admissible qu'un jeu sorti en 2012 et remasterisé en 2020 soit encore instable : dans certaines zones, vous aurez des chutes de framerate, même si votre configuration est solide.
Re-Reckoning apporte en marge de ce remaster quelques changements comme l'ajout d'une difficulté "Très difficile" dont la valeur ajoutée reste à prouver. Le système de niveau par zone a été revu, vous permettant ainsi d'accéder à toutes les zones à vos risques et périls et adaptant le niveau des ennemis dans les zones les plus faciles à votre niveau actuel.
Si certaines modifications auraient été appréciables comme l'ajout d'une touche de saut (se retrouver bloqué par une racine qui dépasse du sol est franchement frustrant), le retrait de la limite d'inventaire ou de l'usure des équipements (dans un univers où les coffres régurgitent du loot à foison), elles ne sont pas au rendez-vous.
De plus, certains bugs connus du jeu d'origine ne sont pas corrigés : des ennemis qui ne vous détectent pas alors que vous êtes face à eux, le script d'un dialogue de la quête principale qui ne se déclenche pas, quêtes secondaires que vous ne pouvez pas activer... Beaucoup d'écarts qui pourraient laisser un goût amer aux joueurs du premier opus.
Pour qui ?
Les assassinats sont jubilatoires.
Si vous n'aviez pas eu l'occasion de tester le jeu à sa sortie en 2012 et que vous aimez les gameplays un peu fébriles, Les Royaumes d'Amalur pourrait vous plaire. L'ambiance graphique et musicale permettent de se plonger dans l'univers avec aisance et l'on se surprend parfois à rêvasser et être dans la contemplation.
Toutefois, les amateurs de mondes ouverts foisonnant d'activité pourraient être rebutés par Re-Reckoning. En effet, le monde est gigantesque mais brille par son absence de vie et les nombreuses quêtes secondaires ne parviennent pas à combler ce vide.
Ce remaster comprend les contenus additionnels d'origine et THQ Nordic prévoit la sortie d'un nouveau DLC courant 2021. Par ailleurs, les joueurs disposant du jeu d'origine sur Steam bénéficieront de 50 % de réduction sur l'achat du remake (non accessible aux joueurs console, principalement visés par la remasterisation du titre).
L'anecdote
Un des donjons de la faction des Engagés, une des nombreuses guildes d'Amalur.
Ce n'est qu'en février 2012 que Les Royaumes d'Amalur : Reckoning fait sa sortie après plus de six années de développement. Quelques mois après le lancement du jeu, 38 Studios est en cessation de paiement et licencie tous ses employés. L'État de Rhode Island récupère la propriété intellectuelle des Royaumes d'Amalur ainsi que du projet Copernicus qui finira par être revendu pour rembourser les 112 millions de dollars prêtés à 38 Studios.
Cette volonté de se lancer dans la création d'un MMORPG est sans doute ce qui a poussé le studio à nous livrer un jeu solo aux airs de MMO solo : la carte du jeu est immense mais les contrées que vous êtes amené à parcourir sont bien souvent vides et laissent un goût d'inachevé. Les Royaumes d'Amalur est le rejeton d'un studio qui s'est laissé emporter par ses rêves de grandeur et l'intervention de THQ Nordic pour nous sortir ce remake huit ans plus tard n'a en rien changé la donne.
- L'ambiance musicale
- La nostalgie des graphismes à la Fable
- Un univers bien construit
- Le mode Jugement assez jouissif
- Une interface et un menu qui datent
- Un système de visée et de furtivité faiblard
- Une caméra à la ramasse en combat
- Des modifications attendues mais absentes
- Des graphismes presque inchangés
- Des bugs connus du premier opus et non réglés
Si la sortie du remaster d'un jeu est un exercice périlleux pour un studio, il n'est pas rare que les attentes des fans ne soient pas comblées et que la déception soit au rendez-vous. Les Royaumes d'Amalur : Re-Reckoning n'échappe pas à cet état de fait et force est de constater que THQ Nordic s'est montré paresseux pour un jeu vendu presque 40 euros à sa sortie. Soyons clairs, le jeu en lui-même n'est pas mauvais et il a même quelques atouts à faire valoir mais son remaster ne présente aucun intérêt, si ce n'est celui du portage sur des consoles plus récentes. C'est un bilan bien sombre pour un jeu qui aurait pu se hisser vers les sommets si son créateur n'avait pas eu les yeux plus gros que le ventre. Ce remaster s'adresse à ceux qui n'avaient pas eu l'occasion d'y jouer à sa sortie en 2012, pour les autres, la déception risque d'être au rendez-vous.