Test | Risen 2 : Piraterie en eaux troubles

10 juil. 2012

La vie est décidément bien ingrate. Même les héros de jeu vidéo ne sont pas à l'abri d'une rechute. Prenez l'exemple du héros (anonyme) de la série des Risen : malgré sa victoire contre le titan de feu sur l'île de Faranga, il n'a pas pu empêcher le réveil de ses petits frères élémentaires. Résultat, des forces élémentaires sèment mort et destruction dans le monde de Risen. Franchement blasé, notre héros plein d'amertume décide de s'engager dans l'inquisition sans grand espoir de vaincre l'implacable ennemi. Dix ans plus tard, le voilà sergent dans le fort de Caldera, cité assaillie par un Kraken géant. Tout un programme. C'est une vieille connaissance féminine qui vient finalement tirer le héros de son spleen éthylique. Selon ses informations, son père, le capitaine Barbe d'Acier aurait retrouver la trace d'une arme mythique pouvant vaincre les autres titans élémentaires. Ni une, ni deux, revoilà l'anonyme en chef envoyé sur l'archipel où se planque le capitaine et sa bande de pirates. Avec la bénédiction de l'inquisition, notre héros, démis de son rang et infiltré sur les îles, doit maintenant faire ses preuves auprès des différentes factions présentes afin d'attirer l'attention du capitaine.

Risen 2 s'inscrit dans la grande tradition des jeux estampillés Piranha Bytes, à savoir du gros jeu de rôle bac à sable bien ouvert comme il faut. Comme dans la lignée des Gothic, votre héros sans nom commence nu comme au premier jour et sans le moindre talent. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est de bon ton de souligner que contrairement à son prédécesseur, Risen 2 possède une chouette ambiance. L'atmosphère navigue à mi-chemin entre Pirates des Caraïbes et [b]Monkey Island[b] avec bouteilles de grog, redoutables corsaires et sorciers vaudou. Un changement tropical et hautement exotique qui permet de respirer dans la jungle des univers génériques et insipides. Si le scénario tend à être assez linéaire, l'écriture ne déçoit pas : les très nombreux dialogues font souvent mouche et le jeu ne manque pas d'auto-dérision. Les graphismes sont également de toute beauté avec plages paradisiaques, jungles tropicales et cavernes remplies de trésor en tout genre. A titre de comparaison graphique, le jeu envoie facilement Skyrim dans les cordes. Le bestiaire lui aussi n'a pas à rougir puisque les monstres rencontrés impressionnent par leur taille et leur originalité, mention spéciale aux boss qui donneront lieu à des affrontements épiques. Seul bémol, un framerate qui tend un peu à s'envoler et certains PNJ qui ressemblent plus à des gueules cassées qu'à de véritables êtres humains.

Qui dit "jeu de rôle" dit forcément "montée en puissance". Ici, ce sont les points de gloire, amassés en validant des quêtes, qui font office de passeport vers la grobilitude. Le protagoniste dispose d'un panel de cinq talents à augmenter : lames, armes à feu, résistance, ruse et vaudou. Chacun de ces domaines vous donne accès à des compétences dérivées renforcées par votre équipement (comme votre armure) et d'autres ne pouvant être développés que grâce à des maîtres, dispersés sur l'archipel. En conséquent, si votre puissance brute augmente au fur et à mesure de l'aventure, vous serez obligé de chercher des trésors afin d'améliorer votre équipement et de mettre la main à la poche pour vous spécialiser. De plus, les plus grands spécialistes ont pour la plupart prêté allégeance aux différences factions du jeu et ne partageront leurs enseignements qu'avec des confrères. Ainsi, vous devrez faire copain copain avec les indigènes Shaganumbi pour espérer maîtriser à la perfection la magie vaudou et ses mojo. Souple et peu contraignant, le nouveau système de progression encourage l'exploration plutôt que le sempiternel griding. Les combats offrent une difficulté honorable et mettent à votre disposition toute une série de manœuvres (parade, feinte) pour peu que vous soyez adepte du duel à l'épée. Pour les plus pressés, les armes à feu sont également de la partie mais nécessitent des précieuses secondes pour le rechargement.

Une fois la quête pour le capitaine Barbe d'Acier terminée, vous aurez accès à votre propre bateau avec la possibilité de recruter un équipage. Le jeu s'ouvre complètement et vous n'êtes plus contraint de suivre le développement du scénario. Même si la liberté est toujours appréciable, la déception reste de mise puisque votre fameux trois mats n'est pas du tout contrôlable. Pas de bataille navale, pas de balade, nada : votre navire sert de voyage rapide entre les trois îles. L'équipage lui est un peu plus utile. En effet, vous pourrez demander à tout moment à vos compagnons d'infortune de vous prêter main forte une fois à terre et ainsi réduire drastiquement la difficulté des combats. Le jeu est très long (comptez une bonne soixantaine d'heures pour les quêtes principales) et regorge de quêtes, ce qui comblera tout amateur de jeu de rôle. Hélas, certains chagrins sont au rendez-vous comme une optimisation qui tire la langue par moments et l'impression de vide constante. Les rues des grandes métropoles sont quasi désertes et l'archipel manque singulièrement de vie.