Test | Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition
30 août 2020

Baron Noir

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Pathfinder : Kingmaker - Definitive Edition

Sorti bourré de bugs sur PC en 2018 après une campagne Kickstarter à un million de dollars, Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition veut se racheter avec cette version console. Deux ans ont passé. Le développeur russe a sorti dans la douleur une armée de patchs PC. Ainsi que de nombreux DLC, de nouvelles aventures, de nouveaux sorts et des combats au tour par tour en option. De quoi rendre cette édition définitive séduisante sur le papier... mais sur le papier seulement.

L'histoire

Est-ce que voulez devenir calife à la place du calife ? Baron à la place du baron ? A priori, oui : régner sur les Terres Volées, éviscérer dans la bonne humeur, looter jusqu'à plus soif, le tout pour les beaux yeux de la descendante directe des fondateurs de Restov... difficile de dire non. Surtout si vous êtes fan du jeu de rôle papier original : le jeu s'inspire de la campagne papier Pathfinder Adventure Path sortie en 2010. Et les six DLC de la version PC sont inclus, dont trois gratuits : Bloody Mess pour le gore, Arcane Unleashed pour les nouveaux sorts, et Royal Ascension pour le fan service (artbook, portraits...). Les trois DLC payants du Season Pass sont plus intéressants. The Wildcards propose une nouvelle race réclamée par les fans après la sortie, les Tieffelins, une nouvelle classe, les Kinécistes, et une nouvelle héroïne. Varnhold's Lot vous demande d'établir une nouvelle baronnie dans la douleur, alors qu'une force occulte réveille les morts et que des centaures vous empêchent d'enquêter. Enfin Beneath The Stolen Lands propose d'explorer un labyrinthe vraiment particulier...
Les six DLC de la version PC sont inclus

Le principe

Vous pouvez négocier avec ce dragon blessé... ou le tuer.

Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition est un jeu de rôle pur et dur qui fait penser à Baldur's Gate et à Pillars of Eternity. Par son univers fantasy d'abord, avec ses dragons, ses donjons et ses trésors. Par ses dialogues ensuite, avec des personnages très écrits et des quêtes annexes bien scénarisées. Mention spéciale à cette auberge où les voyageurs disparaissent, et dont la fouille va révéler la nature inhumaine des aubergistes. Et surtout par la richesse de ses combats, en temps réel avec pause optionnelle pour donner des ordres. Cette version définitive ajoute du tour par tour activable d'un simple clic sur le stick, option qui est disponible même si un combat a déjà démarré – très utile pour rattraper une situation qui dégénère. Reste que le tour par tour manque de dynamisme et de lisibilité manette en main. À réserver aux combats difficiles.
Un RPG pure souche à la Baldur's Gate

La version console

Certains objets vous donnent des bonus considérables. Et de gros malus !

Adapter un RPG à la manette n'est pas simple. Les hack'n slash à la Diablo III s'en sortent très bien, les autres... beaucoup moins. Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition a besoin d'une souris et vous le rappelle en permanence, pour faire défiler le descriptif des sorts, identifier les vulnérabilités d'un ennemi ou monter un camp dans la cambrousse. Il faut souvent appuyer sur un bouton pour faire apparaître un curseur de souris virtuelle, à déplacer ensuite leeeeeentement avec le stick droit. Exemple avec les sorts : le raccourci qui permet de les faire défiler rapidement à la manette n'affiche aucun descriptif : à vous de connaître leurs icônes par cœur. Avant d'en arriver là, il faut donc utiliser la souris virtuelle, survoler les icônes pour lire les descriptifs, mémoriser les icônes des sorts les plus utiles, pour ensuite n'utiliser que leur raccourci. Pas évident, et pourtant indispensable pour chaque combat. Ce qui ne prend que quelques secondes sur PC demande plusieurs minutes sur console...
Vous auriez besoin d'une souris

La finition

Le jeu freeze après cette cinématique. Vivement le patch.

