L'aventure omnisciente
- Éditeur THQ Nordic
- Développeur Mimimi Productions
- Sortie initiale 16 juin 2020
- Genre Stratégie temps-réel
Il y a 20 ans sortait l'excellent Desperados et c'est avec tendresse et beaucoup d'émotion que l'on est ravi de savoir qu'il nous revient sous les meilleurs auspices. Une licence qui a beaucoup souffert se retrouve enfin entre les mains bienveillantes du studio Mimimi à qui l'on doit l'énorme Shadow Tactics. Cependant les cowboys c'est autrement moins discret que les ninjas et on espère que Desperados a gardé un peu de son impertinence.
L'histoire
Si le jeu vous propose un voyage d'une belle diversité à travers les territoires Américains, il en est autrement de son histoire très académique, qui se réfugie derrière une caméra en vue isométrique qui confère à la mise en scène peu d'entrain. Ses cinématiques soignées finissent par ennuyer et les histoires redondantes ne marqueront pas les esprits, alors même qu'elle fait des efforts dingues d'écriture.
Reste les décors fantastiques et des personnages attachants : archétypes cinématographiques vus et revus mais qui sont ici sublimés. Même si après 20 ans on était en droit de s'attendre à un enrobage graphique de folie, le titre s'en sort bien mais n'éblouit jamais, c'est joli, toujours de bon goût mais pas démentiel.
Le principe
Cinématiques soporifiques.
Desperados a la particularité de proposer des cartes énormes qui donnent la parfaite illusion de lieux bac à sable où le joueur s'imagine sans doute se balader comme il l'entend. Il n'en est rien, Desperados est fourbe dans sa démarche. Si les cartes sont démesurément grandes et s'apparentent à des mondes ouverts, il s'agit essentiellement d'un puzzle game où chaque recoin d'un niveau possède sa mécanique, son propre casse-tête pour éliminer (ou pas) les ennemis sans se faire repérer.
Si les objectifs sont divers : libérer des otages, faire exploser, éliminer, récupérer du matériel... les moyens pour y parvenir sont toujours les mêmes : l'observation fine, minutieuse du parcours des ennemis et de la portée de leur champ de vision, conjuguée à une connaissance parfaite des niveaux et de ses moindres recoins.
Patience et abnégation seront les qualités dont vous aurez besoin puisque chaque avancée procède du tâtonnement : y aller au culot pour voir la réaction des ennemis ou si la stratégie mise au point fonctionne. Les échecs seront nombreux, terminer chaque niveau la première fois vous prendra au bas mot deux heures, vous allez finir les niveaux éreinté, sur les rotules. Ce n'est pas tant dû à la difficulté, mais à des mécaniques retorses et une proposition ludique d'un autre âge qu'une jouabilité étouffante n'aide malheureusement pas à assouplir.
La jouabilité
Là c'est mal barré !
Dans Desperados III vous allez utiliser les capacités de vos héros pour progresser dans les niveaux et résoudre les parcelles d'énigmes qu'ils vous réservent. Ce ne sont pas des mouvements ou des attitudes naturelles mais bien un nombre de figures imposées que vous devez utiliser ou conjuguer pour réussir. Plus que jamais le système de pause tactique, emblématique de la série, se révèle ici d'une importance cruciale et il faudra apprendre à le maîtriser à la mesure près afin de gagner un temps précieux dans les niveaux, sinon vous serez livré à une errance certaine.
Pause tactique, durant laquelle vous pouvez programmer un certain nombre d'actions que vos personnages exécuteront dès lors que vous leur en donnerez l'ordre. Parmi ces actions, les capacités propres de vos personnages. Sans trop vous en dévoiler en voici quand même quelques-unes : John Cooper possède son lancer de pièce pour distraire les gardes, Hector son énorme piège à ours, le Doc un fusil sniper, Kate se déguise pour se promener à sa guise, et Isabelle Moreau, la petite nouvelle, qui grâce à son vaudou peut prendre possession d'un adversaire. Tout à la fois dans la tradition mais aussi en se permettant une petite incartade mystique, Mimimi réalise un sans faute qu'on ne peut que saluer. Surtout que le jeu garde une lisibilité sans faille avec ses multiples marqueurs de champs de vision, ses points d'intérêt en surbrillance et ses ennemis parfaitement identifiés.
Pour qui ?
L'une des très bonnes idées du jeu.
L'anecdote
Des objectifs pour la manche suivante.
- Une jouabilité parfaite...
- Le bonheur de retrouver la licence comme dans nos souvenirs
- Les objectifs pour le deuxième run
- Les replays de fin de niveaux
- ... comme il y a 20 ans
- Graphiquement faiblard
- Cinématiques et narrations peu valorisées
Desperados III est un grand jeu qui propose un challenge à la hauteur et joue les gammes de l'infiltration tactique à la perfection. Cependant l'investissement qu'il demande mérite une mise en garde : l'univers est attrayant, mais la jouabilité et le rythme d'un autre temps alourdissent et contraignent le joueur jusqu'à la rééducation qui se fait parfois dans la douleur. L'impression est désagréable mais la satisfaction est à la hauteur.