Test | Senua's Saga : Hellblade II
26 juin 2024

Lame Fatale Celte

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Senua's Saga : Hellblade II

Il y a bien longtemps, à une époque où le jeu vidéo se portait bien, Ninja Theory incarnait parfaitement cette nouvelle vague de studios indés à succès : sortie réussie de Hellblade I en 2017, rachat par Microsoft en 2018, teasing de la suite en 2019 puis... plus rien. Et ce n'est que 5 ans plus tard (il a bon dos le covidou) que sort enfin Senua's Saga : Hellblade II, porte-étendard de la nouvelle génération de consoles pour Xbox. Il était temps...

L'histoire

Petit rappel sur Hellblade 1 : en l'an 875, Senua, une guerrière picte, entreprend un périlleux voyage vers les terres interdites du royaume de Hel. Elle espère ramener l'âme de son amant, Dillion, dont elle porte le crâne avec elle. Senua se considère comme maudite et est tourmentée par des hallucinations auditives qu'elle appelle « Furies », des voix qui lui montrent le chemin et guident sa lame.

Dans ce nouvel opus, le joueur reprend le rôle de Senua, toujours hantée par ces voix que seule elle peut entendre, voix qui l'encouragent autant qu'elles l'intimident. Cette fois-ci, Senua se laisse capturer volontairement par les esclavagistes nordiques afin d'être emmenée en Islande, avec l'espoir de libérer son peuple réduit en esclavage. Cependant, une tempête survient et détruit les navires d'esclaves, laissant Senua échouée sur la côte. Bien qu'elle ait survécu au naufrage, elle découvre qu'elle est finalement arrivée à destination. Déterminée, elle part alors en quête des responsables de ses tourments, animée par un désir de vengeance et de libération.
Pas envie d'être à la place des méchants...

Le principe

Rando simulator 2024.

Comme son prédécesseur, Senua's Saga : Hellblade II est un jeu d'action-aventure en vue à la troisième personne. Malheureusement, il réutilise une grande partie des concepts et éléments de gameplay de ce premier, avec des énigmes et des runes servant à progresser le long d'un chemin. Un peu simpliste pour un AAA qui sort en 2024...

Cependant, l'intérêt principal de ce jeu réside dans son réalisme audio et visuel. Il faut avouer que techniquement, c'est une véritable claque : enfin un jeu qui exploite pleinement les capacités d'Unreal Engine 5 sur console ! Mais le gameplay, quant à lui, semble être resté bloqué en 2017. Cela dit, on peut noter une amélioration du système de combat, qui met davantage l'accent sur la fluidité et le réalisme. Mais ça reste insuffisant...
Une expérience auditive et visuelle exceptionnelle

Le gameplay

Tellement fluide que la capture d'écran est floue.

C'est le problème de ce jeu : le gameplay est beaucoup trop simpliste, et c'est frustrant. Très frustrant car on sent que le studio aurait pu faire bien plus, surtout avec un budget de AAA. Par exemple : pourquoi s'être pris la tête à chorégraphier des combats avec des professionnels si c'était pour en faire si peu ? Juste au moment où cela devient fun, où l'on commence à peine à apprécier la "beauté" d'un combat, le jeu nous rappelle que "hopopop, il est l'heure de retourner faire ta rando et tes puzzles". Cela crée une impression générale de gâchis, heureusement atténuée par le réalisme et l'ambiance du jeu.

Par rapport à Hellblade I, l'arsenal de mouvements de Senua, désormais plus étendu, permet désormais de ralentir le temps pour exécuter des frappes dévastatrices. On sent que l'accent a été mis sur des batailles plus rapides et intenses, nécessitant que le joueur s'adapte rapidement aux différents types d'ennemis et utilise efficacement les différentes compétences de combat de Senua pour survivre.
Très, trop similaire au premier opus

Pour qui ?

C'est pas très "live laugh love" par ici.

Pour les joueurs qui privilégient le spectacle au gameplay. Ceux qui apprécient des graphismes époustouflants et une immersion totale dans un univers richement détaillé seront ravis. Il est conseillé d'investir dans un bon casque audio pour profiter pleinement de l'expérience sonore. Le réalisme audio est saisissant : chaque murmure, chaque cri, chaque son ambiant contribue à plonger le joueur dans cet univers glauque et malsain.

On ne peut également rester indifférent face à ce flot incessant de pensées contradictoires qui assaillent l'esprit de Senua. L'immersion est telle que l'on se sent presque pris au piège, absorbé par cette atmosphère pesante et oppressante.

Le jeu parvient à susciter des émotions négatives fortes et intenses, une prouesse rare dans le monde vidéoludique, ce qui en fait une œuvre à part. La sensation de malaise, d'inquiétude, et parfois même de terreur, est omniprésente, et c'est précisément ce qui rend l'aventure si captivante.

En fin de compte, ce jeu est une expérience auditive et visuelle exceptionnelle, qui saura captiver ceux qui cherchent plus qu'un simple divertissement. Il s'adresse à ceux qui veulent ressentir chaque frisson, chaque angoisse, et qui apprécient le pouvoir du son et de l'image pour raconter une histoire.
À éviter si vous n'êtes pas très serein dans votre vie en ce moment

L'anecdote

Oui, les bandes noires restent pendant tout le jeu.

J'ai plusieurs fois confondu cinématiques et phases de gameplay, et c'est bien la première fois que cela m'arrive. Je ne saurais dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais cela fait incontestablement partie de l'expérience et rajoute à l'atmosphère unique de cette œuvre vidéoludique. Cette confusion contribue à l'immersion, brouillant les frontières entre le jeu et la narration, et plongeant encore plus profondément le joueur dans la tourmente.
Je ne sais plus ce qui est réel ou pas
Les Plus
  • Les graphismes
  • L'ambiance et l'atmosphère
  • Le réalisme des mouvements et des expressions
  • L'accessibilité
Les Moins
  • Le gameplay simpliste et daté
  • Zéro exploration, on suit un chemin
  • Des puzzles qui cassent l'immersion
  • Pas d'indications de santé lors des combats
Résultat

Difficile de juger un tel jeu : tout a été mis sur le réalisme audio et visuel, et très peu sur le gameplay. On peut voir Senua's Saga : Hellblade II comme une longue cinématique avec des QTE à complexité variable. Cela va en frustrer plus d'un. Mais alors pourquoi cette note me direz-vous ? Car peu de jeux réussissent à faire ressentir une telle gamme d'émotions à leurs joueurs, et c'est là toute la force de ce nouvel opus. De plus, il s'agit d'un des jeux les plus beaux (techniquement parlant) auxquels vous pouvez jouer aujourd'hui. Graphismes, décors, chorégraphies et mouvements faciaux... Techniquement, c'est assez fou ; on a enfin un vrai jeu "next-gen", mais c'est vraiment terrible que ce soit fait au détriment du gameplay. Un gâchis, surtout après autant d'années de développement et un tel budget...

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