Il était une fois un surhomme
- Éditeur Arte Interactif
- Développeur La Belle Games
- Sortie initiale 2 juil. 2020
- Genre Aventure
Quand le plus beau de tous les romans fantastiques a le droit à sa version vidéoludique, on se dit « OK pourquoi pas ? ». Des adaptations en tout genre l'ont déjà tellement égratigné et gâché que le jeu vidéo est tout aussi légitime pour venir mettre ses conventions indigestes sur la plus pure des œuvres. Puis lorsque le jeu se lance et que la liste des partenaires financiers apparaît (Arte, CNC, Région Île-de-France) la confiance revient et, qui sait, ce Frankenstein nous réservera peut-être quelques belles surprises.
L'histoire
Le récit se concentre exclusivement sur la créature, son créateur reste un leitmotiv constant en toile de fond pour faire avancer l'histoire : qui va du besoin de rencontrer le père jusqu'au désir de vengeance... La créature donc, de ses premiers pas, aux premiers sons jusqu'au goût de la nourriture. Puis la découverte du monde qui l'ignore, qui le chasse, impossible réconciliation. Les principaux événements du récit sont là : le rejet des hommes, son apprentissage planqué auprès d'une famille de paysans... Mais de manière très intéressante le jeu se permet aussi quelques magnifiques écarts de conduite : oubliez les ambiances glaciales du roman puisque la partition se joue au printemps et s'achève sur de magnifiques îles, et la créature aura aussi ses élans démiurgiques en voulant se créer sa bien-aimée...
Le principe
Visuellement fantastique.
Le jeu, afin de renforcer cette empathie, utilise une débauche d'effets qui sont simplement à tomber par terre et qui font partie intégrante de la narration. Les couleurs pastel, les textures de peinture qui renforcent l'intensité des paysages, la profondeur dans une juxtaposition de plans mouvants du plus bel effet. Puis la musique, quel enchantement, quel ravissement, à certains moments l'écran se fige et vous n'entendez plus qu'elle.
Le plus génial reste quand même tous ces moments où le jeu vous donne l'illusion d'un choix dans un dialogue, dans une attitude, dans la création ou dans l'intensité d'une pression... Sans rien divulgâcher, mais quand même un peu alors ne lisez plus : sachez que cela se solde toujours par l'échec. Le joueur se sent alors coupable d'avoir été trop brusque, trop mauvais, pas à la hauteur... et c'est dans ces échanges manqués, dans ces maladresses que l'implication du joueur mis à mal est la plus forte. L'empathie qui se crée se fait par l'échec, la colère, le pessimisme. Le joueur ressent toute la détresse, toute la douleur de la créature et c'est terriblement pessimiste, dérangeant mais ce sont des moments tellement géniaux, tellement brillants de jeu vidéo qu'on en sort ému, tout retourné.
Pour qui ?
De la culture et de l'éducation...
Puis les amateurs de jeux vidéo et notamment ceux qui s'intéressent tout particulièrement à la narration devraient y jeter un coup d'œil. Le rapport qui s'installe entre la créature et le joueur est à ce point réussi, à ce point troublant qu'il renvoie par instants à des sensations dignes d'un Silent Hill 2.
L'anecdote
Une aventure très littéraire.
- Artistiquement incroyable
- Respect et fidélité de l'œuvre écrite
- L'expérience joueur/créature incroyablement rendue
- RAS
Quel jeu immense ! Graphiquement et musicalement époustouflants, les rapports joueur/créature sont étourdissants et vous feront vivre comme rarement les joies, les colères, les détresses de cette créature qui ne demande qu'à aimer et être aimée. Magnifique.