Test | Hellboy n'a pas à rougir
26 oct. 2008

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Hellboy

Krome Studio est un studio d'exécutants, à leurs actifs aucune création originale. Du travail de commande expédié dans les délais. À leur charge cet Hellboy : The Science of Evil, au statut quelque peu bâtard, puisque si la sortie du jeu coïncide bien avec celle du film, rien ne semble vouloir les rapprocher. Le travail finalement trop bien effectué, démontre combien Konami a été avare, obligeant Krome Studio aux multiples sacrifices pour conduire dignement le projet jusqu'à son terme. Assurément le potentiel d'un très bon jeu, malheureusement destiné à n'être qu'un produit dérivé.

La revendication d'un scénario

Pas évident de trouver un scénario dans Hellboy : The Science of Evil. Pourtant, il y en a bien un, pas vraiment original c'est vrai, mais qui s'inscrit dans les habitudes du comic : Hellboy poursuit son ennemi Hermann Von Klempt. Ce maigre scénario s'étire sur toute la durée du titre, là où sur un jeu au budget plus important, il aurait été la conséquence d'une cinématique d'entre deux niveaux. La narration resserrée sur cette unique chasse à l'homme permet astucieusement à Krome Studio d'économiser sur les cinématiques et de lui assurer une continuité dans l'enchaînement des niveaux. Emmenés par une très belle figure mythologique : Babayaga.

Des décors à fonction décorative

Le jeu propose six niveaux bien distincts aux tracés inspirés.

Les niveaux fidèles à l'esprit du comic sont très beaux, se composent d'une imagerie soignée garantissant l'immersion. Astucieusement choisis pour leurs espaces peu profonds et leurs capacités naturelles à multiplier les mêmes éléments : ils acceptent à l'envie les multiples variations autour d'un décor souche. C'est lorsqu'il s'agit de répondre à des conceptions plus mécaniques que le jeu s'effondre : ouvrir des coffres, découvrir des passages secrets, interagir avec les alentours pour récupérer des orbes d'énergie ou résoudre des énigmes. Moments stéréotypés auxquels Krome Studio ne cherche pas de solution, résigné à devoir répondre à certains critères devenus obligatoires, instaurés par son appartenance au beat them all.

Hellboy, l'obscur héros

Beaucoup d'éléments du décor peuvent être détruits.

Hellboy n'a jamais été un personnage d'une puissance dévastatrice, se mangeant au passage quelques bonnes droites, tout en gardant son humour plein d'ironie et de cynisme. Sur ce point Krome Studio assure sans avoir à faire preuve d'artifice. Hellboy possède tous ses coups dès le départ, plutôt classiques, ils font preuve d'une brutalité sèche et ne s'embarrassent pas de mise en scène superflue. Dans des cinématiques de mi-parcours qui ne se justifient d'aucune utilité, sa gouaille est aussi à l'honneur. Scénarisées à outrance, elles prennent la forme de petites saynètes dédiées à la gloire impertinente du héros. Bien écrites, elles touchent au but et ne manquent pas de faire rire.

Le beat them all désargenté

Mais regardez moi la puissance de ce poing !

L'univers et le personnage solidement amenés, c'est finalement ce qui fait l'essence même du genre beat them all qui se loupe magistralement. C'est-à-dire que si la progression des niveaux dans une continuité permet à Krome Studio de s'en sortir en faisant quelques économies, le fait de se retrouver avec la même paire d'ennemis générique durant tout le jeu est juste navrant. Ces ennemis sont stupides et attaquent en meute, s'accrochent à vous comme des sangsues et finissent par gentiment vous agacer. Les boss présents ne relèvent pas le niveau, encore plus stupides que leurs suppôts et surtout d'une longévité à combattre à n'en plus finir. Hellboy destitué d'adversaires d'envergures fini par perdre de sa superbe.
Les Plus
  • Une bonne retranscription de l'univers et des personnages
  • Des fans caressés dans le sens du poil
Les Moins
  • Des ennemis et des combats calamiteux
  • Un jeu sans grande ambition
Résultat

Krome Studio s'en tire avec les honneurs. D'un jeu de commande destiné à devenir médiocre, il est finalement question d'un jeu intéressant à voir évoluer. Loin d'être ennuyeux, les ficelles qu'il déploie sont nombreuses et si le manque de moyens se fait sentir, le travail n'est jamais bâclé. Reste tout de même l'impossibilité de conseiller Hellboy : The Science of Evil à quelqu'un d'autre qu'à un fan. Lui seul aura la patience d'aimer ce jeu, de lui pardonner ses faiblesses et de lui reconnaître un tant soit peu de talent à transposer l'œuvre originale.


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