Test | Intervention divine sur Playstation avec Okami
22 mars 2007

Testé par sur
Okami
  • Éditeur Capcom
  • Développeur Clover Studio
  • Sortie initiale 9 févr. 2007
  • Genre Aventure

A l'origine de la série complètement loufoque des Viewtiful Joe et de la parodie de Ken le survivant, God Hand, Clover Studio vient hélas de mettre la clé sous la porte. Le studio rejoint donc le cimetière des développeurs morts, faute de profits engrangés. En guise de magnifique chant du cygne, Clover propose de revisiter le genre action-aventure initié par Zelda, sous le voile de la mythologie japonaise. Après une trop longue attente, place à l'émerveillement avec Okami.

Dieux, démons et héros de l'ancien temps

Okami vous projette dans l'ancien temps du Nippon, Japon mythologique où les kami, les "dieux" de la nature, marchent encore parmi les hommes. Notre histoire commence dans le petit village perdu de Kamiki. Pour le plus grand malheur de ses habitants, le grand dragon Orochi, maître des Yokaï (démons japonais) demande chaque année le sacrifice d'une jeune vierge afin d'apaiser sa faim. Or un jour, pour le salut de tous, le héros mythique Isagnagi s'aventura jusqu'à la tanière de la bête escorté par un mystérieux loup au pelage blanc Shiranui, avec la ferme intention d'occire le monstre. Orochi fut scellé dans la Caverne de La Lune et scellé sous l'épée de Isanagi, Tsukuyomi, hélas Shiranui mourut de ses blessures. Depuis ce temps, les villageois ont érigé une statue de Shiranui et fête tous les ans la victoire de Isanagi. Mais une centaine d'années plus tard, un mystérieux individu libère l'épée de son sceau et réveille Orochi. Afin de lutter contre ce funeste destin, la déesse Amaterasu décide de s'incarner dans la statue de Shiranui afin de détruire Orochi. Accompagnée d'un artiste errant lilliputien nommée Ishun, elle se met en quête des autres Kami cachés dans tout le Nippon afin de recouvrer les pouvoirs du pinceau céleste, outil divin de grand pouvoir. C'est ici que votre histoire commence.

Encre de chine fournie

Une boucle avec le pinceau et une bourrasque apparaît !

Si vous n'avez pas tout suivi, ce n'est pas grave, l'introduction du jeu et les premières minutes bousculent un peu vos habitudes en vous plaçant dans un univers atypique. Vous voilà donc dans la peau d'un loup un peu spécial, si vous avez eu l'occasion de jouer à The Legend of Zelda : Twilight Princess, vous ne serez pas trop dépaysé. Notre déesse incarnée peut sauter, gratter le sol, aboyer ou encore écouter les humains discuter, jusqu'ici rien d'extraordinaire pour un jeu du genre. Mais une simple pression sur la touche R1, vous amène sur l'écran de peinture, où l'écran de jeu est stasé et sur lequel vous pouvez faire usage du pinceau céleste. Derrière ce terme mystique se cache LA grande innovation du jeu : en un dessin très simple (trait, rond, ligne brisée, arc de cercle) vous pourrez influencer le monde qui vous entoure. Un pont détruit? Barbouillez les parties détruites et il est comme neuf. Un arbre dévitalisé ? Un joli rond et il se mettre à refleurir. Vous pouvez en tout obtenir 13 techniques différentes aux mains des différents kami éparpillés à travers le monde : kami de la flore, des artifices, du vent, des armes, etc. Chacun vous donnant un pouvoir unique nécessaire à la suite de l'aventure. Le pinceau vous est également utile lors des combats : aveuglez vos adversaires avec de l'encre dans les yeux, tranchez les en deux, faites pousser des arbres pour les effrayer. Les techniques ne manquent pas.

Beau comme le mont Fuji (en cel-shading)

Un exemple des graphismes épurés d'Okami.

Une fois le disque mis dans la console, l'aspect graphique saute aux yeux. En effet, Clover n'a pas hésité à forcer le trait pour donner une patte graphique unique à son jeu. Employant le procédé de cel-Shading, devenu à la mode depuis Jet Set Radio, les textures sont réduites à une simplification draconienne et leurs contours deviennent des traits d'estampe japonaise. Ce procédé graphisme bien maîtrisé par le studio par l'intermédiaire des Viewtiful Joe fait des merveilles. Les personnages aphones à la manière de Zelda se voient dotés d'un panel d'émotions emprunté à la bande dessiné qui interpelle. Un constat probant est fait : la beauté graphique d'Okami ne se calcule pas à la beauté du jeu mais au talent des développeurs. Au delà de la surprise originelle due au parti pris graphique, l'animation ne s'avère pas en reste. Les animaux peuplant le Nippon jouent entre eux, dorment, courent, chaque découverte de kami entraîne une petite scénette délicieusement idiote avec Amaterasu, vos ennemis dansent, jouent des instruments traditionnels japonais et fument même la pipe. Bref, Okami ne fait pas les choses à moitié et c'est un vrai bonheur pour les yeux de gambader librement dans cet univers. L'aspect sonore n'est pas en reste puisque la musique du jeu est composée par Masami Ueda (Resident Evil) et reprend une composition proche des instruments de musique traditionnels japonais. A noter que la bande originale du jeu tient sur 5 CDs, une véritable performance.

