Test | Dead Synchronicity : Tomorrow Comes Today
22 avr. 2015

Original, mature, sombre et... classique

Testé par sur
Dead Synchronicity

Kickstarté, greenlighté, Dead Synchronicity a touché les joueurs avant même sa sortie. Et pour cause, son esthétique, sa bande originale, le sujet traité s'impose avec force dans un milieu du jeu vidéo parfois bien futile. Et pourtant, l'apocalypse n'est pas de tout repos !

L'histoire

L'obscurité. Un homme se réveille en sursaut, la voix d'une femme l'appelle. Après un très long coma, il ne souvient que de deux choses : de son prénom Michael, et de cette voix. Allongé sur un lit miteux dans une caravane, il lève les yeux vers le visage de la personne qui l'a accueilli, Rod. Au fond de la caravane, la chambre du couple est occupée par Colin. Colin est un enfant malade, c'est un "déliquescent", un infecté de cette mystérieuse maladie apparue après la Grande Vague.

L'apocalypse a eu lieu sur Terre. Michael est un "rat" dans "un camp de réfugiés", une décharge maintenant, un camp de concentration pour les parias. Les autorités n'ont pas su gérer cette crise et le nombre de malades déliquescents a augmenté de façon exponentiel. Dans une ville ravagée par les dégâts de cette catastrophe, les malades effraient la population. Ils ont des visions cauchemardesques, des prémonitions et souffrent le martyr avant de se liquéfier littéralement. L'armée veille au grain, aidé par les "taupes", des balances dans le camp pour repérer les infectés. C'est ce qu'apprend très vite Michael en sortant de son réveil, à ses dépens. Amnésique et en proie à des visions étranges, il n'a de cesse de rechercher son identité, les clés de son passé. Quitte à employer des moyens moralement répréhensibles.

Mené de main de maître par les développeurs de Fictiorama Studios, Dead Synchronicity est un "driven story game", un jeu mené par son scénario. Les révélations sont distillées au fil de l'aventure. Le découpage en acte, les climax donnent l'envie de connaître le fin mot de l'histoire. La fin quelque peu abrupte appelle irrémédiablement une suite. Sombre et oppressante, l'ambiance du titre est magnifiée par une patte graphique bande-dessinée, avec un ombrage proche du style de Manu Larcenet. La bande originale, stridente à souhait renforce cette impression. Mais surtout la galerie de personnages infâmes croisés pendant le périple, pointe du doigt la lie de l'humanité dans toute sa splendeur. Ils en deviennent dangereusement attachants.
Amnésie et apocalypse ne font pas bon ménage

Le principe

L'interface est simple et pratique.

Si la singularité du titre n'est plus à prouver, le gameplay est en revanche d'un grand classicisme. La forme du point'n'click sied à cette histoire post-apocalyptique et le jeu se contente de la bonne vieille formule dialogue à choix multiple, objets dissimulés dans le décor et interactions de ceux-ci. Convenu peut-être, mais néanmoins efficace. D'autant que les puzzles sont logiques et dépourvus de bugs. Ici, il n'est pas question de faire du MacGyver de bas étage, comme certains jeux d'aventure le font.

Pour autant, le jeu n'en est pas moins difficile. Il vous faut fouiller le moindre bout de décor pour trouver les objets et certains chemins. Et ne comptez pas sur une aide quelconque des développeurs, ici pas de révélateur d'énigmes. L'interface, quant à elle, est du plus simple effet. Une valise au coin gauche de l'écran contient les items récupérés et un carnet de bord qui note votre progression.
Classique, c'est le mot

Pour qui ?

Les pensées de Michael prennent cette forme à l'écran.

Afficionados des Myst, Runaway ou plus précisément des productions Daedalic ? Ce titre est fait pour vous. Encore faut-il accrocher à cette ambiance sombre sans prises de pincettes aucune. Dead Synchronicity est donc un titre à réserver à un public averti, et patient. Le gameplay à base d'allers et retours convient aux habitués, mais si vous passez outre, un bon scénario vous attends.
Déliquescents potentiels

L'anecdote

L'ambiance est sombre, glauque même.

Dans la ville, j'ai passé près d'une heure à chercher le déclencheur de la suite des aventures de Michael. Tout s'est joué à la couleur d'un élément au sol. Un peu traître tout de même. Enfin, entre-temps, j'ai trouvé d'autres indices, heureusement.
Qui cherche trouve
Les Plus
  • Une superbe direction artistique
  • La bande originale dans le ton
  • Un gameplay efficace
Les Moins
  • Le doublage parfois peu convaincant
  • Trop d'allers-retours ?
  • Un gameplay trop classique
Résultat

Dead Synchronicity impose son originalité morbide et mature au milieu de productions parfois bien légères. Si sa direction artistique et son scénario sont superbes, c'est surtout cette inadéquation entre la forme et le fond qui lui dessert. Le gameplay trop classique contraste avec la force des sujets abordés et ne vous implique peut-être pas assez. Malgré tout, ce titre vaut plus que le coup d'œil. Nous invitons donc à faire votre propre avis sur l'histoire chaotique de Michael.

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