Les bugs sont légion dix jours après la sortie du jeu : freezes, plantages, saccades même en désactivant les sauvegardes automatiques, ralentissements en jeu et même dans les menus pour vendre des objets... Surtout après avoir mis la console en veille – il faut revenir au menu principal, fermer le jeu, le rouvrir et recharger a partie pour revenir à une vitesse normale. Mais c'est surtout le DLC Varnhold's Lot qui nous a sidéré : une cinématique de la campagne principale se bloque en empêchant de finir le DLC, malgré cinq tentatives sur une semaine. Un manque de finition consternant dont les joueurs consoles se plaignent sur le forum officiel du développeur. Et on les comprend : bâcler les sessions Quality & Assurance au point que le jeu ne peut pas être terminé, c'est extrêmement frustrant. Imaginez un film qui se bloque à la moitié ? Comme à l'époque sur PC, ces bugs seront sûrement corrigés au fil des mois. Mais les problèmes d'interface resteront : Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition est un jeu de rôle beaucoup trop touffu pour être joué à la manette, notamment dans les modes de difficulté avancés ou au tour par tour. Rajoutez des temps de chargement décourageants et vous comprendrez que le jeu profite mille fois plus d'un PC avec souris et SSD.
Impossible de finir Varnhold's Lot. Imaginez un film bloqué à la moitié ?

Pour qui ?

Le nouveau mode tour par tour est vraiment conçu pour la souris.

Si vous aimez les vrais jeux de rôle, les durs, ceux qui ont du poil sur le torse, fuyez les adaptations console. Prenez un Divinity : Original Sin II entièrement jouable en coop, ou un Pillars of Eternity 2 à la finition exemplaire. Voire l'ogre Baldur's Gate II pour les puristes – c'est bon, lui en 20 ans, il a eu tous les patchs nécessaires ! Si vraiment vous aimez l'univers de Kingmaker, rabattez-vous sur la version PC du jeu de base – sur tous les DLC de cette édition définitive, trois seulement sont payants. Et si c'est votre premier RPG, commencez par un jeu plus accessible que Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition. Il vous faudra sinon beaucoup de patience et de wikis pour comprendre le système de sorts, de repos, de classes, etc., vu que le jeu ne vous explique rien. Les forums sont d'ailleurs remplis de joueurs qui se demandent encore pourquoi après avoir dormi toute une nuit, leurs aventuriers ne sont pas restaurés...
Rabattez-vous sur la version PC

L'anecdote

L'origine jeu de rôle papier se ressent dans la complexité des mécanismes.

Avant de devenir Baron des Terres Volées, il va falloir vaincre deux ennemis redoutables : la complexité des règles avancées, et l'interface console. Exemple : dormir et se ravitailler est indispensable pour récupérer des forces et permettre aux magiciens de gérer leurs sorts. Le jeu repose sur des mécanismes type Donjons & Dragons complexes, sans vous prendre par la main, alors que les joueurs console sont quand même moins exposés à ce type de règles avancées. La documentation en ligne étant particulièrement chiche, avec un site Internet qui fait le service minimum et des sites de fans limités, les novices vont devoir se rabattre sur des vidéos YouTube. C'est en regardant une vidéo de la version PC que vous comprendrez qu'il faut cliquer sur le camp après l'avoir installé, et donc passer de la manette à la souris virtuelle... Le tout sans aucune indication ni tutoriel.
La documentation est chiche
Les Plus
  • Des règles RPG soignées
  • Des dialogues réussis
Les Moins
  • Trop de bugs, dont beaucoup rédhibitoires (freezes, plantages...)
  • Abscon pour les novices
  • Interface qui se repose encore trop sur la souris
  • Les temps de chargement
Résultat

Quel massacre ! Doté d'un univers et de règles passionnantes, Pathfinder : Kingmaker – Definitive Edition se prend une fois encore les pieds dans le tapis avec sa finition à la truelle. À croire que les développeurs n'ont rien appris du lancement chaotique de la version PC en 2018. Deux ans après, sortir un jeu dont un des DLC est impossible à finir à cause d'un bug fait quand même sacrément amateur. Alors oui, les bugs petits et grands seront corrigés. Restera un jeu difficile d'accès, handicapé par une maniabilité qui s'appuie encore trop sur la souris virtuelle. Autant aller à la source : la version PC, désormais patchée. Voire carrément à Divinity : Original Sin II et Pillars of Eternity 2, les références actuelles du genre.

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