Test | Les Chevaliers de Baphomet : La Malédiction du Serpent
17 déc. 2013

Le retour de la grande aventure ?

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Broken Sword : The Serpent's Curse

"Paris, en automne, les derniers jours de l'année." Pour de nombreux joueurs, ces quelques lignes constituent une puissante madeleine de Proust. Dix-sept ans que Revolution Software a lancé cette fabuleuse série de point & click alliant dépaysement, mysticisme et forte dose d'humour british. Carburant au compte en banque des nostalgiques, le crowd-funding est l'occasion de relancer cette série tombée dans l'oubli. Mais un an de production, c'est un peu court non ?

L'histoire

À la fin des années 1990, Revolution Software nous offrait un véritable chant du cygne du genre point and click avec les Chevaliers de Baphomet. Le jeu était parfaitement animé, disposait de personnages attachants et offrait une histoire captivante. Cherchant à se renouveler sans cesse, la série a fini par disparaître dans les limbes en offrant plus d'action et moins de réflexion. Avance rapide sur l'an 2011 : des vieux briscards de l'industrie décident d'utiliser Kickstarter pour faire vibrer notre nostalgie, Charles Cecil en profite pour relancer Les Chevaliers de Baphomet. Joie dans les chaumières !

Nous retrouvons donc Georges Stobbart, avocat californien un tantinet beau gosse dans une nouvelle galère. Travaillant pour une grosse société d'assurance en art, Georges est dépêché dans une petite galerie parisienne afin d'assister au vernissage d'une expo. Pas de chance, un mystérieux braqueur vole l'un des tableaux assurés et en profite pour tuer le propriétaire de la galerie. Rejoint par Nicole Collard, l'autre investigatrice de choc de la série, Georges se retrouve encore une fois jusqu'au cou dans une affaire extrêmement louche mêlant oligarques russes et faussaires anglais. Si les premières heures sont un peu poussives, le rythme du jeu s'envole à partir du moment où Revolution Software commence à nous plonger dans les arcanes de la foi gnostique, principal vecteur de cette aventure. Hélas, le jeu a été coupé en deux. Il faudra donc attendre janvier pour connaître les dessous de toute cette conspiration.
Satan m'habite

Le principe

Encore une fois, George évolue dans le Paris imagé et naïf amoureusement conçu par Charles Cecil.

Est-il vraiment nécessaire d'expliquer le principe d'un point & click ? Ce cinquième épisode abandonne les penchants absurdes (ou consoles pour être vulgaire) du Manuscrit de Voynich et plus question non plus de résoudre des mini-jeux minables à base de PDA, comme dans Les Gardiens du Temple de Salomon. Ici, tout se résume à une cleptomanie aggravée afin de résoudre toutes sortes de puzzles plus ou moins sensés. La Malédiction du Serpent s'offre un retour à la 2D. C'est l'occasion d'admirer les superbes décors peints d'un Paris délicieusement naïf accompagnés par une merveilleuse musique. Horreur toutefois, les personnages sont en 3D "cartoon", à la manière de Runaway et s'intègrent parfois très mal à l'environnement. À titre d'exemple, enclencher un dialogue prend souvent de précieuses secondes car les animations des personnages ne sont pas encore terminées. Cette limitation est due au coup très élevé de l'animation classique. Heureusement, l'écriture, elle, n'a pas été rabotée, loin de là. Les très présents dialogues sont toujours à se pisser dessus et les traits insolites des personnages rencontrés font sourire, du garçon de café philosophe à l'assassin/jardinier esthète.
Tu pointes et tu cliques

Pour qui ?

Très faciles, les énigmes offrent toujours des résolutions absurdes propres au genre point & click.

Comme le premier épisode à sa sortie, La Malédiction du Serpent n'est pas un jeu très difficile. Contrairement à la série des Deponia par exemple, les énigmes restent logiques et les objets nécessaires pour progresser apparaissent comme évidents. N'importe quel amateur de jeu d'aventure (et non de film interactif à la Telltale) y trouvera son compte. Pour les fans de la série, c'est un véritable bonheur et un achat obligatoire. Dans les deux cas, il est conseillé d'attendre janvier pour bénéficier du jeu complet.
T pour Tous

L'anecdote

La suite ! V-I-T-E !

L'appartement de Nico constituait une sorte de "quartier général" pour nos deux aventuriers à la petite semaine. Il est saisissant de revenir sur les lieux, quasiment inchangés depuis plus de 16 ans de bons et loyaux services vidéoludiques.
Nostalgie
Les Plus
  • Drôle et astucieux
  • Une musique fabuleuse et des doublages d'anthologie
  • Un vrai point & click derrière la nostalgie
  • Les décors 2D impécables
  • Le mélange histoire et mysticisme
Les Moins
  • Les modèles 3D assez chagrins
  • Pas mal de petits soucis de finition
  • Une moitié de jeu
Résultat

Cette cinquième itération des Chevaliers de Baphomet propose une aventure solide, drôle et bien ficelée qui répondra aux attentes des fans et des mécènes du projet [b]Kickstarter[b]. C'est un véritable plaisir de retrouver Georges, Nico et leurs folles aventures. Oui, les remarques acerbes du héros et l'humour typiquement anglais font mouche. Toutefois, les délais serrés de production et le pragmatisme financier étant de mise pour Revolution Software, il devient apparent que La Malédiction du Serpent ne peut pas rivaliser avec un produit AAA. Le joueur a l'impression d'essuyer les plâtres et se retrouve confronté à bon nombre de petits soucis techniques. Le plus grand affront est bien évidemment la structure épisodique du jeu, pensée uniquement pour vendre le jeu avant Noël. La frustration ressentie à la fin de ce premier épisode est finalement bon signe : c'est la preuve que Charles Cecil a encore réussi à nous piéger dans une intrigue captivante, entourée de personnages attachants. Difficile de se séparer de tout cela.

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