Test | L'Opéra sanglant de Red Orchestra 2
26 sept. 2011

Testé par sur
Red Orchestra 2

Petit mod pour Unreal Tournament 2003 devenu incontournable, Red Orchestra plongeait les joueurs dans les méandres du front de l'Est durant la Seconde Guerre mondiale. Assurant une difficulté ultra-réaliste, les anglais de Tripwire ont décidé de rempiler avec une suite qui voit les choses en grand. Mais certaines habitudes ont la vie dure, même pour les vétérans les plus acharnés.

Rouge sur blanc

Comme disait un grand humaniste "La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique". La bataille de Stalingrad en est probablement le plus grand exemple. Des milliers de conscrits russes envoyés au casse pipe sans autre forme de procès. Tripwire vous invite donc à revivre ce moment crucial de la Seconde Guerre mondiale sans pour autant tomber dans le syndrome trop fréquent des jeux estampillés "Seconde Guerre mondiale". Ici, pas de débarquement ou d'éternels bocages normands, tout se déroule sur un front peu connu et moins documenté que l'Europe de l'Ouest. Première baffe, les graphismes : en utilisant finement l'Unreal Engine 3, les développeurs ont réussi à créer une cinématographie unique mélangeant teintes ocres et lumières aveuglantes dans certains cas et un bleu froid pour les cartes hivernales. Le travail sonore est lui aussi sacrément impressionnant et amène l'ambiance à un tout autre niveau. Les soldats passent leur temps à hurler, se questionnent à chaque fois qu'ils tuent quelqu'un, que l'un de leurs camarades tombent. Bref, c'est du grand art. La musique orchestrale rappelant les bons vieux cœur de l'Armée Rouge vient apporter une délicieuse ironie au charnier qui prend place sous vos yeux. Il est toutefois bon d'abandonner la "campagne" solo qui comme d'habitude n'est qu'une vulgaire succession de combats contre des bots, inintéressants au possible. Amateurs de plaisirs solitaires, assez votre chemin.

Mort à la chaîne

Rester en hauteur est la clé pour survivre.

La grande différence entre Red Orchestra 2 et un FPS multijoueur plus classique comme Call of Duty tient dans sa teneur en réalisme. Très proche d'un ArmA, le bébé de Tripwire vous plonge dans la peau d'un simple troufion sans aucune indication sur votre vie, ni sur les balles restantes dans votre fusil. De plus, la visée est très délicate et nécessite la plupart du temps l'emploi d'un ironsight tout en étant accroupi. Les cartes sont immenses et obligent généralement à prendre le contrôle de divers bâtiments pour remporter la partie. Chaque point occupé offre des renforts à votre équipe, le premier à ne plus avoir de renforts perd la partie. Là où ça devient plus compliqué, c'est qu'un des joueurs peut devenir chef d'escouade et donc servir à la fois de point de respawn, donner des ordres voire offrir des renforts gratuits. Le rôle est assez complexe mais sa maîtrise offre un grand avantage stratégique à l'équipe entière. Les serveurs permettent des affrontement allant jusqu'à soixante joueurs simultanés, ce qui offre de belles boucheries en perspective. A moins que vous ayez opté pour une classe d'assaut, la grande majorité des affrontements se font sur longue, voire très longue distance. Vous serez également ravi d'apprendre que toutes les cartes disposent de centaines de fenêtres pour se faire tirer dessus comme un lapin. Une balle égale généralement un mort et vous mourrez très, très souvent. Bien sûr, vous disposez de bandages, un système de couverture a même été intégré. Mais le meilleur moyen de survivre consiste à ne pas rester au milieu du champ de bataille !

Copain des kolkhozes

Votre point de respawn est essentiel pour accomplir les objectifs.

Le jeu par équipe est inévitable, si vous souhaitez survivre plus de quelques secondes sur n'importe quelle carte. Un système de moral a d'ailleurs été intégré, les tirs de couverture sont maintenant nécessaires pour ne pas voir cette dernière baisser. Un moral bas fait subir des difficultés pour viser, ce qui concrètement rend la chose tout bonnement impossible. Les tanks sont toujours de la partie en nombre très réduit vous l'imaginez bien, l'équilibre entre les blindés et les anti-blindés s'effectue au final assez bien. Les cartes quand à elles sont très bien conçues et plutôt jolies, à l'exception de Pavlov's House qui s'avère être un véritable cauchemar. Au rayon des regrets, il reste la très, très désagréable impression d'être pris pour un idiot tant le jeu fourmille de bugs et de latence. C'est à se demander si Tripwire a corrigé quoique ce soit de la bêta qui elle-même n'était pas bien glorieuse. Pêle-même, on se retrouve donc avec un système d'expérience complètement inutilisable, des serveurs injoignables, un ramage intempestif et, pour les plus chanceux, l'incapacité totale de pouvoir lancer le jeu. L'exemple de BRINK revient en tête où les défauts avaient été corrigés au bout de quelques semaines, mais avec Red Orchestra 2, le seuil du mépris pour l'acheteur a été clairement dépassé.
Les Plus
  • Une représentation de la guerre inflexible
  • La brutalité du gameplay
  • L'ambiance sonore à son apogée
  • Les cartes bien conçues
  • Le système de commandement
Les Moins
  • Des bugs, des bugs et encore des bugs
  • La recherche de serveurs pas encore au point
  • Peut rebuter beaucoup de joueurs
Résultat

Red Orchestra 2 n'est pas pour tout le monde, c'est un fait. Âpre, difficile d'accès et extrêmement brutale, l'expérience proposée par Tripwire est toutefois unique en son genre : une simulation de Deuxième Guerre mondiale du côté russe. Des larmes, du sang et beaucoup d'humilité seront les principales choses que vous tirerez de ce FPS multijoueur unique. Toutefois, les sensations de jeu sont finalement très satisfaisantes et ludiquement jouissives. Que ce soit au niveau de la conception des cartes, de l'équilibre des classes ou simplement des possibilités offertes, rien n'a été laissé au hasard. Mais hélas, des bugs apparaissent de toute part dans tous les aspects techniques du jeu et même les plus vaillants tovarichs finiront par succomber à l'état lamentable de l'ensemble.

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