Test | Le début de la fin pour NeverWinter Nights 2
07 janv. 2007

Testé par sur
NeverWinter Nights 2

Après 4 années passées à explorer temples impies, cavernes, cryptes et autres donjons potentiels, les amateurs de jeux de rôle sur ordinateur se réjouissent du retour du dernier messie en date du genre : NeverWinter Nights 2 ou Les nuits de Padhiver 2 dans la langue de chrétien de Troyes. Mais de l'eau a coulée sous les ponts, depuis la sortie du premier volet. Alors, renaissance du mythe ou douche froide avec dragons en option ?

"Vous êtes dans une auberge, quand un étranger vous tend un parchemin..."

Cette histoire commence alors que vous, le héros incontournable de cette palpitante aventure, s'apprête à participer à la fête des moissons de votre petit village, perdu au milieu des marais de morts. Hélas, avec un nom pareil, vous vous doutiez que vous ne pouviez passer le reste de votre courte vie dans la plénitude et la bienséance à traire des vaches. La nuit suivant vos exploits, lors des attractions de la kermesse locale (l'occasion d'apprendre les mécanismes de base du jeu), votre village est attaqué de toute part par des forces occultes et indicibles, massacrant tous vos voisins et amis d'enfance. Après ce carnage, vous apprenez que ces êtres maléfiques étaient à la recherche d'un mystérieux objet magique laissé par votre mère à votre naissance (notez que le héros est toujours un orphelin de parenté mystérieuse). Il ne vous en faut pas plus pour quitter votre village de bouseux profonds et partir à l'aventure explorer la grande cité de NeverWinter. Encore une fois, les scénaristes prouvent qu'il est fort aisé d'utiliser tous les poncifs possibles et imaginables du jeu de rôle. Mais, par ailleurs, vous aurez accès à un nombre varié de villes fortifiées, cryptes maléfiques, marais putrides et autres lieux nécessaires pour faire améliorer la puissance et l'équipement de votre équipe de bras cassés dont le nombre s'élève maintenant à quatre membres. Ils sont maintenant entièrement contrôlables, que ce soit durant les combats ou à tout moment via leur inventaire et leur panneau de compétences. A noter, que l'équipe d'Obsidian Entertainment ne s'est pas vraiment foulée pour proposer une interface digne de ce nom. Une bonne heure n'est pas de trop pour parfaitement ingérer les listes de sorts, de compétences et de techniques nécessaires pour les employer dans la précieuse barre des raccourcis qui vous évitera de perdre un temps fou.

Epée vorpale +5, Harnois +3 de froid et autres détails techniques

Certains dialogues sont mis en scène comme dans un certain KOTOR.

Tout jeu de rôle commence par un évènement ô combien attendu par des joueurs fébriles : la création de personnage. Et là, tirons notre casque d'infravision aux développeurs. Non contents de respecter à la lettre l'univers des royaumes oubliés où se déroule l'épopée en proposant toutes les races et peuples présents (elfes du soleil, extraplanaires ou Svirfneblins), ils n'ont pas hésité à rajouter des tonnes de dons, compétences et sorts développés dans de nouveaux suppléments sortis pour le jeu de rôle sur table. Cela fait plaisir de voir que les règles originales sont respectées et adaptées à notre support favori. Ensuite, les bonnes surprises semblent s'enchaîner une fois nez à nez avec la bête. En effet, la qualité du moteur graphique est bonne et agit comme une fontaine de jouvence pour un jeu qui commençait à dater graphiquement : les textures sont complètement remaniées et jouer à la poupée avec son personnage devient un vrai plaisir étant donnée de la qualité graphique des armures à notre disposition. Le seul bémol constitue la disparition des portraits au profit d'une simple capture de la tête du personnage. La qualité de cette dernière étant relative, cela reste supportable mais rend le phénomène du clonage assez fréquent. L'autre point fort de Neverwinter Nights, son formidable système de jeu en ligne, est bel et bien présent. Il apporte toujours autant de plaisir grâce à des parties complètement personnalisables par le biais d'un maître de jeu. Le plaisir solitaire n'est pas en reste, car même si le jeu souffre d'une certaine linéarité et d'un scénario effarant d'originalité, la campagne officielle est de longue haleine et vous captivera pendant des dizaines d'heures. A noter, que suite à leur travail sur KOTOR II, les développeurs se sont atteler à retranscrire par petites touches le système d'alignement propre à Donjons et Dragons. Ainsi, il est possible d'être un immonde individu et d'essayer de commettre les pires exactions aussi bien morales que physiques. Mais attention à la compatibilité de votre personnage et du reste de votre groupe car tout le monde n'apprécie pas de voir des innocents massacrés.

Nouvelle édition ou réedition ?

L'Aurora Toolset, bien que plus ardu à prendre en main, offre beaucoup de possibilités.

Hélas, tout n'est pas rose au pays des paladins remplis de bonnes intentions et des dragons garnis de trésors. Tout d'abord, le manque de finition ennuie, irrite et finit même par gêner le jeu. Avoir des problèmes de traduction, ça arrive même aux meilleurs. Des voix passant de la VF à la VO, cela peut être dû à une erreur de fichiers. Mais quand un bug vous empêche de progresser dans l'aventure, il y a de quoi se poser des questions quand à la réelle bonne foi du marketing. Des patchs sont déjà mis en oeuvre et ne nécessitent qu'une paire de clics pour corriger la plupart des problèmes. Mais, dans ces conditions, pourquoi ne pas se demander si la prochaine fois, nous n'aurons pas directement le droit à la bêta du jeu... Dans un autre registre, la nouvelle version de l'Aurora Toolset risque de faire grincer des dents car là où une mise à jour aurait été de très bon goût, l'éditeur de niveau a complètement été remanié pour les nouveaux besoins du jeu et du moteur graphique. Ainsi, pour pouvoir créer votre propre module, vous allez devoir explorer les bas-fonds d'Internet afin de mettre la main sur des tutoriels faits pas des âmes charitables comme vous l'avez déjà effectué quelques années auparavant. Précisons également, que le jeu n'est pas accessible à toutes les machines et qu'une bête de course est nécessaire pour profiter pleinement du nouveau moteur graphique. Chose regrettable étant donné qu'en fin de compte, il ne s'avère pas si ultime que ça et que, encore une fois, la finition aurait pu être plus exigeante afin d'en faire profiter un maximum de joueurs.
Les Plus
  • Le multijoueur toujours diablement efficace
  • Un lifting graphique qui dépoussière le jeu
  • Une campagne solo longue et haletante
  • Un personnage à personnaliser aux petits oignons
Les Moins
  • Des bugs, des bugs et encore des bugs !
  • L'éditeur du jeu qui aurait mérité une plus grande accessibilité aux créateurs en herbes
  • Un scénario trop linéaire qui ne fait pas dans la dentelle
  • La désagréable impression d'avoir payé une grosse mise à jour 60 euros
Résultat

Pour ne pas décevoir les cohortes d'adeptes de l'un des plus gros succès commerciaux du jeu de rôle sur ordinateur, Obsidian Entertainment n'a hélas pas mis les bouchées doubles et s'est tranquillement appuyé sur ce qui avait fait le succès du premier épisode, à savoir un jeu de rôle "boîte à outils" renforcé par un puissant mode multijoueur et une grande possibilité de personnalisation de son avatar rôlistique. Il est donc regrettable de se retrouver face à une mise à niveau graphique et technique sans renouvèlement véritable du génie mise en oeuvre pour l'original. Comment ne pas craindre qu'après KOTOR II Obsidian Entertainment finisse par se spécialiser dans les suites de jeux à succès ?

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