Six est bon comme ça
Revenir aux sources, continuer sur sa lancée, révolutionner la licence ? Voilà un choix presque cornélien pour un éditeur tel qu'Ubisoft lorsqu'il doit faire face à la déjà douzième itération de l'une des séries les plus emblématiques de son écurie. À bien y réfléchir, en piochant astucieusement dans ces trois options, ce Far Cry 6 donne l'impression que le choix n'a pas été fait. Et c'était sans doute la meilleure solution.
L'histoire
Population opprimée, dirigeant cruel et guérilla au taquet, on ne peut pas vraiment dire que Far Cry 6 ait choisi la voie de l'originalité. Il reprend le leitmotiv de la série depuis de nombreuses années en se permettant même un retour aux sources avec son environnement insulaire et son ambiance tropicale. Bienvenue dans un Far Cry "à la cubaine" !
Comme de coutume, le scénario tire son épingle du jeu grâce à un méchant charismatique à souhait. Après les Vaas, Pagan et Joseph, c'est donc au tour d'Anton de semer le trouble dans nos esprits. Incarné par l'acteur Giancarlo Esposito (le génial Gustavo Fring de Breaking Bad), ce personnage apporte une dimension et une profondeur certaines à votre expérience de jeu, si bien que vous n'avez qu'une seule obsession : lui régler son compte. Mais avant ça, il va falloir passer par de nombreuses étapes, toutes aussi savoureuses les unes que les autres.
* Notez que vous pouvez choisir entre un héros ou une héroïne.
Le principe
Un découpage de la carte habituel, en régions, mais n'hésitez pas à faire du tourisme.
Far Cry 6 apporte tout de même son lot de nouveautés. La plus frappante : le personnage que vous incarnez peut dorénavant parler mais également se montrer lors des cinématiques et des visites de camps de base alliés (le jeu passe alors en vue à la troisième personne). Mine de rien, cette nouveauté confère beaucoup de relief à votre implication dans l'aventure et permet un attachement non négligeable au héros. Il faut avouer qu'un rebelle muet, ce n'est pas ce qu'il y a de plus convaincant, n'est-ce pas ?
Autres ajouts de ce sixième volet : une barre de santé au dessus des ennemis mais surtout leur vulnérabilité différente selon le type de balles utilisées. Vous aurez ainsi le choix entre privilégier les munitions adaptées à votre adversaire ou vider frénétiquement votre chargeur sur lui – à la Rambo – pour en venir à bout. Côté RPG, exit l'arbre de compétences sans doute jugé trop complexe au profit d'un dressing boostant vos capacités, notamment lorsque les différentes parties d'une panoplie sont réunies.
Le multi
Le cheval : le moyen de transport idéal pour apprécier la densité de cet univers.
Pour qui ?
Attention à vos baignades, même en piscine...
L'anecdote
Vous aussi, vous allez craquer à la première léchouille.
- Toujours aussi fun et efficace
- Un terrain de jeu vaste, dense et très généreux
- Un méchant charismatique qui n'a pas à rougir face à ses prédécesseurs
- Des personnages secondaires hauts en couleur
- Le choix entre l'approche musclée ou subtile
- C'est de toute beauté !
- Chorizo est un amour
- Pas de véritables surprises
- Un scénario qui ne casserait même pas deux pattes à un Chorizo
- L'intelligence artificielle est parfois (souvent ?) aux fraises
C'est vrai, Far Cry 6 ne fait "que" resservir la recette habituelle. Mais cette recette est éprouvée et n'en reste pas moins savoureuse. C'est beau, c'est grand, c'est dense, c'est efficace, sa grande générosité ludique lui permet de séduire néophytes comme aficionados. L'ambiance tropicale fait mouche, la profondeur de certaines séquences du scénario, souvent violent, parvient à côtoyer une légèreté générale et une dose de fun plutôt réjouissantes, ce qui n'est pourtant pas si simple à gérer. Bref, Far Cry 6 est un peu comme votre dessert préféré : vous savez très bien à quoi vous attendre mais vous ne pouvez pas vous empêcher d'apprécier goulûment chaque bouchée.