Devil may Howl

Faites pousser des fleurs pour effrayer vos ennemis.

Okami n'a pas hésité à reprendre les bonnes idées de ses petits camarades des studios Capcom et des différents jeux d'action. Pour parvenir à ses fins, Amaterasu doit redonner espoir et redonner la foi aux hommes, qui ne croient plus aux Kami. A chaque fois que vous y parvenez, vous recevez des "sphères du bonheur". Ces dernières vous permettent d'augmenter votre vie, d'obtenir une gourde d'encre supplémentaire afin d'enchaîner plus vite les techniques, faire pousser un estomac mystique supplémentaire afin d'obtenir une vie supplémentaire ou d'augmenter votre bourse de ryo, la monnaie locale. Lorsque vous entrez en contact avec un parchemin démoniaque, un combat se déclenche dans une zone fermée. Pour vaincre, vous avez à votre disposition trois types d'armes divines : les miroirs, les rosaires et les épées. Les armes se manient en duo avec une principale et une secondaire, leur disposition influençant vos pouvoirs. Ainsi, un rosaire en primaire permet de fouetter ses ennemis tandis qu'en arme secondaire ce dernier lance des projectiles. De plus, vous pouvez échanger des crocs de démons laissés par les ennemis contre des talismans : objets de pouvoir permettant monts et merveilles (régénération de l'encre plus rapide par exemple). Vous pouvez également apprendre de nouveaux combos ou techniques chez un maître d'armes moyennant un certain pécule. Finalement, les bases du beat'them all sont respectées : le but est de tuer l'adversaire le plus rapidement possible en faisant un maximum de combos pour gagner des ryos.

Déjà fini ?

Faire fleurir les arbres de Sakuya est un des objectifs du jeu

Une question que vous vous poserez après une bonne dizaine d'heures de jeu avant de vous apercevoir que l'histoire est loin d'être terminée. En effet, les retournements de situation sont légion dans Okami et Clover Studio a évité d'allonger artificiellement la durée de vie. Sans vendre la mèche, le jeu démarre sur une base mythologique classique pour peu à peu mélanger le genre à la science-fiction en ajoutant de nombreux anachronismes et des voyages temporels. La chose peut paraître indigeste mais le tout se déroule sans accroc. La qualité des dialogues est très impressionnante et la traduction doit y être pour quelque chose. Jamais niais, avec beaucoup d'humour et souvent avec un ton juste, la narration d'Okami pourrait servir de référence en la matière. La psyché des personnages est plutôt bien travaillée et vous finissez par vous attacher à eux : Ishun, compagnon lilliputien roublard et surexcité, Ushikawa, prophète narquois et pédant, mais surtout Amaterasu héroïne mi-dieu mi-loup muette. De nombreuses quêtes annexes remplissent le jeu que ce soit la traque de certains Yokaï ou la recherche de toutes les perles errantes, vous aurez fort à faire afin de découvrir tous ses secrets. Okami n'a pas vraiment de défauts dans le sens général, mais l'impression de répétition que ce soit celle due aux retournements de situation ou au gameplay du jeu peut ennuyer. De même que la caméra a une forte tendance à être capricieuse dans des moments cruciaux. Et l'ultime "tare" d'Okami réside dans un sentiment de ressemblance avec Zelda comme leader du genre : héros mutique, compagnon minuscule et évolution de l'intrigue. La comparaison coïncide avec celle de God of War et Devil May Cry, certains crieront au plagiat tandis que d'autres y verront une évolution naturelle du genre.
Les Plus
  • Le pinceau céleste et son utilisation
  • Une thématique forte et totalement inconnue
  • Un scénario judicieux et bien mené
  • Une ambiance atypique et zen
  • Des combats efficaces
  • Long et dense
Les Moins
  • Forte "inspiration" de la série des Zelda pouvant géner
  • Narration et découpage répétitifs
Résultat

Okami ravira les amateurs de jeux d'action-aventure, de Zelda, de mythologie japonaise et les curieux avides de nouvelles perspectives vidéo-ludiques. Alliant avec force un humour décalé, un parti pris graphique assez original, un univers vraiment fouillé, le tout assimilée sur le thème de l'estampe japonaise, Clover Studio parvient à un véritable coup de maître. Plus loin que le simple défoulement procuré par bon nombre de jeux vidéo, Okami vous imprègne d'une ambiance joyeuse et paisible inspirée de la pensée orientale. Un "must-have" comme disent si bien nos amis d'outre-atlantique !

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